FOLLET Marcel, Émile, Georges

Par Frédéric Stévenot

Né le 12 juillet 1913 à Calais (Pas-de-Calais), fusillé le 27 août 1943 à Bondues (Nord) ; employé au bureau de bienfaisance ; résistant (réseau Alibi Jean de Vienne).

Marcel Follet.
Marcel Follet.
Source : La Voix Du Nord du 25 mars 1963

Marcel Follet était le fils de Marcel Louis Follet, cimentier, et de Laure Duflos, sans profession. Il fut adopté par la Nation le 28 novembre 1925. Il épousa le 5 décembre 1933 à Coulogne (Pas-de-Calais) Marthe Degardin, et il était père de deux enfants. Domicilié à Calais, il y fut arrêté par la GFP (Geheimfeldpolizei), le 6 novembre 1942, pour secours à des soldats anglais. Il était membre du réseau Alibi Jean de Vienne depuis juillet 1940, chargé d’aider les soldats britanniques à passer la ligne de démarcation. D’autres membres du réseau furent arrêtés à la même époque : Henri Béraet, Alphonse Huyghes, Pierre Puis et William Scharp.
Traduit devant le tribunal de la Luftwaffe de Lille (Nord), Marcel Follet a été condamné à mort le 17 février 1943. Interné à la prison de Loos-lès-Lille (Nord), il a été fusillé avec ses camarades par un peloton d’exécution allemand au fort de Bondues, le 27 août 1943.
Son nom est inscrit sur une plaque commémorative à l’Hôtel de Ville de Calais.


Dernière lettre (présentation et extraits publiés par La Voix Du Nord du 25 mars 1963).

Le 27 août 1943, deux heures avant d’être fusillé, Marcel Follet, enfermé dans sa cellule du quartier des condamnés à mort de la prison de Loos, écrivait une dernière lettre à sa femme, dont nous extrayons ces quelques passages :

Loos, le 27 août 1943,
Je viens d’apprendre que mon recours en grâce vient d’être refusé par le Maréchal Goering et à 5 heures, je serai exécuté.
Marthe, je sais que cela va être terrible pour toi, mais, enfin, que veux tu, ceci est ma destinée. Je te demande d’être courageuse dans la vie qui va maintenant se dresser devant toi. J’aurais bien voulu la continuer et la faire même plus heureuse qu’avant-guerre, mais malheureusement cela ne pourra être.
Pour Gilbert et Colette, je te prie de les élever dans un esprit ouvrier, tel que fut le mien, et de leur donner une solide instruction, car c’était là mon désir. Élève-les et apprends-les à me connaître, agis comme si j’étais toujours avec toi.
Chérie, je vais dans peu de temps passer à la mort, c’est terrible, mais enfin je conserve, comme tu peux le voir à mon écriture, toute ma lucidité. J’ai bon courage et je vais mourir comme seul peut mourir un Français.
J’étais trop content, ces jours derniers. J’avais vu ta mère, j’avais de bonnes nouvelles des petits, surtout de Gilbert que je connais si peu et qui est, parait-il, si beau. J’aurais voulu les revoir, mais c’est fini. La mort à trente ans, c’est dur, non pas pour moi, mais surtout pour vous tous. Moi, je pars dans le néant, alors que tu devras seule te débattre, contre toutes les difficultés que comporte la vie.
Avant de terminer, je vais te demander de bien vouloir remercier tous ceux qui, depuis mon arrestation, te sont venus en aide. N’oublie personne surtout, les administrateurs, M. Bollengier et les copains du bureau de bienfaisance, employés et boulangers.
L’heure approche. Nous avons maintenant cigarette sur cigarette et du café. Avec moi vont partir Huygues, Puis, Sharp, Beraet. La justice pour nous a été une loterie et j’ai pris un mauvais numéro.
À toute la famille, ma meilleure pensée et pour toi, Marthe chérie, mes meilleurs baisers. Pour Colette et Gilbert, pour eux qui étaient toute ma vie, mes plus affectueux baisers et ma meilleure pensée. Adieu à tous. Colette et Gilbert n’oubliez jamais le respect à maman et ne m’oubliez pas. Adieu. Bons baisers. Marcel.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article167680, notice FOLLET Marcel, Émile, Georges par Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 9 décembre 2014, dernière modification le 26 mai 2022.

Par Frédéric Stévenot

Marcel Follet.
Marcel Follet.
Source : La Voix Du Nord du 25 mars 1963

SOURCES : DAVCC, B VII 0667 (Notes Thomas Pouty). – État civil. — Informations, photographie et lettre communiquées par Emmanuel Follet, petit-fils de Marcel Follet et intégrées par Dominique Tantin (3 décembre 2021-26 mai 2022).

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