BORGNE Léon, Jules, Émile

Par Frédéric Stévenot

Né le 9 avril 1883 à Braye-sous-Clamecy (Aisne), exécuté sommairement le 14 juin 1944, au château de Faÿ, Guise (Aisne) ; cultivateur.

Fils de Jules Louis Émile Borgne, instituteur, et de Léontine Evilliot, sans profession, Émile Borgne, cultivateur domicilié à Aisonville (Aisne), veuf en premières noces de Marie Louise Petitier, se maria en secondes noces le 3 juillet 1919 à Montreuil (Aisne) avec Fernande Fleury.

Lors de son conseil de révision, en 1903, il résidait à Ambleny (Aisne), comme ses parents, où il exerçait comme cultivateur. Incorporé au 5e régiment de dragons le 15 novembre 1904 (matr. 2050), il fut nommé brigadier le 25 juillet 1905, avant d’être dégagé de ses obligations le 13 juillet 1907 (avec un certificat de bonne conduite). Émile Borgne passa ensuite dans la subdivision militaire de Saint-Quentin (Aisne) le 19 janvier 1909, après s’être établi à Aisonville (Aisne).
Le 3 août 1914, il fut mobilisé au 2e escadron du train. Promu maréchal des logis le 24 février 1915, il passa ensuite au 12e escadron du train (16 février 1916), au 13e (27 avril 1916), au 8e (26 sept. 1916) puis au 5e. Il fut ensuite affecté dans l’infanterie, d’abord au 149e régiment (22 oct. 1916), au 68e (26 févr. 1917) puis au 66e (6 août 1918).
En 1923, il était père de trois enfants.

Membre du conseil municipal depuis 1919, Émile Borgne était fermier de Valentine Hennet de Bernoville, épouse d’Auguste de Martimprey et mère de Pierre de Martimprey.

Le 13 juin la 5e compagnie de FTP fut hébergée à Aisonville. Le commandement s’installa au château de Bernoville, chez Pierre de Martimprey, et les hommes se dispersèrent dans les bâtiments de la ferme voisine, tenue par Émile Borgne. Celui-ci fit d’ailleurs tuer un veau pour nourrir les FTP.
Un sous-officier allemand se présenta vers 20 heures, selon les déclarations d’Évariste Nicolas faites le 5 août 1944. Il blessa la sentinelle FTP, postée sous le porche d’entrée. Mais abandonné par le conducteur de sa voiture, il fut poursuivi par les résistants jusqu’à la ferme Prévot relevant de la WOL (Wirtschaftoberleitung), où il fut blessé et achevé. En accord avec Pierre de Martimprey, Émile Borgne accepta de rester chez lui, tout en pressentant le sort que les Allemands allaient leur réserver.
De fait, il fut arrêté et emmené par les Allemands vers 4 heures du matin. Vers 7 heures du matin, Armand Alizard, jardinier au château de Faÿ à Guise, sur la route de La Capelle, vit deux hommes (Pierre de Martimprey et Émile Borgne) appuyés face au mur, les mains levées, gardés par des soldats en armes. Quelques instants plus tard, quatre soldats et un officier SS vinrent les chercher pour les emmener dans la pâture située après le château. Conduits au fond de cette pâture, en contrebas de la route, ils furent abattus d’une rafale de mitraillette dans la tête par les quatre soldats allemands. Les corps restèrent sur place jusqu’en début d’après-midi. Après l’exécution de quatre autres civils, les premiers corps furent traînés par les pieds, et mis dans la fosse où les nouveaux fusillés venaient de tomber.

Lors de son décès, Émile Borgne était « vêtu d’un pantalon en coutil côtelé beige, d’un veston sport en lainage gris bleu marqué Vieil Ami à la poche intérieure, coiffé d’un chapeau marron et chaussé de souliers bas à élastiques et à semelles de crêpe. [Il était pourvu] d’un briquet et d’un couteau de poche, d’une alliance portant la date de [son] mariage ». Ces objets furent rendus à madame Borgne par Evariste Nicolas, qui assista à l’exhumation pratiquée au château de Faÿ le 31 juillet 1944. Bien qu’interdites par les Allemands, des obsèques publiques eurent lieu le lendemain dans l’église de Bernoville, en présence de tous les habitants, au premier rang desquels se trouva le régisseur allemand d’une ferme de la WOL (Wirtschaftoberleitung) voisine. Il fut inhumé dans le cimetière de Bernoville.dans laquelle le sous-officier allemand avait tenté de se réfugier.

Émile Borgne et Pierre de Martimprey furent les quatrième et cinquième civils tués le 14 juin dans la région de Guise.

Reconnu « Mort pour la France » le 4 décembre 1947, Émile Borgne fut inhumé dans le cimetière de Bernoville. Son nom est inscrit sur le monument commémoratifs du château du Fay à Guise et de Mennevret, ainsi que sur le monument aux morts d’Aisonville-et-Bernoville. Il fut donné à une rue du village.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article166902, notice BORGNE Léon, Jules, Émile par Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 30 avril 2018, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Frédéric Stévenot

SOURCE : Arch. Dép. Aisne, J 1461/13 ; état civil de Braye-sous-Clamecy (5 Mi1618, 1883) ; registre matricule (22 R 078, 1903).— Sites Internet : commune de Vadencourt ; mémorial GenWeb ; Généalogie Aisne.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable