BROGNIEZ Samuel.

Par Jean-Louis Delaet

Farciennes (pr. Hainaut, arr. Charleroi), 30 mai 1885 – Presles (aujourd’hui commune d’Aiseau-Presles, pr. Hainaut, arr. Charleroi), 4 juin 1945. Bourgmestre socialiste de Farciennes, résistant.

Samuel Brogniez n’a pas vingt ans lorsqu’il adhère à la Croix bleue, organisme antialcoolique, à une époque où les assommoirs font des ravages parmi la classe ouvrière. Il est nommé bourgmestre de Farciennes en 1939. La guerre éclate. Dès 1939, il crée Le Soutien, œuvre de secours aux mobilisés de la commune, qui devient plus tard le Comité d’aide aux prisonniers farciennois. Un comité de secours fonctionne depuis le 2 juin 1940 sous la présidence de Samuel Brogniez qui devient le secrétaire du Comité régional de secours groupant tous les bourgmestres de l’arrondissement de Charleroi. Il publie pas moins de 157 circulaires distribuées à la population car il ne veut pas se servir de la presse contrôlée par les Allemands pour informer les habitants de la commune.

Le 17 octobre 1940, l’Œuvre du Coin de terre que Samuel Brogniez préside est installée officiellement et il lance la formule : « chacun son are de terrain à Farciennes, ou ailleurs, chacun son are ». Le Coin de terre a pour but de mettre tout en œuvre pour apporter une solution à l’approvisionnement en pommes de terre, permettre le fonctionnement de la « soupe populaire » et, si possible, organiser une culture communale. Le 10 janvier 1941, Brogniez peut livrer à la culture, 53 hectares, à Farciennes, à Cortil-Noirmont (aujourd’hui commune de Chastre, pr. Brabant wallon, arr. Nivelles) et à Carlsbourg (aujourd’hui commune de Paliseul, pr. Luxembourg, arr. Neufchâteau). Il y a 1.022 chefs de famille inscrits.

Samuel Brogniez crée avec des moyens de fortune une maison de campagne, où 400 enfants séjournent, et ouvre une plaine de jeux.

Le 31 août 1942, Samuel Brogniez est démis de ses fonctions de bourgmestre par la création du grand Charleroi. Il est aussi résistant, agent UNJC 269 A du service Luc-Marc qui reçoit ses instructions de Londres. Il crée à Farciennes une section de Solidarité et du Front de l’indépendance, et organise la distribution de la presse clandestine. Samuel Brogniez est arrêté trois fois par les Allemands, la première fois en avril 1941 parce qu’il a refusé de faire afficher un avis de l’Office du travail ; il reste emprisonné pendant une quinzaine de jours. Lors de la création du grand Charleroi, il écrit, comme bourgmestre, une lettre ouverte, largement diffusée, adressée aux secrétaires généraux.

Cette fière attitude attire sur sa personne l’attention hargneuse de l’ennemi et chaque fois qu’il est procédé à des levées d’otages, Samuel Brogniez est parmi les premiers arrêtés. Il subit à deux reprises encore les duretés de l’incarcération. En octobre 1942, il est emprisonné à la forteresse de Huy (pr. Liège, arr. Huy). Il est pris une troisième fois en juin 1944, mais, libéré le 21 juillet, il prend le maquis. Le 18 août 1944, les rexistes, ne pouvant s’emparer de lui, saccagent sa maison et arrêtent son frère Charles, commissaire de police à Fontaine-l’Évêque (pr. Hainaut, arr. Charleroi), assassiné par la suite à Courcelles (pr. Hainaut, arr. Charleroi). Cette activité patriotique lui vaut la médaille d’argent de la reconnaissance belge qui lui est décernée à titre posthume : Samuel Brogniez est décédé en juin 1945.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article166699, notice BROGNIEZ Samuel. par Jean-Louis Delaet, version mise en ligne le 16 octobre 2014, dernière modification le 13 décembre 2019.

Par Jean-Louis Delaet

SOURCES : Journal de Charleroi, 8 juin 1945 – Notes de Léon Allard, 6060 Gilly.

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