BERNARD René

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 3 octobre 1904 à Malakoff (Seine, Hauts-de-Seine), fusillé sommairement par les Allemands le 27 juillet 1944 à Lyon (Rhône) ; chauffeur ; résistant.

Fils d’Alexis Bernard, ébéniste, et de Marie, Augustine Gayet, ménagère, il naquit au domicile de ses parents, 18 rue Benjamin-Raspail à Malakoff (Seine, Hauts-de-Seine). Il se maria le 14 novembre 1932 à Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis) avec Yvonne, Marie, Valentine Langlement et eut un enfant. Il demeura à Montreuil (Seine, Seine-Saint-Denis) puis à Annemasse (Haute-Savoie), 13 rue Aristide-Briand. Après avoir été pâtissier, il devint chauffeur routier.
Des sources contradictoires indiquent que René Bernard était un agent du mouvement Front national ou, qu’au contraire, il n’était affilié à aucun réseau ni mouvement. D’après sa femme, « devenu chauffeur d’ambulance, Bernard rendit des services aux maquisards ».
Il fut arrêté le 22 juillet 1944 à Mâcon (Saône-et-Loire) et trouvé porteur d’un « carnet codé ». Il fut interné à la prison Montluc (Lyon, Rhône).
Dans la nuit du 26 au 27 juillet 1944, une bombe explosa dans l’établissement Le Moulin à Vent. Étant donné l’heure tardive, il n’y eut aucune victime. Ce café-restaurant, situé à l’angle de la place Bellecour et de la rue Gasparin (IIe arr.), était réservé aux Allemands et aux collaborateurs. D’après certaines sources, il était notamment fréquenté par Klaus Barbie. Le 27 juillet, vers midi, René Bernard, Léon Pfeffer, Albert Chambonnet, Gilbert Dru et Francis Chirat furent extraits de la prison Montluc et conduits devant le lieu de l’attentat, place Bellecour. Trois hommes de la Gestapo (Frantz, Barthelmus et Mishker, agents de la section IV commandée par Klaus Barbie) les fusillèrent à coups de mitraillettes devant un grand nombre de passants. Les cinq corps furent abandonnés sur le lieu de leur exécution, et laissés en exposition trois heures durant afin d’être vus par le plus grand nombre. Cette exécution (ordonnée vraisemblablement par Klaus Barbie ou par Werner Knab, selon un rapport de police) fut justifiée par un communiqué publié le lendemain dans la presse locale : « Châtiment rapide d’un attentat. Lyon, 27 juillet. – Une bombe explosait dans un restaurant de Lyon, place Bellecour, dans la nuit du 26 au 27 juillet 1944. Cet établissement était principalement fréquenté par une clientèle allemande. Une opération rapide permettait peu après l’arrestation de cinq personnes faisant partie du groupe terroriste responsable de l’attentat. Elles ont été exécutées sur les lieux de leur forfait, le lendemain même de l’explosion ». En réalité, les cinq fusillés, arrêtés bien avant le 26 juillet, n’avaient aucune responsabilité dans l’attentat contre le café Le Moulin à Vent.
D’après le rapport du médecin légiste, René Bernard fut six fois blessé par balles : une fois « à la hanche droite, une à la fesse droite, deux à la partie antérieure du thorax, deux dans la région dorsale ». Le médecin nota également qu’il subit des violences avant sa mort. Le corps de René Bernard portait une plaie à la cheville « au niveau de laquelle les téguments [avaient] été écrasés et réduits en lambeaux. Elle mesurait 12 cm de long et 4 cm de large. Les stries régulières qu’elle présentait en sa surface, la forme des lambeaux cutanés déterminés par le coup [fit penser au médecin qu’il s’agissait] d’un choc produit par la crosse d’une arme ».
Son épouse et son frère identifièrent son corps le 27 septembre 1944. Le Veilleur de Pierre, un monument situé place Bellecour, fut élevé en 1948 en hommage aux cinq fusillés du 27 juillet 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article167949, notice BERNARD René par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 4 décembre 2014, dernière modification le 7 septembre 2021.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : CHRD, Lyon, art. 1167 (dossier de Léon Pfeffer). – Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W10, 3335W13 (dossier de Gilbert Dru), 3460W4, 31J159. – Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression. Fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945. – Bruno Permezel, Résistants à Lyon, Villeurbanne et alentours : 2 824 engagements, 2003. – Service départemental de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre, Le Veilleur de pierre : monument, Lyon place Bellecour, 2009. – État civil.

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