FONTAINE Jules, Constant, Eugène

Par Alain Prigent, Serge Tilly

Né le 5 août 1905 à Gosné (Ille-et-Vilaine), fusillé le 24 juin 1944 au stand de tir du ministère de l’Air à Paris (XVe arr.) ; chaussonnier ; résistant FTPF, militant communiste.

Jules Fontaine
Jules Fontaine
Fichier de l’Association des familles de fusillés, Musée de la résistance nationale.

Fils de Jules Fontaine, carrier, et de Constance Sourdin, ménagère, Jules Fontaine, chaussonnier domicilié à Fougères (Ille-et-Vilaine), s’était marié le 24 avril 1926 à Fougères avec Madeleine Thébault et était père d’un enfant. Membre du PCF clandestin, intégré au sein des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) de Fougères à partir de 1943, il fut arrêté le 29 novembre 1943 par le Service de police anticommuniste (SPAC) à son domicile à minuit en même temps que son fils Roger Fontaine. Restés quelque temps sous autorité française, ils furent inculpés d’« activité communiste, terroriste et subversive » par le juge d’instruction de Rennes. Ensuite les autorités allemandes réclamèrent leur dossier. D’après l’attestation de Louis Pétri, responsable communiste à la Libération, Jules Fontaine faisait partie en 1940 de la branche militaire du PCF clandestin, l’OS (Organisation spéciale) de Fougères qui constituait le premier noyau de résistance. Il diffusa des tracts et journaux anti-allemands et anti-Vichy. Avec son fils Roger, il participa à l’attaque à la grenade de la Feldgendarmerie de Fougères le 14 juillet 1943. Arrêté plusieurs fois comme suspect politique, il fut toujours relâché. Incarcéré à la prison Jacques-Cartier de Rennes jusqu’au 17 mai 1944, Jules Fontaine fut transféré à la prison de Fresnes. Condamné à mort le 13 juin 1944 pour « actes de franc-tireur » par le tribunal militaire du Gross Paris, rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), il fut exécuté le 24 juin 1944 au stand de tir du ministère de l’Air à Paris (XVe arr.) à 15 h 15 avec son fils Roger. Tous deux avaient rédigé une dernière lettre..
Son nom est gravé sur la plaque du ministère de la Défense à Paris XVème

Fresnes le 24 juin 1944
Bien chère Madeleine et cher petit Claude, il est onze heures et nous allons être fusillés à trois heures. Tu garderas un bien bon souvenir de nous deux car nous ne sommes pas des criminels, surtout Roger, à 17 ans, quelle horreur. Enfin, que veux-tu, c’était notre destinée. Sois courageuse car il y a Claude qui n’est pas encore élevé. J’aurais bien voulu vous voir avant de mourir. Notre avocat avait du t’envoyer une lettre de moi et Roger pour faire le nécessaire pour venir nous voir. Je vous dis adieu ma chère Madeleine ainsi que mon bon petit Claude. N’oublies pas tous les camarades Rollands et tous les voisins, madame Saucet, Edouard et Paulette, ta sœur, et Suzanne ainsi ainsi qu’à Gasné : je leur dis à tous adieux et beaucoup de courage. Tu les embrasseras tous pour nous deux. Encore une fois, sois courageuse. Moi, je le serai. Adieu, je mourrai en Français et en bon père de famille.
Roger a oublié sa marraine Léa et Robert. Dis leur adieu et beaucoup de courage. Tu diras adieu à Jean Guignon de Saint-Malo qui était avec moi à la 72. Tu trouveras toujours bien son adresse, il était chef de bureau à la sous-préfecture de Saint-Malo, et aussi à Ernest, le copain à Roger et aux ouvriers de l’usine à Roger ainsi que de la mienne. Adieu ma chère Madeleine ainsi que mon bon petit Claude. Encore une fois adieux à tous et sois courageuse. Vive la France.

Dernière lettre de son fils Roger écrite dans la même cellule.

Dernière lettre
Fresnes le 24 juin 1944,
 
Petite mère et petit Claude chéris,
Ma pauvre petite mère, il faut que tu sois courageuse. C’est la dernière lettre que je t’écris. Mon recours en grâce a été rejeté. Il est midi et dans trois heures, je vais être fusillé. Je serai courageux. Mais quand même, tu sais petite mère et toi, mon vieux Claude, c’est dur de vous quitter, de quitter tout, après avoir souffert pendant 7 mois. Petite mère, sois courageuse et forte. Tous ces crimes seront punis. J’emporterai votre souvenir avec moi, et de tous les amis et camarades. Tu embrasseras la Marie et Yvette, la tante Maria et l’oncle Albert, Suzanne et Paulette et tu leur diras qu’ils gardent un bon souvenir de nous.
Petite mère et petit Claude chéris, je vous dis adieu.
Votre petit Roger qui va mourir en emportant votre souvenir avec lui.
 
Roger

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article166959, notice FONTAINE Jules, Constant, Eugène par Alain Prigent, Serge Tilly, version mise en ligne le 4 novembre 2014, dernière modification le 15 juin 2022.

Par Alain Prigent, Serge Tilly

Jules Fontaine
Jules Fontaine
Fichier de l’Association des familles de fusillés, Musée de la résistance nationale.

SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII 5, Liste S1744 (Notes Thomas Pouty et Jean-Pierre Besse). – J.-P. Besse, T. Pouty, Les fusillés. Répression et exécutions pendant l’Occupation (1940-1944), Éd. de l’Atelier, 2005. – Site des Anciens Combattants d’Ille-et-Vilaine. – État civil. — Note de Jean-Pierre Ravery.

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