ROBIN Jean, Mathurin

Par Alain Prigent, François Prigent

Né le 28 janvier 1933 à Saint-Gelven (Côtes-du-Nord), mort le 21 juillet 2014 à Rostrenen (Côtes-d’Armor) ; instituteur, PEGC puis documentaliste ; militant du SNI ; militant du PSU puis du PS ; adjoint au maire de Rostrenen (2001-2008).

Jean Robin était le fils de Jean, Baptiste Robin, et de Marie Stéphan, petits paysans de Saint-Gelven. Il fit ses études à l’école publique de Saint-Gelven puis au cours complémentaire de Rostrenen dirigé par le syndicaliste Etienne Chevance. Il fut reçu à l’Ecole normale d’instituteurs de Saint-Brieuc dans la promotion 1948-1952. A sa sortie de l’ENI, il enseigna pendant deux années à l’école primaire de la rue Guébriant à Saint-Brieuc. Il fit ensuite son service militaire (1953-1955) puis fut rappelé quelques mois en Tunisie. Il fut ensuite nommé avec son épouse sur un poste double au cours complémentaire de Broons dirigé par M. Brandily, y restant cinq années (1955-1960). Le couple souhaita alors revenir dans leur région d’origine. Ils furent nommés au CEG de Rostrenen. Maître de collège puis PEGC, Jean Robin enseigna les lettres au CEG devenu collège Édouard Herriot de Rostrenen. Après avoir suivi une formation il termina sa carrière en 1988 dans ce même collège comme documentaliste.

Membre du Syndicat national des instituteurs, en poste à Saint-Brieuc, il fut candidat en 23e position (sur 24) sur la liste représentant le courant FO au conseil syndical du SNI en janvier 1954 conduite par la socialiste Henriette Glon où l’on trouvait aussi Sylvain Loguillard. Cette liste qui obtint 4 sièges s’opposait au courant majoritaire cégétiste emmené par Georges Helloco. Rejoignant le courant Ecole Emancipée, en poste à Broons, il figura en 17e position sur la liste conduite par Emile Orain en janvier 1959. La tendance EE qui obtint 4 sièges décida après un intense débat interne d’intégrer le bureau de la section départementale tout en gardant son identité. Yves Thomas fut élu secrétaire adjoint aux affaires corporatives de la section du SNI sous la direction d’Emile Thomas, jusqu’à son départ pour la région parisienne, puis de Maurice Renault de 1959 à 1965, date à laquelle sa tendance décida de mettre un terme à cette expérience.

Candidat sur la liste de l’Ecole Emancipée au conseil syndical du SNI en 1959, 1960 et 1962 en position non éligible, il figura sur la liste EE à l’élection au bureau national du SNI en 1960 en 7e position. Délégué cantonal à Rostrenen en 1961, élu sur la liste de l’Ecole Emancipée au conseil syndical du SNI en 1964, Jean Robin devint alors un des dirigeants importants du courant EE dans le département avec Yves Thomas et Roger Le Roux, sans être comme eux lié à l’OCI. Délégué au congrès national du SNI, le 14 juillet 1965, Jean Robin intervint dans la discussion du rapport de Paulette Crépin sur « l’école et la formation civique ». Dans ses propos, il considérait que « le capitalisme par la pratique du confort veut créer des illusions pour les ouvriers ». Délégué au congrès de Paris en juillet 1967, il intervint au nom de l’EE dans la discussion du rapport moral présenté par Jean Daubard. Il défendit aussi les positions de l’EE sur la question de congrès (La régulation des naissances). Rappelant le rôle du Mouvement français pour le planning familial, il demanda que le SNI se prononce sur l’abrogation de la loi de 1920 ouvrant ainsi la voie au droit à l’avortement. Elu au titre de la tendance EE pendant une décennie (1965-1975), au sein d’un conseil syndical dirigé par Maurice Renault puis Basile Le Négaret (courant U et A), il fut encore candidat sur la liste de l’Ecole Emancipée au conseil syndical du SNI-PEGC en 1975 et 1979. Il fut un des militants les plus en vue pendant la grève de mai et juin 1968, intervenant au nom de la FEN lors du meeting intersyndical le 29 mai 1968 à Rostrenen. Elu à la CAPD (1966-1968), il fut ensuite représentant du personnel à la CAPA des PEGC de 1971 à 1977 comme suppléant puis titulaire. Il fut membre de la commission administrative de la section FEN-22 du 30 avril 1964 qui intégra pour la première fois les délégués des sous-sections.

Membre du Parti socialiste unifié au début des années 1960, il en devint un des dirigeants départementaux d’une fédération puissante au plan national de cette structure des nouvelles gauches. Secrétaire de la section de Rostrenen du PSU jusqu’à la fin des années 1970, il fut suppléant sur la liste conduite par Yves Le Foll, maire de Saint-Brieuc, aux élections sénatoriales du 26 septembre 1971, liste qui obtint 270 voix en moyenne, soit 19,2 % des suffrages des grands électeurs. Les listes PSU, PCF et PS furent devancées par la droite qui eut trois élus, Pierre Marzin, Lemarié De Bagneux élus dès le 1er tour.

Il milita au sein de la fédération Bretagne du PSU jusqu’en 1981. Il adhéra ensuite au Parti socialiste.

Jean Robin présenté par le PSU aux élections municipales en 1965 sur la liste d’union des gauches à Rostrenen conduite par les conseillers municipaux sortants, le communiste Auguste Le Magorec et le PSU Jean Pichavant. Cette liste s’opposait au maire sortant Yves Le Bourge qui conduisait une liste d’Union Républicaine (MRP-SFIO) sur laquelle figurait trois élus sortants SFIO, Joseph Le Touz, Jean-Baptiste Auffret et Yves Le Bacquer. Elu, il siégea dans l’opposition jusqu’au 28 juin 1970. En effet une élection municipale eut lieu à Rostrenen afin de former un nouveau conseil municipal consécutif à la mise en place du grand Rostrenen. La liste de l’ancien député communiste Guillaume Le Caroff sur laquelle figurait Jean Robin l’emporta. Ce succès confirmé l’année suivante en mars 1971, il devint alors un des adjoints au maire. Candidat en 1977, il ne fut pas réélu. Après un mandat dans l’opposition au maire de droite Christian Gautier de 1995 à 2001, il fut élu adjoint au maire de 2001 à 2008, délégué à la communication, auprès du maire communiste Ange Herviou (1998-2011).

Défenseur de la langue et la culture bretonnes, pendant son dernier mandat, il participa aux travaux sur la traduction et la mise en place d’une signalisation bilingue des noms de rues. Il fut pour beaucoup dans la traduction en breton de l’éditorial du bulletin municipal et surtout dans la signature par la commune de la charte "Ya d’ar brezhoneg" (Oui à la langue bretonne).

Jean Robin, instituteur, se maria le 4 août 1954 à Rostrenen, avec une normalienne (promotion 1950-1954), Yvette Viot, fille de Maria Rolland, employée communale et de Marcel Viot, électricien, radio-télégraphiste, espérantiste, militant communiste, officier de sécurité des FTPF, décédé le 10 août 1947. Le couple eut trois enfants Jean-Dominique, Thierry et Marc.
Un hommage civil fut rendu à Jean Robin le jeudi 24 juillet à la salle des fêtes de Rostrenen.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article167099, notice ROBIN Jean, Mathurin par Alain Prigent, François Prigent , version mise en ligne le 2 novembre 2014, dernière modification le 17 juin 2015.

Par Alain Prigent, François Prigent

SOURCES : Arch. Nat. : 581AP109. —Arch. Dép. Côtes d’Armor, 47W6 (rapport des renseignements généraux, juin 1968) ; 1192W18 (Elections municipales 1965), 1192W21 (Elections municipales 1971), 1192W25 (Elections municipales 1977). —Arch. de la FSU 22 (bulletins des sections départementales du SNI et de la FEN). —Alain Prigent (sous la direction de), Des salles de classe aux luttes sociales : Mai-juin 1968 dans les Côtes-du-Nord, Publication FSU-22, 2009. —François Prigent, Les réseaux socialistes en Bretagne des années 1930 aux années 1980, thèse de doctorat, Université de Rennes 2, 2011. — Etat-civil précisé par la mairie de Rostrenen (Yoann Le Neillon). — Entretien avec Jean-Dominique Robin et Yvette Robin le 12 juin 2015.— Notes de Jacques Girault.

ICONOGRAPHIE : photo fournie par J.D. Robin.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable