JAGUIN Jean, Maurice

Par Annie Pennetier, complétée par Michel Thébault

Né le 21 octobre 1926 à Créteil (Seine, Val-de-Marne), fusillé le 18 novembre 1943 au polygone de Bourges (Cher) ; résistant de Créteil, maquisard de Creuse et de Corrèze.

Jean Jaguin
Jean Jaguin
Collection Christian Baumgarth

Fils de Roger Jaguin, serrurier né à Saint-Maur-des-Fossés, et de Gilberte Lardy, maroquinière, née à Créteil, Jean Jaguin demeurait au 6 cour de la Plaine dans le centre du village.
Paul De Ronne, résistant du Front national, créateur de la section de Créteil, sollicité par Georges Pouget, fit appel aux jeunes cristoliens en février 1943 en vue d’opérations d’envergure ; parmi les jeunes recrues figuraient Jean Jaguin et Robert Legeay. Jugés aptes à rejoindre le maquis, début juillet 1943, ils cherchèrent à rejoindre, via La Souterraine (Creuse), un maquis de Corrèze.
Dans le même temps le comité militaire régional des FTPF de la région Indre et Creuse, constitué d’Adrien Duqueyroix, commissaire aux effectifs, Charles Sanson commissaire aux opérations et André Coudert commissaire technique cherchait à constituer dans son secteur un maquis pour recevoir et encadrer les jeunes réfractaires. Ils choisirent la région de La Souterraine propice par ses qualités géographiques de boisement et surtout par la présence d’une forte implantation communiste (le PC clandestin y comptait à l’été 1943 plus de 200 membres). A la mi-juin 1943, un maquis fut installé dans le bois de Montautre à la limite de la Haute-Vienne et de la Creuse (entre Fromental, Haute-Vienne et Saint Maurice-la-Souterraine, Creuse). Ce maquis ravitaillé par les Jeunesses communistes locales comptait déjà à la mi-juillet une quarantaine de jeunes maquisards. Début juillet 1943, Jean Jaguin et Robert Legeay le rejoignirent. Les maquisards réussirent de nombreux déraillements sur la voie ferrée stratégique Toulouse-Paris. Le 19 août 1943, les Groupes mobiles de réserve (GMR) attaquèrent et dispersèrent le maquis. Les deux jeunes gens rejoignirent peut-être momentanément un maquis corrézien.
Alors qu’ils revenaient à Créteil, en gare de Vierzon, le 15 octobre 1943, ils furent fouillés, et une arme de poing et des bâtons de dynamite furent découverts dans leur paquetage. Détenus à la prison de Bourges, où sévissait le tortionnaire Pierre Paoli, agent français de la Gestapo, surnommé « le monstre », après des jours de torture, Robert Legeay et Jean Jaguin lâchèrent le nom de leur guide en Résistance. Paul de Ronne et son jeune frère Gaby furent arrêtés par la Gestapo à leur domicile, puis torturés à la prison de Fresnes.
Le 9 novembre 1943, Jean Jaguin et Robert Legeay furent condamnés à mort par le tribunal militaire allemand FK 776 de Bourges pour « détention d’armes et de munition » et fusillés neuf jours plus tard, au lieu-dit Montifaut au polygone de Bourges. Leurs corps ont été inhumés au cimetière Saint-Lazare de Bourges dans le carré des fusillés. Jean avait 17 ans. À Créteil, leur mort déclencha une forte mobilisation, mais en vain.
Le nom de Jean Jaguin figure sur la stèle commémorative des fusillés de Montifaut à Bourges et sur le monument aux morts de Créteil. Par délibération municipale du 8 décembre 1944, une rue de Créteil porte son nom.
Paul et Gaby De Ronne revinrent de déportation en mai et juin 1945.

La mention « Mort pour la France » fut attribuée à Jean Jaguin sur avis du ministère aux Anciens Combattants, en date du 7 octobre 1948.
Il a été homologué interné résistant (DIR), et FFI.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article166764, notice JAGUIN Jean, Maurice par Annie Pennetier, complétée par Michel Thébault, version mise en ligne le 19 octobre 2014, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Annie Pennetier, complétée par Michel Thébault

Jean Jaguin
Jean Jaguin
Collection Christian Baumgarth

SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII 4, Liste S 1744 (Notes de Thomas Pouty) et AC 21P 575463, AC 21P 465035. — SHD, Vincennes, GR 16P 305103. – Créteil en son terroir à travers rues et chemins, « Les Amis de Créteil », 2009. – Témoignage de Paul De Ronne dans Créteil se raconte no 11, juin 2009. – Marc Parrotin Le temps du Maquis, Histoire de la Résistance en Creuse Ed. Verso 1984 et Mémorial de la Résistance creusoise Ed. Verso 2000. — Mémorial GenWeb. – État civil.

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