BIDAULT Jean

Par Julien Mischi

Né le 29 février 1920 à Estivareilles (Allier), mort le 15 mars 2017 à Montluçon (Allier) ; technicien chimiste, employé puis cadre de direction à la sécurité sociale ; militant communiste et syndicaliste CGT de l’Allier ; membre du comité fédéral du PCF de l’Allier (1945-1965), secrétaire fédéral (1950-1954), secrétaire de la section du PCF de Montluçon (1945-1965), conseiller municipal de Montluçon (1947-1965 ; 1983-1989), responsable départemental du Mouvement de la Paix (1950-1958).

En décembre 2006
En décembre 2006

Le père de Jean Bidault était artisan cordonnier dans la commune où il avait succédé dans cette profession à son père. La famille exploitait en plus quelques ares de terre et de vigne dont la production servait à la consommation familiale (blé, légumes, céréales, vin). Le père de Jean Bidault exerça également pendant quelques années l’emploi de secrétaire de mairie et tenait la recette buraliste. Il était ancien combattant de la Première Guerre mondiale et pensionné de guerre. Sa mère, issue d’une famille de petits exploitants agricoles, aidait son mari dans l’ensemble de ses tâches. Les parents de Jean Bidault étaient à l’origine sympathisants socialistes puis communistes après la Libération. En octobre 1932, à la sortie de l’école primaire d’Estivareilles où il obtint le certificat d’études primaires, Jean Bidault entra au cours complémentaire Jean Jaurès, rue des Conches à Montluçon (Allier). Après quatre années d’études, il obtint le brevet élémentaire en juillet 1936. Il connut une période de neuf mois de petits boulots puis fut embauché le 1er avril 1937 en qualité d’employé de laboratoire, et devint chimiste à la Station d’essais du comité central des Houillères de France, aux Ilets, à Montluçon. Militant aux Jeunesses communistes depuis 1936, il rejoignit dès sa prise de fonction le mouvement syndical en adhérant à la CGT. C’est dans cette entreprise qu’il connut Suzanne Turcat en 1939. Le mariage eut lieu le 19 octobre 1940. Employée issue d’une famille de sympathisants communistes, Suzanne Bidault fut une dirigeante départementale de l’Union des femmes françaises et du Parti communiste français.
Sous l’impulsion du militant communiste de Désertines (Allier), Anatole Desgranges, Jean Bidault adhéra au PCF en 1942, en pleine clandestinité. À partir de la fin de l’année 1942, il diffusa, avec son épouse, du matériel de propagande en liaison avec le groupe Francs-tireurs partisans français du camp du 14 juillet. Il participa à de nombreuses actions de résistance et à la libération de Montluçon en tant que responsable du groupe de milices patriotiques d’entreprise de son usine chimique, groupe appartenant à la première compagnie des milices patriotiques et composé de huit membres. Secrétaire adjoint du conseil départemental des milices patriotiques dès la Libération, il était adjoint à la dissolution des milices patriotiques le 29 octobre 1944. À ce titre, il rédigea et diffusa l’ordre de mobilisation générale pour les combats de la libération de Montluçon du 20 au 25 août 1944. Après la guerre, il poursuivit son militantisme politique et syndical au sein de la station d’essais des Charbonnages de France. À la Libération, la Station d’essais devint en effet, avec la nationalisation des mines, la Station d’essais du CERCHAR (Centre d’Etudes et de Recherches des Charbonnages de France). Jean Bidault fut secrétaire de la section syndicale CGT du CERCHAR à partir de 1945. Du fait du manque de cadres locaux, il se retrouva directement à la sortie de la guerre secrétaire de la section du PCF de Montluçon et membre du comité fédéral. Déportés ou prisonniers, les militants d’avant-guerre étaient absents de la ville. Non ouvrier et adhérent de fraîche date, il eut cependant des difficultés pour s’imposer à la tête de la section la plus importante du département. Il fut chargé de la préparation des premières élections municipales en avril 1945 et de l’organisation du PCF dans la ville ouvrière. La section de Montluçon n’ayant pas de représentant au bureau fédéral, il fut coopté en 1947, après avoir suivi une école fédérale en 1946, pour participer aux activités de l’instance départementale du PCF.
Jean Bidault suivit également en 1948 une école centrale réservée aux élus municipaux. Il était en effet responsable du groupe municipal communiste de la ville de Montluçon depuis son élection comme conseiller municipal en avril 1947. Le groupe communiste, qui était le plus important, comptait alors treize élus sur un total de trente et un conseillers. Le vote négatif des groupes communiste et gaulliste contre les comptes administratifs entraîna la dissolution du conseil municipal et une élection municipale partielle en 1950. Jean Bidault fut alors élu adjoint au maire socialiste André Southon* tout en siégeant sur les bancs de l’opposition. En 1953, il conduisit la liste du PCF qui obtint 12 élus contre 14 pour celle du socialiste André Southon et 3 pour celle du MRP Maurice Brun. Il fut en 1959 le seul élu communiste de la liste qu’il conduisit pour le scrutin municipal, l’élection ne se déroulant plus à la proportionnelle. Durant ces trois mandats successifs, il participa plus particulièrement à la commission des finances.
En 1950, Jean Bidault fut désigné pour participer au secrétariat fédéral du PCF où il resta trois années et fut chargé à la fois des élus communistes et des problèmes de la paix. L’Humanité du 19 avril 1951 consacra un article à un « attentat » à l’arme à feu contre son immeuble. Il fut le responsable départemental du Mouvement de la paix de 1950 à 1958 et membre du comité national de l’organisation pacifiste. À ce titre, il fut poursuivi en justice suite à la manifestation du 28 mai 1952 à Montluçon contre la venue en France du général américain Ridway, manifestation violente qui fit soixante-douze blessés et conduisit à l’inculpation de vingt-sept organisateurs dont Robert Lamoureux*, maire de Désertines (Allier), et Raymond Grand* qui avait publié des appels à manifester dans le journal communiste Valmy. Du fait de ses fonctions au Mouvement de la Paix et de la rédaction d’articles appelant à la manifestation dans le journal Valmy, Jean Bidault fut condamné à quinze jours de prison avec sursis, puis à un mois et demi de prison.
L’entreprise chimique où Jean Bidault travaillait quitta Montluçon en mai-juin 1950 pour s’installer à Verneuil (Oise). Sans travail, rejeté de toutes les usines à cause de son activité politique, il entra le 24 mai 1950 à la caisse primaire de sécurité sociale de Montluçon, après avoir réussi un concours d’agent visiteur des assurés sociaux en arrêt de travail. Il occupa cette activité pendant environ deux mois, avant d’intégrer les services intérieurs de la caisse. Il milita au syndicat des employés CGT, fut secrétaire de section syndicale de la sécurité sociale et délégué du personnel. Il s’occupa également de la cellule d’entreprise du PCF de la sécurité sociale, cellule qui était rattachée à la section vieille-ville de Montluçon. Invité du gouvernement roumain et sur la recommandation du comité central du PCF, Jean Bidault passa un mois en Roumanie durant l’année 1955 au sein d’une délégation nationale. Il eut des responsabilités au bureau fédéral jusqu’en 1958, puis quitta le comité fédéral en octobre 1965 après avoir été battu lors des élections municipales alors qu’il conduisait une nouvelle et dernière fois la liste du PCF à Montluçon. Après 1965, Jean Bidault cessa toute activité politique à la fois du fait de divergences avec la politique nationale du PCF, mais aussi pour s’occuper de sa carrière professionnelle après vingt années de militantisme intensif. Il quitta donc en 1965 la tête de la section du PCF de Montluçon dont il était le responsable depuis la Libération, tout en restant membre du PCF.
Travaillant toujours à la sécurité sociale et suivant la formation de cet organisme, Jean Bidault devint technicien de la législation de l’assurance maladie. Admis sur concours à la formation des cadres des organismes de sécurité sociale en mai 1964, le succès à celle-ci le conduisit au poste d’agent de maîtrise en janvier 1966 puis de chef de section au centre de Montluçon l’année suivante. Il fut ensuite admis au concours d’entrée du Centre national d’études supérieures de la sécurité sociale, et y suivit une scolarité de dix-huit mois à Paris. Il en sortit le 16 octobre 1968 nommé chef de service au siège de la caisse primaire d’assurance maladie de l’Allier à Moulins. Il termina sa carrière professionnelle en accédant au poste de directeur adjoint de la caisse primaire d’assurance maladie de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) en novembre 1977. Il prit sa retraite le 1er novembre 1980.
De retour à Montluçon, Jean Bidault reprit contact avec le maire communiste Pierre Goldberg qui en fit son adjoint aux affaires économiques en 1983. Il entra rapidement en conflit avec Pierre Goldberg notamment sur sa politique budgétaire et d’organisation municipale. Après de nombreuses discussions avec la direction fédérale du PCF de l’Allier, il démissionna de son poste d’adjoint au maire en 1984 tout en restant conseiller municipal. En juin 1986, Jean Bidault fut signataire de l’appel dit "des 93", regroupant des militants communistes de la région montluçonnaise qui exprimaient leur désapprobation vis à vis de la direction nationale du PCF. Après avoir quitté le PCF et signé une pétition demandant le départ de Georges Marchais, il appela à voter Pierre Juquin lors des élections présidentielles de 1988. Lors du scrutin municipal de 1989, il figura en dernière position (33ème position) sur la liste conduite par l’ancien communiste Jacky Flouzat qui mit en ballottage la liste du PCF en obtenant 13 % des voix. Militant de l’Association nationale des anciens combattants de la résistance (ANACR), Jean Bidault fit partie de son comité départemental et reçut la croix de chevalier de la Légion d’honneur en novembre 1982.
Suzanne et Jean Bidault eurent deux enfants : un fils né en février 1944 devenu professeur agrégé de Lettres au lycée Madame de Staël (Montluçon) et une fille devenue cadre, de niveau chef de service à Radio-France (Paris).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16668, notice BIDAULT Jean par Julien Mischi, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 9 janvier 2019.

Par Julien Mischi

Jean et Suzanne Bidault lors de leur mariage, le 19 octobre 1940
Jean et Suzanne Bidault lors de leur mariage, le 19 octobre 1940
En décembre 2006
En décembre 2006
Le couple le 20 octobre 2010
Le couple le 20 octobre 2010
Photos communiquées par Michèle Bidault van Tongeren

ŒUVRE : Suzanne et Jean Bidault, La manifestation du 6 janvier 1943, Montluçon, ANACR, 67p.

SOURCES : Archives de la fédération du PCF de l’Allier. — Le Patriote-Valmy, 29 mai 1952. — Bourbonnais-Hebdo, n° 236 du 10 au 16 novembre 1982. — Renseignements communiqués par l’intéressé. — Notes de sa fille Michèle Bidault van Tongeren.

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