BIZOT Denis, Aimé, Albert

Par Antoine Olivesi

Né le 15 avril 1912 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 13 novembre 1984 à Marseille ; instituteur public ; résistant ; militant syndicaliste de la FUE puis du SNI ; militant communiste, secrétaire de la fédération communiste des Bouches-du-Rhône après la Libération ; conseiller général ; conseiller de l’Union française.

Le père de Denis Bizot, Léon, était ouvrier au chemin de fer et sa mère, Caroline Chassagne, ouvrière modiste, adhéra au Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme). Denis Bizot fit ses études à l’école primaire supérieure Pierre Puget de Marseille (1924-1928). Après avoir obtenu le brevet supérieur et le CAP à l’École normale d’Instituteurs d’Aix-en-Provence (1928-1931), il devint instituteur public en 1931, enseigna à Cuges (Bouches-du-Rhône) en 1933-1934, fit son service militaire à Grenoble (avril-juillet 1934), puis fut instituteur à Berre (Bouches-du-Rhône) et à l’école de la Capelette (Marseille) à partir d’octobre 1936. Il enseigna à Marseille jusqu’en 1940, notamment, en 1938, à l’école du quartier industriel et ouvrier de La Capelette. Il était célibataire.

Attiré de bonne heure par le militantisme, Denis Bizot adhéra, en mars 1929, à l’Union fédérale des Étudiants, à la suite d’un mouvement de protestation contre les brimades de la direction puis, en octobre 1933 au Syndicat de l’Enseignement (CGTU). Il fut membre du conseil syndical, pour les Bouches-du-Rhône, en 1934-1935, Cette dernière année, il était trésorier du groupe de jeunes de l’enseignement des Bouches-du-Rhône. Puis, après la réunification, il siégea au conseil syndical du SNI en 1936-1938. Il assista, au cours de cette période, à de nombreux congrès de la Fédération unitaire de l’Enseignement, à Bordeaux (1932), Montpellier (1934), Angers (1935).

Sur le plan politique, Denis Bizot devint membre du Parti communiste le 15 octobre 1934, du comité de rayon de la Plaine en janvier 1935, secrétaire du 9e rayon (celui du quartier de la Plaine) puis de la 9e section (La Capelette), entre 1935 et 1939. Dans son questionnaire autobiographie rempli en mai 1938, il indique aussi être responsable du travail parmi les coloniaux pour Marseille et la région dans le comité de rayon et être membre, puis responsable de la section régionale d’éducation. Il faisait partie, à la même époque du comité régional depuis décembre 1937 puis du conseil fédéral et collaborait au journal Rouge-Midi. Il était, par ailleurs, membre des Amis de l’instruction laïque. Il fut secrétaire du Foyer populaire de Menpenti (« cercle organisé et dirigé par notre Parti ») et secrétaire du comité de Front populaire du 9e canton.

Denis Bizot participa à de nombreuses actions pour le Front unique puis dans le courant du Front populaire ; il soutint notamment les grévistes des Forges et Chantiers de la Méditerranée dans son quartier et il prit la parole dans plusieurs meetings en faveur de l’Espagne républicaine puis contre Munich. Il fut délégué au congrès du Rassemblement universel pour la Paix en septembre 1937 à Paris. Il indiquait avoir « assisté » au congrès national communiste d’Arles en décembre 1937 « en tant que membre du service d’ordre ». Il fit partie des enseignants grévistes le 30 novembre 1938 à Marseille.

Mobilisé comme brigadier-chef le 2 septembre 1939 au 93e RAM, il fut envoyé dans le Jura, puis en Syrie et au Liban le 18 mai 1940. De retour à Marseille le 6 novembre et démobilisé le 8, il reprit son poste d’instituteur à La Capelette mais, le 29 novembre 1940, il fut arrêté dans sa classe. La police spéciale savait qu’il venait d’intégrer le PC clandestin. Il fut relevé de ses fonctions le 13 décembre 1940 et mis dans la position de disponibilité spéciale à compter du 15 mars 1941. Il avait été interné au centre de séjour surveillé de Chibron (Signes, Var) le 29 novembre, puis transféré en février 1941, à la dissolution de ce camp, dans celui de Saint-Sulpice-La-Pointe (Tarn). Sa demande de libération reçut un avis défavorable le 29 décembre 1941. Interrogé à Saint Sulpice le 15 janvier 1942, il reconnut avoir été membre du SNI, délégué au conseil syndical de Marseille, avoir adhéré au PC en 1935, mais n’avoir jamais distribué de tracts ou de journaux. Il dit s’être trouvé sur les rangs lors des incidents du 2 avril 1941, mais ne s’être pas désolidarisé des meneurs car il était contre leur déportation en Afrique du Nord. Il était disposé à signer l’acte de loyalisme à l’égard du gouvernement. Le chef de camp émit un avis favorable à sa libération. Cependant, considérant qu’en fait il n’avait pas renié ses idées, il reçut un avis défavorable en juillet 1942 et devait être transféré en Algérie avec Étienne Blanc*, Lucien Véran, Pierre Colonna et Marcel Girard, le 18 octobre 1942. Les événements l’empêchèrent et il resta à Saint-Sulpice. Il fit partie du contingent d’internés envoyé le 23 mars 1943 à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) pour travailler pour l’organisation Todt au Mur de l’Atlantique.

Denis Bizot réussit à s’évader le 21 juin 1943 et rejoignit le PC clandestin dans le Gard où il devint responsable d’un groupe FTPF à Nîmes entre juillet et septembre. Il fit ensuite partie du triangle de direction du PC dans le Vaucluse, sous le nom de Marcel, puis dans la Drôme où il participa à l’insurrection et où il demeura jusqu’en octobre 1944. Il fut membre en 1944 du Comité départemental de Libération de la Drôme selon Raymond Bizot.

À cette date, il fut rappelé à Marseille pour animer la direction de la fédération communiste des Bouches-du-Rhône. Il fut premier secrétaire de décembre 1944 à décembre 1947 puis membre du secrétariat fédéral jusqu’en 1950 et du bureau fédéral jusqu’en 1952. Son influence fut plus marquante au début qu’à la fin de cette période au sein du secrétariat. Il assista notamment à la réunion élargie du comité central du PCF à Ivry en janvier 1945. Il participa à plusieurs réunions du comité central du PCF. Les 21-23 janvier 1945, il exposa la situation des forces communistes à Marseille et sembla réticent par rapport aux propositions de dissoudre les Gardes civiques républicaines. Les 30-31 août 1946, dans une réunion consacrée à la presse, il représentait le secrétariat de la fédération des Bouches-du-Rhône. Il intervint au Xe congrès à Paris en juin au nom de la délégation des Bouches-du-Rhône.

Denis Bizot fut aussi délégué aux congrès de Strasbourg en 1947 et de Gennevilliers en 1950 et demeura membre du comité fédéral jusqu’en 1962. Comme membre du comité fédéral, il fut le responsable, à partir de 1959, du travail parmi les enseignants et les parents d’élèves. Quand il fut écarté du comité fédéral, l’appréciation portée indiquait : " camarade qui a depuis plusieurs années des difficultés pour suivre le rythme de l’activité du Parti. Conserve ses responsabilités dans le SNI".

Au niveau politique, Denis Bizot fut élu conseiller général du 9e canton de Marseille en septembre 1945, au premier tour, avec 9 579 voix sur 24 512 inscrits, contre le socialiste Célestin Carmignani et le MRP Roger Reinier. Il siégea jusqu’en avril 1949 et s’occupa principalement des problèmes scolaires et culturels. Il fut également conseiller de l’Union française désigné par l’Assemblée nationale de novembre 1947 à août 1952 et membre, dans cette Assemblée, de la commission des affaires culturelles.

Sur le plan syndical, après avoir repris ses fonctions d’instituteur en 1956, il fut membre de la commission exécutive du SNI des Bouches-du-Rhône de 1958 à 1968, et de la CA de la FEN de 1957 à 1969 et assista à la plupart des congrès nationaux de ces organisations.

Denis Bizot prit part activement à toutes les campagnes menées par son parti depuis 1945. Il fut l’un des premiers instituteurs dans les années 1950, à participer à la campagne pour la construction de lycées dans les banlieues de Marseille et les villes populaires du département, affirmant contrairement à d’autres, que les « enfants du peuple » devaient avoir accès à l’enseignement secondaire long, réalisant une brochure du PCF, Sauver l’école publique avec Lucien Sève, Robert Ayme et Jean Reynaud.

En plus des rapports et des conférences multiples d’ordre culturel, notamment, sur la Commune de Paris, Jaurès, Lénine, la Résistance, il contribua, en tant que journaliste, à Rouge-Midi à Provence Nouvelle et, dans le cadre des relations avec les pays socialistes de l’Est, à l’hebdomadaire Pour une paix durable, pour une démocratie populaire dont il fut le responsable de l’édition française à Bucarest entre 1951 et 1955. Il participa à des congrès de correspondants de presse en Roumanie et en Hongrie et il était, en 1975, secrétaire général de l’Association France-Tchécoslovaquie des Bouches-du-Rhône.

En 1977, Denis Bizot était retraité depuis cinq ans, membre de bureau de sa section et correspondant de l’Institut Maurice Thorez.

Il se maria en juin 1946 à Marseille avec Lucette Seyvos (voir Bizot Lucette), militante communiste. Ils eurent trois enfants dont l’un, Raymond Bizot était dans les années 2000 rédacteur d’une rubrique historique hebdomadaire dans le quotidien La Marseillaise.
Denis Bizot décéda le 18 novembre 1984 à Marseille. Son frère, Alfred, également instituteur, militait aussi au PC avant la guerre. Né à Marseille le 26 mai 1918, il joua un rôle actif dans la Résistance sous le pseudonyme de Roubaud. Il devint en 1944 responsable du 1er secteur des Milices patriotiques de Marseille.


Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16796, notice BIZOT Denis, Aimé, Albert par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 22 avril 2022.

Par Antoine Olivesi

ŒUVRE : Nombreux articles dans Rouge-Midi, notamment le 15 septembre 1939, et après la guerre, ainsi que dans La Marseillaise et autres périodiques communistes locaux, Dimanche, Provence Nouvelle. Collaboration, aussi à l’hebdomadaire paraissant à Bucarest, cité plus haut, ainsi qu’à Scantéia, quotidien du Parti ouvrier roumain.

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M 6/11246, rapport du 15 juillet 1940, M 6/11379, XIV M 25/134, rapport du 3 décembre 1938 et 5 W 166 (dossier d’internement). — Arch. Com. de Marseille, listes électorales de 1937 et 1947. —RGASPI, 495 270 2771 ; 517, 1, 1890, 1908. — Arch. du comité national du PCF. — Rouge-Midi, 9 septembre 1945 (biographie et photo), 24 septembre etc... — La Marseillaise, même période, d’août 1944 à novembre 1947, notamment. — Corse-Action, février-mars 1975. — M. Agulhon et F. Barrat, CRS à Marseille, op. cit... — B. Bouisson, L’anticléricalisme à Marseille... p. 135, op. cit. — Témoignage de Pierre Emmanuelli. — Réponse du militant au questionnaire. — Renseignements fournis par M. Bernard (Thèse 3e cycle en cours, 1982). — Renseignements fournis par son fils, Raymond Bizot et par Jean Reynaud à Jacques Girault.— notes Jean-Marie Guillon.

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