Par Pierre Vincent
Née le 30 avril 1916 à Troyes (Aube), morte le 17 janvier 2002 à Montreuil (Seine-Saint-Denis) ; employée au service administratif ; membre du comité central des activités sociales (CCAS) de 1957 à 1966 ; membre du bureau de la Fédération CGT des cheminots (1956-1970) ; membre suppléant du conseil d’administration de la Confédération CGT (1955-1961) ; collaboratrice politique la Fédération syndicale mondiale (1970-1976).
De 1936 à 1971, l’activité militante de Ginette Billaudel s’est faite sous le nom de son mari Maurice Billaudel, ouvrier métallurgiste, bien qu’elle se soit séparée de son mari en 1944 et ait divorcé en 1951. Fille d’un mécanicien de route du dépôt de Lumes (Ardennes) et d’une bonnetière, Ginette Billaudel obtint le brevet à l’issue de sa scolarité, puis un diplôme de sténo-dactylo-comptable. Elle commença à travailler dans un établissement privé de sa région, puis entra à la SNCF en juin 1943, à l’Entretien de Lumes comme expéditionnaire. Commissionnée à la Libération, puis mutée aux ateliers de Noisy-le-Sec (Seine), elle accéda ensuite au grade d’employée, puis d’employée principale.
Pendant la période de guerre, elle participa à la solidarité pour les réfugiés espagnols. Elle donna les renseignements qu’elle put récolter dans son emploi et aida à la solidarité pour les familles des deux déportés de l’Entretien de Lumes.
C’est à la Libération qu’elle prit toute sa place dans l’activité militante au plan syndical et qu’elle occupa diverses fonctions électives. Déléguée de sa catégorie professionnelle, elle se distingua également dans le domaine des activités sociales (comités locaux et régionaux des activités sociales). Élue au comité central des activités sociales (CCAS) en août 1957, elle allait le rester jusqu’en 1966.
Elle commença aussi à mener une activité spécifique parmi les femmes dans la même période. Ainsi elle participa à la première conférence mondiale des femmes à Copenhague en 1953. Membre de la commission confédérale des femmes, elle fut élue à la commission administrative de la CGT en 1955, comme membre suppléante, et y resta jusqu’en 1961.
En 1956, elle avait été élue au bureau fédéral. Première femme à occuper ce niveau de direction au sein des organismes de la Fédération CGT des cheminots, elle indiquait elle-même qu’il lui avait fallu beaucoup de volonté et qu’elle avait dû vaincre ses complexes. Son secteur d’activité à la Fédération était vaste. Il comprenait le travail de direction des cheminotes, le suivi des services administratifs et des activités sociales, notamment comme responsable de la délégation au CCAS. Elle était également membre du comité de gérance de la Caisse des retraités en avril 1967.
À quelques mois de son départ en retraite, après avoir quitté ses fonctions au bureau fédéral au congrès de 1970, Georges Séguy lui demanda de partir à Prague au siège de la Fédération syndicale mondiale (FSM) comme collaboratrice politique. Dans ses nouvelles responsabilités, elle créa le bureau de documentation de la FSM et elle retrouva des activités en direction des femmes, préparant notamment le rapport introductif de la conférence mondiale. Elle représenta la FSM à la session de l’ONU tenue au siège du Bureau international du travail (BIT) à Genève dans le cadre de la préparation de l’année de la femme en 1975.
Elle rentra en France en 1976 et participa aux activités de sa section de retraités de Bondy.
Ginette Billaudel était mère de trois enfants.
Par Pierre Vincent
ICONOGRAPHIE : La Tribune des cheminots, no. 128, 1er février 1956.
SOURCES : Arch. Fédération CGT des cheminots. — La Tribune des cheminots. — Comptes rendus des congrès fédéraux. — Pierre Vincent, « La place des dirigeants cheminots dans la confédération, de ses origines à nos jours », Les cahiers de l’institut, n° 2. — Renseignements communiqués par Ginette Billaudel. — Notes de Jean-Pierre Bonnet, de Slava Liszek et de Georges Ribeill. — État civil.