PFANDLBAUER Rudolf (appelé à tort PFANDHAUER par la police)

Par Jean-Paul Nicolas

Né le 8 novembre 1911 à Munich (Allemagne), abattu au combat (avec Albert Lacour) lors de l’attaque de la grotte de Barneville-sur-Seine (Eure), le 24 août 1943 ; réputé Autrichien au maquis ; antifasciste déserteur de la Wehrmacht ; combattit aux côtés des FTP du maquis de Barneville (Eure).

Rudolf Pfandhauer rejoignit le groupe FTP de Barneville au mois d’août 1943, très peu de jours avant l’écrasement du groupe lors de l’assaut allemand du 24 août 1943. Il était un déserteur antifasciste de l’armée allemande, envoyé par l’organisation centrale des FTPF. Il intégra le groupe normand des FTP avec son uniforme allemand et son pistolet Mauser. Bien que né en Bavière, à Munich, il se disait Autrichien et ayant appartenu au monde des gens du voyage. Il avait vécu dans un cirque où il disait avoir effectué un numéro de tir de précision. Ses démonstrations d’adresse au tir connurent donc un vif succès auprès des jeunes apprentis combattants de la grotte de Barneville, à peine sortis de l’adolescence. Il participa aux toutes dernières actions du détachement, utilisant son uniforme, son arme et sa connaissance de la langue allemande pour faciliter des opérations basée sur la ruse. Ainsi, le soir du 23 août 1943, un groupe comprenant Albert Lacour, Achille Guisier, Rudolf Pfandlbauer et Christian Sénard, (ce dernier avait revêtu l’uniforme allemand), stoppa une voiture automobile à la sortie de Dieppe sur la route de Rouen. C’était le commissaire de police Antonini de Dieppe, accompagné du juge d’instruction de Dieppe. Les quatre francs-tireurs abandonnèrent les deux notabilités en pleine campagne et rentrèrent à Barneville avec l’automobile, laquelle servit pour le braquage du lendemain matin à Grand-Quevilly, qui fut fatal le soir même au maquis de Barneville. Histoire du maquis de Barneville : voir lieu d’exécution : Barneville-sur-Seine. Voir aussi les notices Albert Lacour et Maurice Mailleau.

Le 24 août, l’inspecteur collaborateur Alie ainsi que plus de cent soldats allemands et GMR en armes se lancèrent à l’assaut de la grotte de Barneville. Deux des maquisards furent abattus au cours d’un combat inégal : Albert Lacour et Rudolph Pfandlbauer. Parmi les FTP arrêtés ce jour-là, six furent exécutés comme otages le 8 novembre 1943 au stand de tir du Madrillet à Grand-Quevilly. Il s’agissait de Jean et André Séhy*, Maurice Compagnon, Marcel Lechevallier*, Robert Legros*.
Maurice Mailleau* qui faisait partie de ce groupe avait déjà été arrêté peu avant au Havre le 12 août, lors d’une mission. Un septième homme, André Dumont* de Mers-les-Bains, arrêté également à Barneville fut plus tard fusillé à Amiens le 5 février 1944. Le 8 novembre 1943 le FTP havrais Ernest Derrien* fut fusillé aux côtés de ceux de Barneville ainsi que Gérard Brillet de Rouen qui, sans être reconnu FTP après guerre, avait participé à certaines de leurs actions.
Les autres arrêtés de Barneville furent déportés à Buchenwald : Roger Cavel, Jean Baptiste Lepront, Christian Pivert, Marius Thébault. Un déporté le fut à Mauthausen : Achille Guisier. Roger Cavel fut le seul à ne pas revenir vivant en 1945 de Buchenwald.

Enfin Christian Sénard échappa à la mort en s’évadant de la prison de Rouen Bonne-Nouvelle en compagnie du dirigeant FTP Albert Leroy. Les deux hommes reprirent le chemin de la lutte contre l’occupant.

Le nom de Rudolf Pfandhauer figure aux côtés de ses camarades martyrs sur la stèle du bois de la Fromagerie, face à l’entrée de la grotte de Barneville. L’orthographe inexacte de son nom, adoptée par tous sans vérification pendant soixante-dix ans, provient des premiers rapports de la police de Rouen en 1943.
Michel Croguennec, historien à Petit-Quevilly (Seine-Maritime), a, en février 2016, retrouvé la tombe de ce soldat dans le cimetière allemand de Saint-André-de-l’Eure, proche d’Evreux, et a constaté cette différence orthographique confirmée par les archives de la Wehrmacht à Berlin. L’ Allemagne considère Rudolf Pfandlbauer comme un "Fusillé pour résistance lors de son arrestation pour désertion". Vu sous un tout autre angle, ce soldat allemand, passé dans la Résistance anti-nazie a été abattu au combat, il est donc Mort pour la France.
Rudolf Pfandlbauer se faisait appeler par les jeunes partisans de Barneville, du nom international de « Camarade ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article167054, notice PFANDLBAUER Rudolf (appelé à tort PFANDHAUER par la police) par Jean-Paul Nicolas, version mise en ligne le 1er novembre 2014, dernière modification le 13 février 2022.

Par Jean-Paul Nicolas

SOURCES : Archives Départementales de Seine-Maritime : Dossier policier Alie Rouen 1943 : Inculpés-Barneville ; Bilan des actions du groupe avec noms des participants ; Interrogatoire d’Achille Guisier à Rouen (sans cote). — Archives Départementales de Seine-Maritime : documents sonores 1940-44 : entrevues avec Ferdinand Delrot (1983) et Christian Sénard (1991) rescapé de Barneville. — Notes de Michel Croguennec et plaquette « 1943 : Petit-Quevilly au temps du Maquis de Barneville » (publiée en 2013) de Michel Croguennec, historien et archiviste aux AM de Petit-Quevilly. — Hommage aux fusillés et aux massacrés de la Résistance en Seine Maritime.1940-1944, édité par l’Association Départementale des familles de fusillés de la Résistance de Seine-Maritime (1992). — Plaquette récit racontant l’histoire du Maquis de Barneville, par Fernand Châtel (1967) Ville de Petit-Quevilly. — Enquête sur le Maquis de Barneville ( 2012-2016) : Michel Croguennec et Jean-Paul Nicolas. — Deutsche Dienststelle - WASt Berlin : Archives de la Wehrmacht.

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