ROBIN Francis, Marcel, Auguste, Jean

Par Jacques Cousin

Né le 1er août 1902 à Craon (Mayenne), mort le 22 octobre 1977 à Laval (Mayenne) ; instituteur ; secrétaire départemental du SNI de 1944 à 1956 ; vice-président de la MGEN en 1947 ; historien et correspondant du Comité français d’Histoire de la Seconde Guerre mondiale.

Son père exerçait la profession de facteur des postes et sa mère celle de nourrice ; ils le firent baptiser et l’envoyèrent au catéchisme pour faire sa communion. Francis Robin commença ses études à l’école primaire publique de Craon et les poursuivit à l’école primaire supérieure de Château-Gontier, puis à l’École normale d’instituteurs de Laval de 1918 à 1921.

Il fit toute sa carrière d’instituteur en Mayenne et fut successivement adjoint à Renazé, Bazougers, Larchamp, Ballots entre 1921 et 1928, puis chargé d’école à La Roë. Il y créa, en 1929, l’une des premières coopératives scolaires du département ainsi qu’une amicale laïque comprenant 150 adhérents dans cette commune d’environ 500 habitants. Directeur d’école à trois classes à Bouère et secrétaire de mairie entre 1928 et 1937, il était en même temps chargé des cours agricoles pour son secteur et à ce titre correspondant départemental de l’association nationale des institutrices et instituteurs chargés de cours agricoles.

Il effectua son service militaire en 1922-1923, et se maria religieusement le 16 août 1924 à La Cropte (Mayenne) avec une institutrice d’école maternelle. Le couple eut deux enfants qui furent seulement baptisés.

De 1938 à 1957, date de sa retraite, il enseigna au cours complémentaire de Laval (Mayenne).

Francis Robin adhéra à l’Amicale des instituteurs et institutrices de la Mayenne dès sa sortie de l’école normale, en 1921 ; puis à la section mayennaise du Syndicat national (CGT) au moment de sa création, le 1er janvier 1922. Le secrétaire général de la section, qui avait été l’un de ses instituteurs, l’influença beaucoup. Abonné à L’Ecole émancipée, au mois de janvier 1938 se déroula un renouvellement de la commission administrative de la section départementale du Syndicat national des instituteurs. A la suite d’un changement de statuts proposé par Henri Micard à l’assemblée générale de décembre 1937, chaque canton eut à élire son propre représentant à la CA. Robin, alors instituteur à Bouère, fut élu pour le canton de Grez-en-Bouère. L’année suivante, on revint à un mode de scrutin en AG et il ne fut pas candidat au renouvellement de son mandat en décembre 1938.

Depuis 1926, il était membre actif d’un comité central républicain et de la Ligue des droits de l’homme. Faute de candidat de gauche dans la circonscription de Château-Gontier en 1936, il vota aux élections législatives de 1936 pour le candidat de la Jeune République. Il adhéra au Parti socialiste SFIO en 1937.

Francis Robin se définissait comme un « pacifiste intégral » mais ne participa pas aux campagnes du SNI « contre la guerre » avant les accords de Munich. Fait prisonnier pendant la guerre, Robin partit en captivité en Allemagne et fut rapatrié sanitaire en 1943. À son retour, il contribua à assurer le redémarrage des activités de la section départementale du SNI en constituant, le 12 octobre 1944, un bureau provisoire avec une petite équipe d’instituteurs qui désigna Henri Mitard comme secrétaire. Le 23 novembre 1944, une délégation du SNI composée de Marthe Martinne, Francis Robin, Henri Mitard et Clément Durand fut reçue par l’inspecteur d’académie, revendiquant la disparition de la législation de Vichy, ainsi que la mise en œuvre de l’école nationale réclamée par le SNI. Dans les semaines qui suivirent, il participa à toutes les audiences auprès de l’inspecteur d’académie ou du préfet qui débattirent des programmes scolaires, des sanctions qui avaient frappé certains instituteurs pendant la guerre, des barèmes, du redémarrage des écoles normales prévu pour le mois d’octobre 1945. Après l’assemblée générale du 21 décembre 1944, Robin fut élu secrétaire général de la section départementale du SNI. Cependant, le 12 avril 1945, il demanda à être relevé de cette charge qu’il disait n’avoir acceptée que provisoirement. Le bureau le confirma néanmoins à son poste jusqu’au renouvellement de la commission administrative.

Réélu le 8 novembre 1945 par 387 voix sur 426 suffrages exprimés, Francis Robin fut reconduit comme secrétaire général de la section. Il participa aux travaux de l’assemblée des représentants des divers syndicats affiliés à la Fédération de l’Éducation nationale réunie le 24 octobre 1946 pour constituer une section départementale de la FEN et un bureau provisoire. Robin accepta la charge de secrétaire adjoint. Son mandat au conseil syndical du SNI fut confirmé lors de la consultation du 16 octobre 1947 par 434 voix sur 442 suffrages exprimés. Il fut réélu secrétaire général de la section au CS suivant et participa, le 8 janvier 1948, aux travaux du conseil syndical réuni après la scission au sein de la CGT et conduisit les débats sur l’avenir du syndicalisme enseignant. Pour sa part, il estimait que seule l’autonomie permettrait de conserver le maximum d’adhérents, tout en n’empêchant personne de conserver ses sympathies à l’une ou l’autre des centrales syndicales. Il avouait avoir eu des sympathies pour la CGT-FO tant que ce mouvement avait tenté un redressement d’orientation à l’intérieur même de la CGT, mais que le départ des militants les déconsidérait. Il assista à la commission exécutive de l’Union départementale CGT au cours de laquelle la majorité des membres décida que la commission administrative deviendrait CA de l’UD-FO. Conformément aux décisions du conseil syndical de la section départementale du SNI, le 8 janvier, Robin s’abstint dans le vote et se retira. Il fit, avec Jules Marcheteau notamment, campagne pour l’indépendance du SNI et de la FEN vis-à-vis des deux confédérations rivales. Le dépouillement départemental du référendum donna 542 voix en faveur de l’autonomie, 218 pour l’affiliation du SNI à la CGT. 97 étaient favorables à FO. La totalité des conseillers syndicaux de la section mayennaise du SNI démissionna le 24 juin 1948. En attendant le scrutin de renouvellement du conseil syndical fixé au 27 octobre, Robin resta à son poste afin d’expédier les affaires courantes. Cependant, il dut démissionner, le 16 septembre, de son poste de secrétaire général afin de pouvoir assister son épouse tombée gravement malade. Malgré le décès de cette dernière, il accepta de reposer sa candidature aux élections du 27 octobre et fut réélu conseiller syndical. En l’absence d’autres candidats, il se résolut à reprendre son poste de secrétaire général : « pour que vive la section ». Aux élections de novembre 1948, organisées pour le renouvellement de la commission administrative paritaire départementale, la liste entière du SNI (où Robin figurait comme suppléant) fut réélue sans concurrence. Son mandat de conseiller syndical fut reconduit après le scrutin du 28 novembre 1950. Au moment de la formation du bureau, Robin refusa le poste de secrétaire général de la section, mais devant l’insistance des autres conseillers et leur vote (19 voix sur 24 votants), il finit par accepter de poursuivre sa tâche. Lors du renouvellement du conseil départemental de l’enseignement primaire, en novembre 1951, la section mayennaise du SNI présenta une liste d’union, sans concurrence, qui fut donc élue facilement ; Robin réunissant pour sa part 290 voix sur 294 suffrages exprimés. Il siégea de même à la commission administrative paritaire départementale, après les élections du 29 avril 1952. Son mandat au conseil syndical fut reconduit aux élections du 18 novembre 1952. Le 5 novembre 1954, Francis Robin fut élu à la CAPD, et quelques jours plus tard, après le renouvellement du conseil syndical le 22 novembre, retrouva son siège de secrétaire général de la section mayennaise du SNI. Le conseil syndical du 6 janvier 1955 le désigna pour représenter la section du SNI à la commission administrative de la FEN. Robin resta secrétaire général de la section départementale du SNI jusqu’aux élections de novembre 1956 où il refusa d’être reconduit à ce poste puisqu’il prenait sa retraite un an plus tard. Robin fut alors remplacé par André Quesne, tout en conservant son poste de conseiller syndical. On le chargea de la rédaction du bulletin La Voix Syndicale, organe mensuel de la section mayennaise du SNI. Les événements de mai 1958 amenèrent beaucoup d’agitation tant dans les fédérations proches de l’enseignement public comme la Fédération départementale des œuvres laïques, la Fédération des conseils de parents d’élèves, le comité départemental d’action laïque, que dans les autres organisations syndicales ouvrières.

Ferme défenseur de la démocratie, Francis Robin prit une part active dans la constitution, le 23 mai 1958, à Laval, d’un comité provisoire qui appelait les Mayennais à se regrouper dans un futur comité de défense de la République afin de s’opposer à tout essai de prise de pouvoir personnel.

il fut réélu au conseil syndical de la section le 27 février 1959, en mars 1961, mars 1963 et participa aux travaux de la commission d’action laïque. En mars 1965, la tendance « École émancipée » décida de faire cavalier seul, contre une liste regroupant majoritaires et ex-cégétistes. Elle n’obtint que 5 élus, contre 20 (dont Francis Robin) à la liste concurrente. Les divergences s’étant encore accentuées dans la section départementale du SNI, chacune des trois tendances présenta sa propre liste en mars 1967. Les majoritaires obtinrent 16 sièges sur 25 à pourvoir. Robin qui présentait seulement une candidature de soutien à sa tendance se trouvait en queue de liste et ne fut donc pas élu. Il fit alors ses adieux à la vie syndicale dans les instances exécutives.

Francis Robin adhéra à la SFIO avant la guerre 39-45. Il quitta ce parti en 1954 ou 1955 pour entrer au Parti socialiste unifié au moment de sa création. Robin joua un rôle important dans le domaine des associations laïques départementales. En octobre 1944, Francis Robin était responsable départemental de la société de secours mutuel. Il assista en 1947, en tant que secrétaire général de la section mayennaise du SNI, au congrès national du SNI à Grenoble où fut décidée la naissance d’une mutuelle nationale unique et participa activement à la mise en place de la section départementale de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale dont on lui confia la vice-présidence aussitôt après sa fondation.

Veuf, il se remaria le 19 avril 1954 à Laval avec Marie, Madeleine, Clémentine Renoult, née le 16 février 1915 à Montsûrs (Mayenne), fille d’un gendarme, institutrice.

Après la Seconde Guerre mondiale, Francis Robin devint président de l’Émancipatrice lavalloise dont le siège se trouvait à la Maison du Peuple à Laval et dont dépendait l’Université populaire lavalloise. Il assura également la présidence du comité départemental de la Jeunesse au Plein Air. Il exerça enfin les fonctions de président du Cercle Jules Ferry né de la fusion de l’Amicale laïque des anciennes élèves des écoles publiques de Laval et de celle des anciens élèves où se retrouvaient entre autres les retraités de l’enseignement.

Francis Robin s’intéressait aux questions historiques. Il écrivit plusieurs ouvrages d’histoire locale, des exposés sur le syndicalisme enseignant publiés en 1971 dans le bulletin La Voix Syndicale. Il fut correspondant du Comité français d’Histoire de la seconde guerre mondiale à partir de 1957 et rédigea plusieurs notices pour le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article167093, notice ROBIN Francis, Marcel, Auguste, Jean par Jacques Cousin , version mise en ligne le 2 novembre 2014, dernière modification le 4 septembre 2022.

Par Jacques Cousin

ŒUVRES : Monographie historique de la commune de la Roë (Mayenne), ouvrage édité à compte d’auteur en 1935. — La Mayenne sous l’occupation - déportation, internements, fusillades (édité par les archives départementales de la Mayenne, juin 1966). — La Mayenne de 1940 à 1944 - occupation, résistance, Libération, Laval, archives départementales de la Mayenne, 1973, réédité en 1998.

SOURCES : Arch. Nat., 581AP107. — Arch. Dép. Mayenne, Fonds du SNI-PEGC, La Voix Syndicale, Feuille d’information du SNI (grand format, imprimée recto-verso, non datée, mais de 1944). — Hommage à Francis Robin, édité par le SNI. — Témoignage de Marie-Madeleine Robin. — Travaux de Jacques Omnes. — Notes de Jacques Girault.

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