BLONDET Maurice [alias VERDIER Maurice]

Par Gérard Larue

Né le 1er octobre 1920 à Paris (XXe arr.), suicidé le 14 mai 1944 à Stains (Seine, Seine-Saint-Denis) ; artiste-peintre décorateur ; militant communiste ; membre du Front national.

Fils de Paul, comptable, et de Germaine, née Rochet, bijoutière, Maurice Blondet, célibataire demeurait chez ses parents, 19 rue des Rigoles à Paris (XXe arr.). Militant déjà très actif, il fut arrêté au soir du 25 octobre 1940 par des policiers du commissariat du quartier de Belleville, alors qu’il dessinait rue de Belleville, sur un mur et le trottoir, les insignes du Parti communiste. Il fut trouvé porteur de huit papillons intitulés « L’Œuvre n’est pas un journal français ».
Conduit à la prison de la Santé, il fut condamné le 28 octobre 1941 à six mois de prison pour infraction au décret du 26 septembre 1939. À l’expiration de sa peine, il fut interné administratif à Aincourt, puis à Voves et enfin à Pithiviers. Le 29 novembre 1943, sa mesure d’internement rapportée, il fut libéré et reprit le combat clandestin.
Le 14 mai 1944, le Front national désigna Maurice Blondet et quatre autres militants pour venir parler à la population de Stains. L’intervention eut lieu au cinéma « Stains Palace » boulevard Maxime-Gorki. À la fin des actualités, l’un d’eux monta sur la scène, ses camarades se postèrent aux portes du cinéma, tenant le personnel sous la menace de leurs revolvers. Selon Louis Bordes « Maurice dénonça les atrocités nazies, la collaboration et appela à l’union et au renforcement de la résistance... ».
Robert G., gardien de la paix en civil, venu réserver trois places, fut averti par la caissière, de la présence de résistants actifs dans la salle. Voyant les quatre jeunes hommes s’enfuir de l’établissement, bien qu’étant en congés, mais pourvu de son arme, le policier s’élança à leur poursuite. Un échange de coups de feu eut lieu. Le gardien G. fut blessé, Maurice Blondet s’affaissa. Tandis que ses camarades prenaient la fuite à l’arrivée de la voiturette du commissariat de Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis), Blondet, de peur de tomber dans les griffes des BS, se tira une balle dans la tête.
Lors de sa comparution devant la commission d’épuration de la police, le gardien G. affirma qu’il avait cru que les quatre jeunes gens étaient des malfaiteurs. Il obtint le 18 juin 1944 la médaille en Vermeil pour « acte de courage et de dévouement ». La Feldkommandantur de Paris Ouest « mit à sa disposition une prime de deux mille francs » qu’il ne réclama pas.
L’enquête « révéla que les quatre jeunes [résistants] étaient des réfractaires au STO ».
Après avoir failli être fusillé par la résistance locale lors de la libération de Stains, G. Robert fut arrêté, remis à la justice, révoqué sans pension le 21 décembre 1944. Il bénéficia le 21 décembre 1945, d’un classement en cour de justice. Le 24 mai 1949 il fut « réintégré et rétabli dans son emploi [commissariat de Saint-Ouen] et dans tous ses droits », à l’exception toutefois de sa médaille.
Le préfet de police de l’époque considéra qu’« en poursuivant les quatre jeunes gens armés, l’intéressé a pu, de bonne foi, croire qu’il s’attaquait à des malfaiteurs, et qu’il y aurait lieu d’accueillir favorablement sa requête et de lui restituer la Médaille en cause, attribuée pour un acte qui, malgré ses fâcheuses conséquences, prouvait son courage et son dévouement ».
Le 2 février 1950, Jean Chardavoine, ancien maire de Stains et conseiller général de la Seine, posa une question écrite au sujet de la réintégration au commissariat de Saint-Ouen du gardien de la paix. Le 3 février 1950, le journal l’Humanité annonça en clair en page intérieure : « la police de Jules Moch ! Après S..., G... réintégré... ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article167894, notice BLONDET Maurice [alias VERDIER Maurice] par Gérard Larue, version mise en ligne le 23 novembre 2014, dernière modification le 25 janvier 2021.

Par Gérard Larue

SOURCES : Arch. PPo, 77 W 26, KB 47, 1W 193, Situation Paris du 8 mai au 15 mai 1944. – L’Humanité, 3 février 1950. – Louis Bordes, Souvenons-nous, Éd. Mairie de Stains, 1981, pages 62 et 63. – État civil, Paris (XXe arr.).

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