BIAUGEAUD Joseph

Par Justinien Raymond

Né le 21 juillet 1882 à Angoisse (Dordogne), mort le 8 juillet 1965 à Bordeaux (Gironde) ; militant socialiste, puis communiste.

Fils de cultivateurs, au sortir de l’école primaire, Joseph Biaugeaud entra comme petit employé dans une importante maison d’alimentation parisienne. Son intelligence, son ardeur au travail lui permirent de faire une excellente carrière dans la branche de commerce où il était entré. Il fut tour à tour employé d’alimentation, puis voyageur, puis commissionnaire en marchandises.
Il était d’une famille modeste où l’on professait de solides convictions démocratiques : son père, métayer, était devenu employé des chemins de fer. Il adhéra en 1902 au Parti socialiste, Fédération de la Dordogne, et, après avoir accompli de 1903 à 1906 son service militaire à Limoges puis à Tulle, il fut candidat aux élections législatives de 1910 dans la 2e circonscription de Périgueux.
Il se fixa ensuite dans le département de la Corrèze, à Tulle, où il créa une importante maison de commission pour l’alimentation et où il se maria en 1913. Il épousa une institutrice, Mlle Dichamp, qui s’était signalée, malgré son jeune âge, pour la part importante qu’elle avait prise au reboisement du plateau de Millevaches, entrepris à partir de 1913, et qui partagea ses convictions politiques et pendant toute sa vie fut pour lui une compagne dévouée.
Il reprit dans la Corrèze l’action socialiste menée dans la Dordogne. Candidat aux élections municipales en mai 1912, il fut élu conseiller municipal de Tulle au deuxième tour avec trois autres candidats sur une liste formée par les partis attachés à la proportionnelle contre la liste du conseil municipal sortant, radicale, attachée au scrutin majoritaire. En 1913, il fut élu secrétaire fédéral adjoint de la Fédération de la Corrèze. Il fut candidat au conseil d’arr. dans le canton de Tulle Sud.
J. Biaugeaud fit la guerre de 1914-1918 et revint avec la médaille militaire et la croix de guerre.
Il poursuivit ensuite son action militante, d’abord au Parti socialiste - il fut tête de liste aux élections municipales du 30 novembre 1919, mais ne fut pas élu - puis, après le congrès de Tours où il fut délégué et assesseur le 27 décembre 1920, au Parti communiste dont il fut un des animateurs les plus actifs dans le département de la Corrèze et, dès 1921, à l’issue du congrès de Bugeat, le 30 janvier, il appartint au comité directeur du PC pour la Corrèze (voir M. Vazeilles*) et fut élu secrétaire adjoint. Propagandiste habile, s’exprimant avec aisance, il avait un parler simple, bon enfant, lui permettant d’atteindre facilement son auditoire. Il écrivait avec la même aisance et, de 1913 à 1939, nombreux sont les articles qu’il a donnés au Travailleur de la Corrèze, au Travailleur du Centre-Ouest et au Travailleur de la Corrèze, reconstitué en 1935.
En 1930, il était secrétaire adjoint du rayon de Tulle, A. Perrier étant secrétaire et Neyrat trésorier. Deux ans plus tard il était trésorier, M. Vazeilles étant secrétaire général, Guasson secrétaire adjoint et Plas trésorier adjoint.
En mai 1936, candidat aux élections législatives dans la circonscription de Tulle-Sud, il obtint 13 % des électeurs inscrits ; il se désista au second tour pour le candidat socialiste Peschadour.
Aux élections cantonales de 1938, il fut candidat au conseil général dans le canton de Saint-Privat, pays de sa femme. Il arriva en tête au premier tour, mais, au second, ne put triompher de la coalition des candidats « bourgeois ».
Il fut arrêté après la signature du Pacte germano-soviétique, à la suite de la diffusion d’un numéro clandestin du Travailleur de la Corrèze. « Je fus sidéré », déclara-t-il au juge d’instruction, à la nouvelle de la signature du Pacte. Mais il ne renia pas l’action de son parti et supporta avec crânerie les avanies d’une foule hostile, tandis qu’on le conduisait au tribunal. Le 4 octobre 1939, il fut condamné à six mois de prison et 6 000 F d’amende.
Son fils Jacques, qui se présentait comme membre du Parti populaire français et comme secrétaire régional de la fédération des groupements corporatifs français, écrivit souvent au ministre de l’Intérieur pour que les sanctions contre son père soient annulées. Il rappelait que son père, représentant d’une maison allemande de matériel pour conserves, avait toujours été partisan « de l’entente avec le grand peuple d’outre-Rhin ». Assigné à résidence, dès la déclaration de la guerre, près de Rioms-es-Montagne (Cantal), Joseph Biaugeaud, interné au centre de séjour surveillé de Saint-Paul-d’Eyjeaux (Haute-Vienne), fut transporté en Algérie au camp de Djelfa puis, le 2 mars 1941, de Bossuet jusqu’au débarquement allié de novembre 1942. Sa femme, institutrice à Tulle, fut déplacée d’office, et envoyée à Tarnac dans une petite commune de la montagne limousine. Malade, elle dut prendre une retraite anticipée. Sa femme, institutrice à Tulle, fut déplacée d’office, et envoyée à Tarnac dans une petite commune de la montagne limousine. Malade, elle dut prendre une retraite anticipée.
Biaugeaud revint à Tulle en novembre 1945. Mais il avait dû vendre sa maison, liquider son affaire de commission. Il se créa une situation à Bordeaux et reprit son action militante dans la mesure où son âge le lui permettait.
Depuis le temps où il participait aux congrès de Tours et de Marseille jusqu’à sa mort, Biaugeaud n’a cessé de manifester un attachement au communisme. En mars 1963, il assistait à la vente du « Livre marxiste » et André Wurmser lui a consacré quelques jours après dans l’Humanité un billet sous le titre « Mais planter à cet âge » que nous n’hésitons pas à citer, car, malgré sa forme plaisante, il est un hommage à l’action militante menée par Biaugeaud tout au long de sa vie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16661, notice BIAUGEAUD Joseph par Justinien Raymond, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 26 avril 2023.

Par Justinien Raymond

SOURCES : Arch. Nat. F7/13120, 13621, F60/1491. —. — Le Travailleur de la Corrèze, 6 février 1921. — Le Travailleur du Centre-Ouest, 4 avril 1936. — A. Moine, Déportation et Résistance en Afrique du Nord, op. cit. — Ph. Hanen, Le PC et la SFIO en Corrèze (1934-1939), op. cit. (mémoire de maîtrise). — Notes der Jacques Girault.

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