BIRGY Marie-Louise [née PERRET Marie-Louise, dite Mary-Lou]

Par Claude Pennetier

Née le 21 août 1909 à Vevey (Suisse), guillotinée le 11 mai 1944 à Cologne (Allemagne) ; sténo-dactylo ; militante communiste ; résistante FTPF, déportée.

Marie-Louise Birgy
Marie-Louise Birgy
Photographie dans son dossier du Komintern

Marie-Louise Perret était fille de Jules, Louis, Constant Perret, ouvrier confiseur, et de Léontine née Pomat (de nationalité italienne). Ils étaient domiciliés au moment de sa naissance à Vevey.
Marie-Louise Perret avait trois sœurs. Elle quitta l’école à douze ans et travailla avec ses parents dans un commerce puis, suite à des difficultés financières de ceux-ci, elle se plaça chez un commerçant. Son père travailla comme chocolatier. Sa famille s’installa à Saint-Dié (Vosges) où elle fut sténo-dactylo. Mariée avec Ernest Birgy le 4 avril 1931, française par mariage, elle s’installa à Belfort puis, suite à la crise, à nouveau à Saint-Dié où Ernest Birgy fut comptable et elle sténo-dactylo pour le modeste salaire de 550 francs par mois, dans la même usine textile. Lors de la grève de juin 1936, le couple fut les seuls employés à se solidariser avec les ouvriers en grève et fut renvoyé. Marcel Dupont secrétaire du syndicat des métaux de Longwy, leur obtint un emploi à la Caisse « Le Travail » de cette ville, où elle gagna 600 francs, son mari 1 100 francs comme directeur.
Lectrice de l’Humanité depuis 1934, syndiquée à la CGT, animatrice d’un groupe de pionniers à Saint-Dié en 1935-1936, membre du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme, Marie-Louise Birgy adhéra au Parti communiste en janvier 1937, à Longwy. « C’est avec la plus grande aide de mon mari que j’ai appris à connaître ce que fait et ce que veut réaliser le Parti communiste » (autobiographie, s.d., [décembre 1937]). Elle suivit une école de section à Longwy en juin 1937. Depuis février 1937, son mari était parti en Espagne comme volontaire ; sa situation matérielle devint difficile. René Uni la recruta en juillet 1937 comme secrétaire du comité régional communiste à 800 francs par mois, puis à 1 000 francs. Elle parlait allemand et avait la capacité de traduire les conférences régionales. Membre du secrétariat régional communiste à Nancy (Meurthe-et-Moselle), Marie-Louise Birgy travailla à nouveau aux Assurances sociales.
Lorsque Marie-Louise Birgy rédigea son autobiographie, fin 1937, la commission des cadres fut intéressée par son profil et par sa capacité de régler un difficile problème financier avec une compagnie d’assurance.
Bien que dans son droit avec son mari, elle avait préféré payer des sommes importantes avec l’aide de ses beaux-parents, pour ne pas donner prise aux adversaires du parti.
Elle répondait avec une extrême violence verbale à la question sur les trotskistes : « Ce que je pense des trotskistes : que ce sont des criminels, des misérables contre-révolutionnaires, saboteurs, espions, agents de l’étranger et leur activité destructrice a été étalée au grand jour aux derniers procès des terroristes trotskistes zynoviévistes de Moscou et a démontré ainsi au monde entier que Trotski est l’allié et l’agent de la Gestapo voulant restaurer le capitalisme en URSS. » L’évaluateur conclut : « semble camarade intéressante ».
Elle avait encore lu peu de livres politiques (elle ne cite que Le Manifeste communiste) mais beaucoup de journaux : « avec mon mari, nous lisions l’Humanité et c’est lui qui m’a montré le bon chemin. J’ai lu aussi les romans des ESS : La Mère, Énergie, Et l’acier fut trempé, etc. Depuis 1934 où nous avons contracté un abonnement au colis mensuel au CDLP, où je lis par intermittence les trois périodiques : la Correspondance internationale, les Cahiers du bolchevisme, l’Internationale communiste. J’ai l’occasion de parcourir au siège de la région, actuellement, les journaux régionaux au Parti, ainsi que Regard, l’Avant-garde, La Vie ouvrière. »
Avec deux collègues, Marcelle Désirat et Marie Durivaux, elle organisa la distribution de la propagande communiste clandestine, fin 1940.
Avec son mari, elle forma un réseau FTPF qui se chargea de distribuer des tracts, en allemand, aux soldats de la Wehrmacht.

Dénoncée, arrêtée, elle fut condamnée à mort par le tribunal allemand de Nancy en 1942, classée NN, et guillotinée dans la prison de Cologne, le 11 mai 1944.

Selon les recherches de Jean-Claude Magrinelli :
C’est sur dénonciation qu’elle avait été arrêtée. Une lettre anonyme datée du 15 avril 1942, terminée par « Vive la France Vice Pétain », parvint au préfet. On y lit : « Je vous ai également signalé la présence à Nancy de la femme Birgy, ex secrétaire de René Uni, elle doit travailler sous un faux nom dans une usine d’électricité dans le faubourg Stanislas, il y a environ 9 à 10 mois qu’elle y travaille et son mari vient quelque fois à Nancy, il se trouve habituellement dans la région de Briey. » Le préfet ordonna immédiatement la réquisition des « correspondances qui arriveront aux noms de : 1. Birgy Marie-Louise ou Perret, 10, rue Aristide Briand à Nancy ou poste restante dans l’un des bureaux de Nancy... 2. Birgy Ernest, domicile inconnu. »’ Là police n’eut aucun mal a recenser les entreprises d’électricité de Nancy et de découvrir qu’elle travaillait, sous son Propre nom, à la Compagnie Générale d’Électricité sise au n° 78, rue Raymond Poincaré. Sa mère adressa, le 16 septembre 1942 une lettre au préfet. « Je viens faire appel à votre autorité pour m’aider à retrouver la trace de ma fille... arrêtée par les autorités allemandes depuis le 1er mai à son bureau où elle travaillait.. D’abord détenue à la prison Charles III, je pouvais obtenir de ses nouvelles et l’alimenter sans toutefois être autorisée à la voir. Depuis trois mois, je n’ai plus de nouvelles et les lettres que je lui adresse me reviennent (...) Je ne crois pas qu’il soit impossible de savoir où elle se trouve... ». Réponse du préfet le 22 septembre : « Je vous informe que l’arrestation de votre fille par les autorités occupantes n’a jamais été portée à ma connaissance. » Autre lettre, datée du 4 novembre, de la mère au préfet : « ... l’on m’avait informée que toutes les arrestations opérées par l’occupant étaient signalées à la préfecture. » Voici la réponse du préfet, adressée le 2 décembre 1942 . « J’ai l’honneur de vous faire connaître que votre fille... a été arrêtée le 1" mai 1942 par la police allemande pour menées communistes. Par raison d’État, les autorités allemandes ne peuvent indiquer le lieu où elle est actuellement détenue. » L’arrestation de Marie-Louise survient donc au tout début des opérations de destruction des groupes FTPF lancées par la SIPO und SD avec l’aide de la police française, dans la région de Nancy. Cependant, elle ne figure pas parmi les 38 membres du groupe Pacci traduits fin juillet devant le tribunal militaire de la FK 591.

Marie-Louise est transférée du quartier allemand de la prison Charles III à Nancy puis à Paris. Le 9 juillet, elle fait partie avec cinq autres de ses camarades de la région de Nancy du convoi de 17 femmes déportées Nuit et Brouillard en Allemagne. Elle connaîtra les prisons de Cologne, Rheinbach puis de nouveau Cologne. Elle est condamnée dans cette ville par le Tribunal Spécial à la peine de mort pour « avantages procurés à l’ennemi, membre du Parti Communiste Français.). Elle est guillotinée le 11 mai 1944 à Cologne, avec deux de ses camarades, Andrée Heu et Solange Vigneron. Marie Durivaux connut la même fin tragique le 25 août 1944 à Breslau (Wroclaw, Pologne), seule Marcelle Désirat revint de déportation.
La Voix de l’Est lui rendit hommage le 14 juillet 1945.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16766, notice BIRGY Marie-Louise [née PERRET Marie-Louise, dite Mary-Lou] par Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 10 mars 2020.

Par Claude Pennetier

Marie-Louise Birgy
Marie-Louise Birgy
Photographie dans son dossier du Komintern
Évaluation de son autobiographie de décembre 1937
Évaluation de son autobiographie de décembre 1937

SOURCES : Arch. AVER. – La Voix de l’Est, 14 juillet 1945. – RGASPI, 495 270 2174, autobiographie, 3 décembre 1937, 8 pages, classé A1. – Mémorial de la déportation, op. cit. — Jean-Claude Magrinelli, Militants ouvriers de Meurthe-et-Moselle sous l’Occupation. Dictionnaire biographique, Nancy, 2020.
Source de Jean-Claude Magrinelli : Thouvenin Camille : « La résistance dans la région de l’Est », pages 8 et 9 : AD 54 : WM 313 : Dossier concernant Marie-Louise:Birgy ;:notamment le rapport du 14 novembre 1942 du chef de le sûreté de Nancy : « AD 54 : 2101 W 1 : Dossiers section spéciale n° 16 et 32.

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