LAMBERT Arthur [dit Vlado]

Par Alain Prigent, Serge Tilly

Né le 21 mars 1921 à Saint-Julien-de-Vouvantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), fusillé après condamnation à mort le 2 décembre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; pianiste ; résistant, membre du réseau Johnny (France Libre).

Fils de d’Arthur Jean Lambert et de Henriette Galivel, domicilié avenue de la Borderie à Paramé (Ille-et-Vilaine), Arthur Lambert était pianiste de profession, il parlait l’allemand.
Arthur Lambert, alias Vlado, fut arrêté le 7 mars 1943, à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Torturé, il fut incarcéré à la prison Jacques-Cartier de Rennes, puis transféré le 24 octobre 1943 à Fresnes (Seine, Val-de-Marne).
Il fut condamné à mort le 16 novembre 1943 par le tribunal militaire allemand de la Kommandantur du Gross Paris siégeant rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.) pour « complicité d’espionnage ».
Il a été fusillé au Mont-Valérien le 2 décembre 1943 à 9 h 26, le même jour que six autres malouins du réseau Jade-Fitzroy : René Boltz, Marcel Bosquet, Marcel Cotteret, Léon Humbert, Max Leban, Isidore Leroux.
Arthur Lambert a été reconnu Mort pour la France le 29 mai 1945.

Dernière lettre
2 décembre 1943
6h1/2 du matin
 
Ma chère Maman,
Nous venons de recevoir confirmation de notre jugement, nous serons fusillés ce matin à 9 heures ; c’est un peu triste de mourir sans avoir rien fait et ne pas avoir été coupable ; enfin, c’est un bien petit accident, ce n’est que le passage d’un état à un autre, le passage de la vie sur terre à la vie au ciel. La Ste Vierge qui n’a pas eu pitié de moi sur terre aura pitié au ciel. Je vais voir l’Aumônier tout à l’heure, entendre la messe et communier et lire une dernière fois le Requiem de Mozart, cette œuvre si belle qui va déjà m’emmener au ciel avant la fusillade.
Tu feras ajouter mon nom à ceux des Français morts pour la Patrie sur les monuments aux morts, si c’est possible ; et fais tout ce que tu peux pour qu’un des fils d’Edouard ou de Marguerite soit un jour un bon musicien qui puisse « penser » pour moi revenu à l’éternité.
Pardonne-moi Maman toute la peine que j’ai pu te faire ; j’aurais voulu te prouver que j’avais bien changé et que je t’aimais tant. De là-haut, je penserai à vous tous et je demanderai à Dieu qu’il diminue le plus possible tes peines sur terre ; ne pleure pas, je suis plus heureux maintenant que vous et j’ai eu la suprême joie de te revoir avant de mourir. Enquière-toi de ma tombe et fais revenir mon corps après la guerre.
Je vous embrasse tous une dernière fois, surtout toi, Maman et vous demande de beaucoup prier pour moi.
Arthur

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article166994, notice LAMBERT Arthur [dit Vlado] par Alain Prigent, Serge Tilly, version mise en ligne le 30 octobre 2014, dernière modification le 4 décembre 2021.

Par Alain Prigent, Serge Tilly

Dernière lettre d’Arthur Lambert

SOURCES : DAVCC, Caen, Boîte 5, B VIII 4, Liste S1744 (Notes Thomas Pouty et Jean-Pierre Besse). —Arch. dép.Loire-Atlantique 305 J . — J.-P. Besse, T. Pouty, Les fusillés (1940-1944), op. cit. – Site Internet des anciens combattants d’Ille-et-Vilaine, « Mémoire de guerre ». — Notes de Jean-Pierre Ravery.

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