PRIETO HIDALGO Ernesto, écrit parfois PRIETTO

Par Julien Lucchini, Carlos Fernandez, Annie Pennetier

Né le 3 novembre 1918 à Braloneva ou Villanueva del Duque en Andalousie (Espagne), fusillé le 13 février 1943 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; Espagnol ; mineur, ferrailleur ; militant du Parti communiste d’Espagne clandestin ; résistant de l’Organisation spéciale (OS) ; Procès des 42.

Ernesto Prieto Hidalgo
Ernesto Prieto Hidalgo
Arch.dép.44.

Fils de Jose Prieto et de Dolores Hidalgo, Ernesto était le cadet de cinq enfants d’une famille de mineurs de la province de Cordoue. Suite au décès de son père, elle alla s’installer sur un autre site minier de la Catalogne intérieure. Son parcours pendant la guerre d’Espagne nous reste inconnu. Sa famille partageait les idées républicaines, notamment sa mère qui lui conseilla de se réfugier en France au moment de la Retirada de l’armée républicaine. Comme des milliers de républicains espagnols,en janvier-février 1939, Ernesto Prieto Hidalgo prit le chemin de l’exil à travers les Pyrénées, puis fut interné dans les camps des Pyrénées-Orientales d’Argelès-sur-Mer puis du Barcarès. Il s’engagea dans une Compagnie de travailleurs étrangers CTE, à la fin de l’année 1939, il se trouvait près d’Évreux (Eure) dans la 114e CTE, une photo parvenue à sa famille l’atteste. Sa compagnie travaillait à la construction d’une usine d’aviation. En juin 1940, elle fut évacuée vers la Haute-Vienne et affectée aux travaux forestiers. Les CTE devinrent en septembre 1940, des Groupements de travailleurs étrangers GTE, placés sous l’autorité allemande . Ensuite, Ernesto Prieto Hidalgo rejoignit Nantes qu’il quitta, début avril 1942, pour Blain (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), où résidaient une cinquantaine d’étrangers employés par les autorités allemandes.Ces travailleurs participaient aux travaux de fortification du Mur de l’Atlantique dans le cadre de l’organisation Todt. Ernesto Prieto Hidalgo occupait un emploi de ferrailleur dans une entreprise de boulonnerie.
Le maire de Blain, le 25 juillet 1942 alerta le préfet de la difficulté à surveiller ces gens qui ont "conservé un domicile à Blain, d’où un va-et-vient qui peut permettre en cas d’attentats ou de troubles, la création d’alibi." Contacté par le communiste Benedicto Blanco Dobarro , Ernesto Prieto Hidalgo entra dans le Parti communiste d’Espagne clandestin et distribua des tracts. En mai 1942, il intégra un " Groupo Especial" de guérilleros communistes espagnols dirigé par Alfredo Gomez Ollero et constitué à l’initiative du Parti communiste d’ Espagne à l’automne 1941.
Suite aux arrestations des résistants espagnols débutées à Nantes le 27 juin 1942, il quitta Blain le 4 septembre avec trois membres de sa cellule clandestine pour se réfugier dans la caserne désaffectée de La Briandais à Saint-Nazaire, où il fut arrêté le 17 septembre 1942, "pour organisation terroriste et transport d’armes". Benedicto Blanco Dobarro, Basilio Blasco Martin, Miguel Sanchez Tolosa et Ernesto Prieto Hidalgo étaient le 18 septembre entre les mains du SPAC, Service de la police anti communiste. Internés à la prison Lafayette de Nantes le 21 septembre puis condamnés à mort le 28 janvier 1943 par le tribunal militaire allemand FK 518 de Nantes, dans le cadre du procès appelé plus tard "procès des 42" pour « appartenance à une organisation terroriste », Ernesto Hidalgo Prieto et ses compagnons ont été fusillés par un peloton de soldats allemands le 13 février 1943 au terrain militaire du Bêle à Nantes.

Ernesto Prieto Hidalgo fut inhumé au cimetière de La Chapelle-Basse-Mer, avec ses camarades espagnols fusillés le même jour : Benedicto Blanco Dobarro, Basilio Blasco Martin, Alfredo Gomez Ollero et Miguel Sanchez Tolosa, aux côtés de 12 Français dont les corps réintégrèrent plus tard les lieux de sépulture souhaités par leurs familles.Les résistants espagnols y reposent toujours.
La mention "Mort pour la France" lui fut attribuée suivant la décision du Ministre des Anciens combattants le 12 mars 1947.

En 2004, suite à la victoire de la gauche aux élections espagnoles, le « Collectif du Procès des 42 » créé par le Comité départemental du souvenir des fusillés de Nantes et Chateaubriant eut l’idée d’envoyer aux autorités de Madrid un avis de recherche pour tenter d’établir le contact avec les familles de ces cinq fusillés. C’est ainsi que, très vite, deux premières familles se manifestèrent, des familles qui ignoraient tout de leur parent, frère, père, grand-père ou oncle, depuis son départ d’Espagne. Tout au plus avaient-elles été informées du décès, mais elles ignoraient l’activité de résistant, le procès, l’exécution et, bien sûr, le lieu de la sépulture.
La venue de ces familles à Nantes et leur recueillement sur les lieux où leur ancêtre avait été exécuté ou enterré ont donné lieu à des scènes émouvantes. Dans la foulée, le carré du cimetière de La Chapelle-Basse-Mer fut remis à neuf, et une sculpture, réalisée par le plasticien d’origine allemande Ekkehart Rautenstrauch et payée par une souscription volontaire, fut inaugurée le 12 février 2006, en présence des deux filles d’Alfredo Gomez Ollero, de la soeur de Miguel Sanchez Tolosa et d’une foule de 400 personnes.Le 13 février 2010, pour la première fois, la famille d’Ernesto Prieto Hidalgo y participa ; Annie Buraud et Gérard Roulic du « Collectif du Procès des 42 » après quatre années de recherche, y compris dans son village d’origine, avaient retrouvé des membres de sa famille.
Un hommage leur est rendu chaque année.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article167131, notice PRIETO HIDALGO Ernesto, écrit parfois PRIETTO par Julien Lucchini, Carlos Fernandez, Annie Pennetier, version mise en ligne le 16 mars 2015, dernière modification le 24 avril 2022.

Par Julien Lucchini, Carlos Fernandez, Annie Pennetier

Ernesto Prieto Hidalgo
Ernesto Prieto Hidalgo
Arch.dép.44.

SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII 4 (Notes Thomas Pouty) . — Arch. Dép. Loire-Atlantique, 305 J 3. — Carlos Fernandez, archives consultées : [Arch. Dép. Loire-Atlantique 1623W43, 1305 W40, 27J60, 1693W109. Arch.mun. Blain 2J13). — Carlos Fernandez, De la guerre d’Espagne... à la Résistance, Comité départemental du souvenir des fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure, Amicale de Châteaubriant, Voves-Rouillé, Nantes, 2010 . — Acte de décès.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable