SCHAFFNER Ernest

Par Frédéric Stroh

Né le 29 mars 1917 à Lampertsloch (Basse-Alsace alors annexée, Bas-Rhin), guillotiné le 18 septembre 1944 à Brandebourg (Allemagne) ; géomètre ; insoumis à l’incorporation de force ; condamné à mort par un tribunal militaire.

Ernest Schaffner, géomètre de métier, demanda en 1943 l’aide de Pierre Wagner, membre d’un réseau de passeurs à Bennwihr (Haute-Alsace, Haut-Rhin). Il espérait trouver refuge en Suisse pour échapper au service militaire dans la Wehrmacht, rendu obligatoire suite à l’annexion de fait de l’Alsace au IIIe Reich et aux décrets d’incorporation d’août 1942. Il fut confié à un dénommé « Erbe », qui se révéla par la suite être un espion allemand infiltré dans le réseau et qui le dénonça. Il fut arrêté à la gare de Colmar et transféré à la prison militaire Fort Zinna de Torgau (Allemagne), où il fut enregistré sous le matricule « Gef. no 7.222 ». « Erbe » fit parvenir en Alsace une fausse lettre d’Ernest Schaffner, disant qu’il était arrivé indemne en Suisse. Il fut en réalité condamné à mort, semble-t-il par un tribunal militaire de Potsdam, pour désertion et trahison de secret d’État. L’avocat strasbourgeois engagé par sa famille fut refusé par le tribunal. Ernest Schaffner a été guillotiné à Brandebourg, le 18 septembre 1944. Une heure avant son exécution, il écrivit à sa famille une lettre d’adieu en allemand. Sa famille apprit son exécution le 19 octobre 1944. Le 31 mai 1948, son père témoigna auprès du tribunal général de Rastatt, en charge d’une enquête sur les anciens juges du Reichskriegsgericht. Il commença sa déposition par ces mots : « Les Allemands ont assassiné mon fils. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article167787, notice SCHAFFNER Ernest par Frédéric Stroh, version mise en ligne le 20 novembre 2014, dernière modification le 24 octobre 2022.

Par Frédéric Stroh

SOURCES : Dépositions auprès du tribunal général de Rastatt, AJ 4043 p. 134 et AJ 4043 p. 135 (Arch. du ministère des Affaires étrangères-Arch. de l’occupation française en Allemagne et en Autriche). – Dernière lettre d’Ernest Schaffner à sa famille, 1944 (Coll. A.-M. Roulleau). – Frédéric Stroh, Les Malgré-Nous de Torgau, Éd. L’Incongriste, 2006, p. 201.

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