BIDOUZE Henriette [née SEGUET Henriette, Pierrette, Andrée, dite Ginette]

Par Dominique Loiseau

Née le 14 juin 1921 à Pau (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques), morte le 27 juin 1989 à Paris (XIIIe arr.) ; permanente du PCF et de l’UFF dans les Basses-Pyrénées puis à Paris ; responsable des Comités féminins des Hautes et Basses-Pyrénées ; membre du secrétariat fédéral communiste des Basses-Pyrénées avant 1952 ; puis membre du bureau national et du secrétariat national de l’UFF.

Le père d’Henriette Bidouze, Raymond Seguet, d’abord serrurier, fut ensuite agent des lignes PTT et termina sa carrière comme contrôleur principal. Sa mère, Berthe Duvignau, n’exerçait pas d’activité professionnelle avant 1940.

Contrairement aux autres membres de la famille, plutôt à droite, les parents d’Henriette Bidouze étaient membres du Parti communiste français (PCF), comme le fut également André, son frère cadet. Sa mère militait avant 1939 au Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme. Son père, adhérent communiste depuis 1924, fut un militant très actif, élu conseiller municipal de Jurançon, dans la banlieue de Pau, lors d’une élection partielle en 1936.

Henriette Bidouze fréquenta l’école publique jusqu’au brevet supérieur.

La guerre bouleversa la vie de la famille. Muté d’office dans le Puy-de-Dôme, son père fut ensuite révoqué étant communiste et, en avril 1940, arrêté et emprisonné à l’Ile de Ré puis dans un camp en Algérie. Libéré à la suite du débarquement allié en Algérie en novembre 1942, il travailla comme électricien jusqu’à son rapatriement en 1945. Réintégré dans les PTT, il devint secrétaire du syndicat des Basses-Pyrénées, et membre du bureau de l’Union départementale de la Confédération générale du travail (CGT). En 1940 toutefois, le salaire paternel était la seule ressource du foyer. Henriette et sa mère se mirent à travailler à domicile pour des entreprises de confection et, par la suite, sa mère trouva un emploi de piqueuse de tiges de bottines, tandis qu’Henriette obtint quelques suppléances au titre d’institutrice intérimaire. Elle exerça en tout cinq mois, de février 1943 à juin 1944.

En 1942, Henriette Bidouze fut contactée pour la mise en place des Comités féminins, car ses actions en faveur de l’Espagne républicaine étaient connues. Membre de l’Union des jeunes filles de France (UJFF) de Pau depuis 1936, elle avait notamment assuré des liaisons de solidarité avec les républicains espagnols internés au camp de Gurs, près d’Oloron-Sainte-Marie. La tâche initiale des Comités féminins fut l’organisation de l’aide aux internés et prisonniers, puis les manifestations pour revendiquer la distribution de vivres. Henriette Bidouze, dite alors Ginette, s’associa également à la manifestation du 14 juillet à Pau et assura des liaisons pour le maquis. Elle partit pour la zone de Tarbes au début de 1944 et devint responsable des Hautes et Basses-Pyrénées. À la Libération, elle fut convoquée à Lyon, où les responsables des Comités féminins des zones nord et sud s’identifièrent, en présence des responsables nationales : Simone Bertrand, Claudine Chomat, Marcelle Barjonnet*, Fernande Valignat*. La paix venue, Henriette Bidouze ne rechercha pas la moindre reconnaissance, sous forme de décoration, pour ses actes en tant que résistante.

Elle resta à Tarbes jusqu’en 1946, afin de jeter les bases officielles de l’Union des femmes françaises (UFF). Secrétaire de l’UFF des Hautes-Pyrénées, elle retourna quelque temps à Pau, puis vint à Paris en 1952 pour participer à la direction nationale de l’UFF.

Elle adhérait à la CGT par conviction, mais sans que cela puisse se traduire par un engagement de terrain car, excepté ses cinq mois d’institutrice suppléante, elle fut toujours salariée d’organisations dans lesquelles elle militait, puis elle fut permanente de 1947 à 1977 : à la fédération du PCF des Basses-Pyrénées de 1947 à janvier 1952, à l’UFF de janvier 1952 à fin 1963, au journal Heures Claires, publication de l’UFF, de janvier 1964 à la fin de 1977. Après avoir été permanente durant trente années, elle considéra qu’à cinquante-six ans, il fallait savoir partir. Toutefois, il lui fallait, pour atteindre soixante ans, encore trois années d’activité, pendant lesquelles elle fut assistante du groupe communiste du Sénat, de janvier 1978 à juin 1981. Elle fut ensuite en pré-retraite jusqu’en juillet 1986.

En août 1952, elle épousa un ami d’enfance, René Bidouze, alors inspecteur des contributions indirectes et secrétaire de la fédération communiste des Basses-Pyrénées. Ils s’installèrent dans la région parisienne à partir de 1952, à Puteaux puis à Vitry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) en 1960, et enfin dans le XIIIe arrondissement de Paris en 1970. Tout en s’investissant dans diverses commissions du PCF, René Bidouze, directeur divisionnaire, fut surtout un militant syndical, secrétaire national de son syndicat, puis de la fédération des finances et de l’Union générale des fonctionnaires. Il siégea à la commission exécutive de la CGT de 1969 à 1975.

Henriette Bidouze adhéra au PCF en juillet 1943. Membre du bureau fédéral des Basses-Pyrénées en 1945, puis du secrétariat fédéral, elle fut, après son installation en région parisienne, élue au comité fédéral de Seine-Ouest en 1952, puis membre du comité de section de Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine), de Vitry, et du comité d’arrondissement du XIIIe. Le PCF l’avait présentée aux élections législatives de 1951 dans les Basses-Pyrénées, en troisième position après Albert Mora, député sortant réélu, et René Bidouze, secrétaire fédéral. Installée en région parisienne, elle fut élue comme membre du comité de la fédération communiste de la Seine-Ouest en 1954 mais ne fut pas réélue en 1955 car elle suivait les cours de l’école centrale de quatre mois.

Avant de rejoindre à Paris la direction nationale de l’UFF, elle avait été, en 1951-1952, chargée d’une mission d’organisation dans plusieurs départements du sud de la France. Elle assura ensuite diverses responsabilités successives : secrétariat administratif dans les années cinquante, secrétaire de la commission jeune enfance et action sociale, de la commission organisation, rédactrice en chef puis directrice du journal Heures Claires. Constamment élue au conseil national et au bureau national jusqu’à son décès le 27 juin 1989, elle appartint au secrétariat national de 1960 à 1974, et fut élue vice-présidente au XVe congrès de l’UFF, en 1985. Elle participa donc à tous les congrès nationaux de l’UFF, et accomplit de multiples missions, notamment auprès des femmes soviétiques, et au Vietnam en 1966, où elle rencontra le président Ho-Chi-Minh. Des récits de ce voyage parurent dans Heures Claires et dans l’Humanité. Elle fut également, avec l’historien Roger Bourderon, la cheville ouvrière du colloque organisé par l’UFF en Sorbonne les 22 et 23 novembre 1975, sur Les femmes dans la Résistance, dont les actes ont été publiés aux Éditions du Rocher en 1977.

De son départ du poste de permanente UFF en 1978 à son décès en 1989, Henriette Bidouze resta une militante très active, à l’UFF et dans les organisations du PCF du XIIIe arrondissement. Tout en n’hésitant pas à donner son opinion, elle demeura toute sa vie fidèle à ses premiers engagements, tant au PCF qu’à l’UFF.

Henriette et René Bidouze eurent une fille, Marianne, née en 1956.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16684, notice BIDOUZE Henriette [née SEGUET Henriette, Pierrette, Andrée, dite Ginette] par Dominique Loiseau, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 15 août 2009.

Par Dominique Loiseau

SOURCES : Arch. nationales UFF. — Arch. comité national du PCF. — Marie-Louise Couderc, Elles la Résistance, Messidor, 1985. — Indications écrites de René Bidouze, à partir de différents dossiers d’Henriette Bidouze, dont le dossier retraite.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable