BILBILLE Georges

Par Laurent Besse

Né le 15 décembre 1920 à Paris (VIe arr.), mort le 10 septembre 2006 en Haute-Savoie ; permanent des Maisons des Jeunes et de la Culture ; militant associatif dans le Ve arr. de Paris ; secrétaire du syndicat des directeurs FEN-CGT des MJC.

Georges Bilbille était petit-fils de Alfred Bilbille*, déporté de la Commune, fils d’un peintre en bâtiment franc-maçon et d’une représentante de commerce. Après le divorce de ses parents en 1924, il vécut avec son père qui se déplaça des chantier en chantier en région parisienne, ou fut placé dans différentes familles en pension, ce qui entraîna une scolarité en pointillés. Il fut cependant marqué par sa grand-mère maternelle, titulaire d’un brevet supérieur, institutrice remplaçante et grande lectrice. Après le décès de son père, il fut placé aux Orphelins Apprentis d’Auteuil et fréquenta des préventoriums, où il découvrit les Éclaireurs de France et les joies de la nature. Il devint opérateur géomètre en 1938, puis exerça différents métiers dans l’Aisne. Au cours de l’invasion de 1940, il se replia dans la Mayenne, puis à Toulouse. Il s’engagea au 92e RI et entra à l’école de cadres de Hompt comme instructeur. Après l’invasion de la zone libre et la dissolution de l’armée d’armistice, il tenta de passer en Espagne. Arrêté à Tarascon-sur-Ariège, libéré sous caution, Georges Bilbille gagna alors Paris, où, pour échapper au STO, il trouva un emploi comme professeur de français et d’éducation physique au centre d’apprentissage de Pantin, grâce à un ancien chef éclaireur. Fin 1943, il rejoignit le maquis Henri en Bourgogne (région de Semur-en-Auxois) et s’engagea dans la Première armée jusqu’à la Libération de Colmar. Démobilisé, il regagna Pantin, où il reprit ses fonctions au centre d’apprentissage et participa à la première session de l’Éducation par le jeu dramatique (EPJD) sous la direction de Jean-Marie Conty, anvant d’entrer à l’usine Marshall Forges, principal débouché des apprentis formés par le centre. Il fut conducteur de presse puis affecté au service de la paie. Il contribua à organiser deux grèves. Début 1948, il apprit l’existence par le directeur du centre d’apprentissage, Éclaireur de France, de l’ouverture d’un poste de directeur à la Maison pour Tous de la rue Mouffetard. Recruté par Ronald Seydoux, président du conseil d’administration et les deux demoiselles Levasseur (Mère Louve et Tante Guite), il prit ses fonctions dans cette maison implantée dans un quartier populaire du Ve arrondissement de Paris. La Maison pour Tous, qui possédait la double affiliation de Centre social et de Maison des Jeunes et de la Culture, jouissait d’une image flatteuse, liée à son action au cours de la première moitié du siècle. Elle n’avait plus en 1948 qu’une activité réduite, limitée à son petit restaurant social, à quelques réunions de mouvements de jeunesse et d’associations du quartier, organisées dans ses locaux vétustes, et enfin, aux camps de vacances, supervisés par Mère Louve et Tante Guite. Georges Bilbille transforma peu à peu la maison en l’ouvrant davantage au quartier et aux artistes, avec comme première expérience dès 1948, la venue de la troupe du Cheval Arlequin de Jean Doat, où jouaient Raymond Devos - qui devint son ami proche - et la comédienne Madeleine Marie, qui devint sa femme. Théâtre, mais aussi chanson et cabaret, progressivement « la Mouffe » et le Théâtre de l’Épée de Bois créé à quelques rues de la Maison devinrent une scène où se produisirent d’innombrables artistes de music-hall ou de variétés, connus ou non, que la maison accueillît dans le théâtre Mouffetard, rénové par ses soins. À ces activités, Georges Bilbille ajouta une action en direction du quartier pour les jeunes et les adultes : activités classiques de sports et loisirs, mais aussi conférences et accueil d’associations, comme les « 30 par 40 », célèbre club de photographes amateurs. Il créa le Comité de rénovation du Ve arrondissement qui devint le Comité d’Aménagement de l’arrondissement, les « Amis du Vieux Mouffetard », la « Commune libre » et le journal « Réalités 5e », tout en assurant le secrétariat de l’Office municipal des Sports du Ve arrondissement de 1949 à 1971. Au sein de la Fédération Française des MJC, Georges Bilbille exerça les fonctions de secrétaire du syndicat des directeurs FEN-CGT dès 1948 et participa à la négociation du premier statut national des directeurs de MJC en 1948. À partir de la fin des années 1950, et surtout de 1961, lorsque l’influence communiste au sein de la FEN-CGT fut beaucoup plus marquée, le rôle de Georges Bilbille, de tempérament libertaire, fut plus limité, ce qui ne l’empêcha pas d’exercer quelques fonctions au sein du bureau syndical, comme en 1962-1963. Enfin, par l’accueil et la formation de nombreux directeurs stagiaires, Georges Bilbille et « la Mouffe » marquèrent les MJC de leur empreinte. À partir de mai 1968, les relations jusque-là courtoises que la Mouffe entretenait avec les autorités du 5e arrondissement se dégradèrent, le nouveau député Jean Tibéri n’acceptant pas le rôle de forum qui avait été celui de la maison pendant les événements. Les incidents se multiplièrent et le financement du poste de directeur fut dénoncé par la Ville de Paris en 1971. La maison continua son action avec des moyens réduits et Georges Bilbille prit un poste à Yerres, dans le cadre de l’équipement intégré (MJC-Centre social-Collège-Bibliothèque), à la conception duquel il avait été associé dès les années soixante. Il jugea l’expérience décevante et devint chargé de formation des directeurs de MJC, dans le cadre d’une convention avec l’université Paris 7. En 1976, il rejoignait la Savoie, pour prendre un poste de délégué régional de la FFMJC. Il s’intéressa plus particulièrement à l’animation des MJC rurales et aux activités culturelles. Il prit sa retraite en 1981 sur les bords du lac d’Annecy, tout en continuant à s’intéresser aux expériences d’animation rurale, et surtout en commençant une seconde carrière de comédien avec des compagnies professionnelles de théâtre.
Ses obsèques eurent lieu le 15 septembre 2006 au cimetière de Saint-Jorioz (Haute-Savoie).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16713, notice BILBILLE Georges par Laurent Besse, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 2 février 2022.

Par Laurent Besse

SOURCES : Dossier de personnel, archives de la FFMJC. — Entretiens avec Georges Bilbille février et mai 2002. — Georges Bilbille, Une histoire de théâtre du côté de Mouffetard, Éditions Alzieu, Grenoble, 2003, 474 p. — « Entretien avec Georges Bilbille » in La nouvelle fabrique de l’histoire, émission d’Emmanuel Laurentin diffusée sur France-Culture le 1er juin 2005. « Les MJC : l’éducation populaire au service de la jeunesse » in La nouvelle fabrique de l’histoire, le 24 mai 2004.

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