BIONDI Jean, Dominique

Par Élie Fruit

Né le 9 mai 1900 à Sari d’Orcino (Corse), mort accidentellement le 10 novembre 1950 à Groslay (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) ; professeur ; militant du Parti socialiste SFIO ; résistant, déporté ; député de l’Oise (1936-1940, 1945-1950), maire de Creil (1935-1941, 1945-1950), président du conseil général de l’Oise (1945-1949) ; secrétaire d’État dans de nombreux gouvernements de la IVe République.

Jean Biondi dans les années 1930
Jean Biondi dans les années 1930
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1936

Après ses études secondaires au collège d’Ajaccio (Corse), Jean Biondi débuta dans l’enseignement comme maître d’internat à Romorantin (Loir-et-Cher) puis au lycée Saint-Louis à Paris. Ayant obtenu sa licence ès sciences, il fut nommé professeur adjoint au lycée Condorcet.

Inscrit au Parti socialiste SFIO, dès l’âge de vingt-cinq ans, il adhéra en 1930 à la section de Creil qui le mandata à la commission administrative de la Fédération de l’Oise. Il se signala rapidement à l’attention par une série d’articles dans le Cri populaire de l’Oise (« L’École du réalisme », « Face à la réaction », « Serrons les rangs », « Bas les masques ! » etc.) et par ses interventions dans les congrès socialistes. Au congrès fédéral extraordinaire du 2 avril 1933, précédant le congrès national d’Avignon, il défendit la politique de soutien au gouvernement Daladier ; délégué au congrès de la Mutualité de juillet 1933, il soutint la motion d’unité socialiste de Vincent Auriol. En 1934 et 1935, il représenta la Fédération de l’Oise aux congrès de Toulouse et de Mulhouse. Au XXIVe congrès tenu à Marseille du 10 au 13 juillet 1937, il siégea à la commission des résolutions en qualité de délégué pour la motion Blum-Paul Faure et fut désigné par le congrès comme membre du comité de direction du Populaire.

Aux élections du conseil général de l’Oise d’octobre 1934, Biondi fut élu dans le canton de Neuilly-en-Thelle, battant le conseiller sortant Pierre Ruillier, dissident du Parti socialiste SFIO. Aux élections législatives partielles de février 1936, dans la deuxième circonscription de Senlis, pour le remplacement du député Uhry décédé, il fut élu au deuxième tour et accéda peu de jours après à la charge de maire de la ville de Creil dont il était déjà conseiller municipal. Il fut réélu au deuxième tour des élections générales, le 3 mai 1936.

Durant son mandat de député que la guerre de 1939 devait interrompre, il intervint en particulier, lors des discussions sur le budget, en faveur des conditions de travail du personnel de l’enseignement technique et des salaires des cheminots.

Le 10 juillet 1940, à Vichy, où le gouvernement et les parlementaires s’étaient réfugiés, il compta parmi les quatre-vingts parlementaires qui refusèrent les pouvoirs constitutionnels au maréchal Pétain.

Relevé de ses fonctions de conseiller général et révoqué de celles de maire de Creil, Jean Biondi fit partie du Comité d’action socialiste de la zone sud en 1941, entra dans la lutte clandestine contre l’occupant, ce qui lui valut une première arrestation en 1942 : relâché, il devint chef de secteur du réseau de résistance « Brutus », de nouveau arrêté, il fut emprisonné à Fresnes et à Compiègne, torturé et déporté successivement dans les camps de Mauthausen (Allemagne) et d’Eliensee (Autriche) où les alliés le délivrèrent au mois de mai 1945. Dès son retour, il reprit ses activités militantes à la Fédération SFIO de l’Oise et il fut notamment directeur politique de l’hebdomadaire L’Oise socialiste. Successivement, ses mandats de maire de Creil et de conseiller général lui furent rendus et il fut élu président du conseil général de l’Oise en 1945.

C’est cependant sur le plan national que la personnalité politique de Jean Biondi devait trouver son plein épanouissement après la Libération. Membre du Comité directeur de la SFIO, il était, en 1946, chargé des relations avec le Parti communiste. D’abord délégué à l’Assemblée nationale provisoire, il fut ensuite élu député de l’Oise à la première Assemblée nationale constituante, le 21 octobre 1945, puis réélu à la deuxième Assemblée le 2 juin 1946 et le 10 novembre 1946. Le 18 décembre 1946, Léon Blum l’appela au gouvernement en qualité de sous-secrétaire d’État à l’Intérieur, poste qu’il occupa jusqu’en janvier 1947. Le 24 novembre 1947, il fut nommé secrétaire d’État chargé de la fonction publique et de la réforme administrative dans le ministère Robert Schuman ; il conserva cette fonction presque sans interruption au cours des nombreux ministères qui se succédèrent jusqu’au 7 février 1950, date à laquelle les socialistes passèrent dans l’opposition (Biondi n’échangea le portefeuille de secrétaire d’État chargé de la fonction publique et de la réforme administrative pour celui des finances et des affaires économiques que pendant l’éphémère ministère Robert Schuman, du 2 au 7 septembre 1948).

Au cours de ces différents mandats, les qualités éminentes d’administrateur de J. Biondi s’affirmèrent tout particulièrement au sein des commissions parlementaires dont il était membre (Intérieur, suffrage universel, défense nationale) et comme rapporteur de nombreux projets et propositions de loi (réforme constitutionnelle, organisation du référendum, élection des députés, reclassement de la fonction publique, réforme administrative, réforme de la structure gouvernementale, budget des collectivités locales, etc.).

J. Biondi devait trouver la mort, à cinquante ans, dans un accident d’automobile.

Sa femme, Marcelle Biondi, milita à la Fédération SFIO de l’Oise, dès 1933, comme membre du comité fédéral féminin ; élue à la commission administrative en 1945, elle se consacra notamment à la propagande auprès des femmes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16752, notice BIONDI Jean, Dominique par Élie Fruit, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 14 octobre 2020.

Par Élie Fruit

Jean Biondi dans les années 1930
Jean Biondi dans les années 1930
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1936
Jean Biondi dans les années 1940
Jean Biondi dans les années 1940
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1946

ŒUVRE : Auteur de nombreux articles du Cri populaire de l’Oise (de 1930 à 1939) puis, à partir de 1955, du Réveil républicain de l’Oise.

SOURCES : Le Cri populaire de l’Oise, années 1930 à 1939. — L’Écho républicain, années 1934 à 1939. — L’Oise socialiste, année 1945. — J. Jolly, Dictionnaire des parlementaires. — Dictionnaire des parlementaires français, 1940-1958, tome 2, La Documentation française, 1992.

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