BERGMANS Jean.

Par Jean Neuville. Notice actualisée par Francine Bolle et Jean Puissant

4 février 1867 – 9 juillet 1927. Ouvrier typographe au journal Le Peuple, premier secrétaire permanent rémunéré de la Commission syndicale (syndicat socialiste), conseiller communal à Koekelberg (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale) puis à Bruxelles.

Jean Bergmans est le troisième secrétaire, mais le premier à être permanent et rémunéré, de la Commission syndicale (CS). Le premier secrétaire, Alphonse Octors*, assume cette fonction, bénévolement, dès la création de la CS en 1898. Jean Rampelberg* lui succède en juin 1903. Dans le rapport moral du Congrès de la CS de 1903, ce dernier insiste fortement pour qu’un secrétaire permanent soit nommé car les bénévoles occupés pendant onze ou douze heures par jour ne peuvent plus faire face aux exigences de prestations pour la CS en dehors de leur journée de travail.

Le Congrès de 1904 réorganise la CS : il la dote d’un bureau exécutif dont font partie Rampelberg et Jean Bergmans. Jean Rampelbergh demeure secrétaire jusqu’au 20 janvier 1905, date à laquelle il devient administrateur du Journal des correspondances, Alphonse Octors en étant le secrétaire de rédaction. Bergmans en devient administrateur en septembre 1905.

Le 20 janvier 1905, les attributions de fonctions sont déterminées et Jean Bergmans devient secrétaire. C’est au Congrès de Noël 1906 seulement que la décision de nommer un secrétaire permanent est prise. Le rapport présenté par Roméo « sur la création d’un secrétariat permanent et sur l’augmentation des cotisations », indique qu’il faudrait à la tête de la Commission syndicale « au moins un secrétaire permanent, un homme qui consacrerait toutes ses facultés, tout son talent à la cause des travailleurs... ». La nomination devant se faire à « bref délai », un appel aux candidatures est lancé en avril par Jean Bergmans qui, pour l’heure, fait fonction de secrétaire. Le traitement annuel est de 2.400 francs, somme maximum proposée par Bergmans dans le rapport au Congrès du Parti ouvrier belge d’avril 1906 (le minimum étant de 2.100 francs et les frais de fonctionnement de 1.140 francs). Parmi les conditions à remplir, il faut connaître le français et le flamand. Il y a sept candidats dont Jean Bergmans, retenu par huit voix sur douze, « parce que son passé dans le mouvement syndical constituait une grande espérance d’initiative et que, depuis assez longtemps, il remplissait les fonctions de secrétaire qu’il postulait. »

Jean Bergmans devient donc le premier secrétaire permanent rémunéré et entre en fonction le 1er juillet 1907.
Il faut dire qu’à son actif, Bergmans avait fait en 1906 un mois de prison « pour atteinte à la liberté du travail » lors d’une grève des chapeliers à Bruxelles. Il a donc l’auréole des victimes de l’article 310 du Code pénal contre lequel les syndicalistes mènent campagne. De plus, il a assumé les fonctions de secrétaire de l’organisation des ouvriers des services publics, des chapeliers, etc. Jean Bergmans assure aussi « le secrétariat syndical » au sein de la Fédération bruxelloise du Parti ouvrier belge (POB) en 1906-1907. La Commission syndicale lui a déjà témoigné sa confiance en le nommant secrétaire pour les relations internationales en plus de ses fonctions de secrétaire national au moment où Alphonse Octors démissionne de cette fonction le 19 novembre 1906 pour se donner tout entier à ses fonctions d’administrateur délégué de la coopérative, La Maison du peuple de Bruxelles.

Jean Bergmans intervient d’ailleurs à plusieurs reprises aux congrès syndicaux. À celui de décembre 1902, il appuie la proposition de Guillaume Solau* (présentée par Albert Daver*) sur les fédérations nationales, demandant au POB d’exiger de ses syndicats adhérents de s’affilier à leur fédération nationale. À ce même congrès, il combat l’idée de caisse de grève nationale, préconisée par Joseph Baeck dans son rapport, « parce qu’elle susciterait des divisions entre les corps de métier. » (Joseph Baeck y voit, au contraire, le moyen d’assurer la solidarité entre les syndiqués de métiers différents). Au Congrès de 1904, il fait rapport et dépose des conclusions sur le Fonds de chômage qui sont adoptées, conclusions dont l’une dit que « le chômeur ne peut pas être forcé par le règlement d’accepter un emploi avec un salaire inférieur au minimum fixé par son union professionnelle et à prendre une place dans une fabrique où les ouvriers sont en grève. »

Une fois nommé secrétaire permanent de la Commission syndicale, Jean Bergmans s’attache à mener une action systématique pour concentrer les forces syndicales « d’une même industrie dans un seul organisme national puissant en énergie et en argent. Un fonds de lutte doit être créé. » Il est également secrétaire-rédacteur du Journal des correspondances d’août 1907 à novembre 1911, puis rédacteur en chef de décembre 1911 à juillet 1913.

Fin 1907, à l’occasion de la grève des carriers du Tournaisis (pr. Hainaut), luttant contre une diminution de salaire, Jean Bergmans remplace le système habituel de collecte par un système de taxation afin d’aider les grévistes : « Dans le but de venir en aide aux carriers et de faire respecter un droit dont le maintien intéresse toute la classe ouvrière et de mettre fin à l’ancien système des collectes et des souscriptions volontaires, qui n’a rien d’organique et qui s’inspire de l’antique principe de charité, la Commission syndicale, réunie le 16 décembre dernier, a décidé de demander aux fédérations nationales de métier et aux groupes autonomes affiliés à votre centrale, de taxer leurs membres hebdomadairement à raison de 5 centimes par tête au profit des grévistes du Tournaisis ».

En tant que secrétaire de la CS, Jean Bergmans joue un rôle important dans le renforcement de plusieurs groupements syndicaux, participant notamment à leurs congrès fondateurs de fédérations ou centrales nationales notamment les employés le bâtiment, les transports et surtout les chapeliers en paille et feutre.

Pour ce qui est de l’organisation du mouvement, Jean Bergmans veut la centralisation et aussi l’établissement d’un cadre permanent : « Des fonctionnaires, des secrétaires permanents doivent être institués à la tête de chaque centrale nationale. Des secrétaires doivent être mis à la tête de chacune des fédérations régionales. » Il ne veut pas non plus rester seul permanent à la Commission syndicale, car, explique-t-il au Congrès de 1910, pour fournir le travail nécessaire, « un homme ne suffit pas, il est au-dessus de ses forces. » Son ambition est de faire de la Commission syndicale « un organisme à la hauteur des exigences toujours croissantes résultat de nos luttes offensives et défensives contre l’exploitation patronale. » Le 25 octobre 1911, Corneille Mertens* devient le « second fonctionnaire permanent » désigné par la CS et le 19 novembre 1912, l’assemblée générale de la CS rend sa nomination définitive. À partir de cette année 1912, c’est d’ailleurs Mertens qui rédige les articles significatifs du Journal des correspondances, Bergmans semblant bien s’occuper surtout des relations internationales.

En 1913, Jean Bergmans cesse d’être secrétaire, « après diverses difficultés d’ordre intérieur », dixit Corneille Mertens*. Il rentre dans l’industrie privée. Il est remplacé par Arthur Focant* qui démissionne dès septembre 1916.

Sur le plan politique, Jean Bergmans est membre du Cercle de propagande socialiste dont il est, avec Georges Maes et Pierre Huygens*, délégué au Congrès du Parti ouvrier belge (POB) en avril 1890. Il fait également partie de la Ligue ouvrière de Koekelberg dont il est délégué aux Congrès de 1896 (il fait partie du comité de vérification des comptes) et de 1897. En 1895, il est élu conseiller communal à Koekelberg sur une liste d’union avec les libéraux et dès 1911, conseiller à Bruxelles. En 1896, il est candidat au poll pour les élections législatives.

Comme Flamand, Jean Bergmans est chargé par le POB de la propagande dans le Limbourg, d’où « il revint un jour dans un piteux état, les ouvriers fanatiques, excités contre les orateurs socialistes, l’ayant, ainsi qu’un second orateur, à moitié assommé ». (« In Memoriam : Jean Bergmans », Le Mouvement syndical belge, n°15, 16 juillet 1927, p. 210)

Jean Bergmans ne paraît pas avoir joué un rôle de premier plan dans le POB. Lors du Congrès de 1899, il se prononce pour le rétablissement de la retenue sur l’indemnité parlementaire, retenue qui avait été supprimée lors du Congrès de Verviers (pr. Liège, arr. Verviers) en 1898. Au Congrès de 1901, il demande que soit propagée l’idée d’admettre les femmes dans les ligues ouvrières. En 1906, il communique le projet de budget pour un secrétaire permanent à la Commission syndicale. Il est le rapporteur sur l’activité de celle-ci au Congrès de 1911 par exemple. Cette prestation est liée à ses fonctions de secrétaire de la Commission syndicale dont il est le délégué au bureau du Conseil général du parti, à partir de janvier 1905. Jean Bergmans est membre de la commission, créée par le Conseil général le 10 mai 1911 et chargé de la révision des statuts du parti et, en 1912, membre du bureau du Congrès extraordinaire du POB qui discute de la question de la grève générale pour le suffrage universel.

Jean Bergmans est un des fondateurs de la société coopérative d’assurances, La Prévoyance sociale, en 1907.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article167477, notice BERGMANS Jean. par Jean Neuville. Notice actualisée par Francine Bolle et Jean Puissant, version mise en ligne le 16 novembre 2014, dernière modification le 6 janvier 2020.

Par Jean Neuville. Notice actualisée par Francine Bolle et Jean Puissant

SOURCES : « In Memoriam : Jean Bergmans », Mouvement syndical belge, n°15, 16 juillet 1927, p. 210 – BONDAS J., Un demi-siècle d’action syndicale, 1898-1948. Histoire de la CS de la CGTB et de la FGTB, Bruxelles, 1948.

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