PIQUEMAL Jean, Léon [pseudonyme dans la Résistance : Jacqueime]

Par Jean-Marie Guillon

Né le 24 septembre 1904 à Saint-Raphaël (Var), fusillé le 18 juillet 1944 à Signes (Var) ; biologiste et pharmacien ; franc-maçon ; résistant, mouvement Combat et Mouvements unis de la Résistance (MUR), responsable Noyautage des administrations publiques (NAP) et Armée secrète (AS), membre du Comité départemental de Libération (CDL) des Basses-Alpes.

Fils d’Auguste Piquemal, « mort pour la France », et d’Élise Hortense Blanc, Jean Piquemal a été adopté comme pupille de la Nation le 6 novembre 1918 avec sa sœur Augustine, née en décembre 1905. Son père était mort le 3 février 1916.
Jean Piquemal a été élève au collège Ferrié de Draguignan (Var) jusqu’en 1923, puis il suivit une formation de biologiste et d’infirmier, avant de devenir pharmacien. Installé à Draguignan, place du Marché, marié, père d’une fille, il avait créé en 1938 et dirigeait le laboratoire de biologie de l’hôpital-hospice de Draguignan. Militant socialiste, ami du maire Joseph Collomp, franc-maçon, membre de la loge L’Égalité de Draguignan (Grand Orient), il était responsable local du syndicat des agents hospitaliers.
Il fut mobilisé comme capitaine-pharmacien en 1940. Avec le régime de Vichy et la mise en place de la nouvelle municipalité (nommée) de Draguignan – dont un des membres les plus influents était le Dr Rougelot, président local de la Légion française des combattants –, il fut écarté de son poste à l’hôpital, en mars 1941, sans explication.
Il reçut alors de nombreux témoignages de soutien. Le conseil municipal de Draguignan revint sur sa décision et le réintégra en décembre 1941, mais Jean Piquemal était parti de Draguignan et s’était installé à Manosque (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) avec sa famille au mois de juin précédent.
C’est là qu’il donna son adhésion au mouvement Combat, dirigé par Paul Martin-Bret fin 1942. Il fut perquisitionné par les Italiens le 11 juin 1943 après l’arrestation et l’évasion de Paul Martin-Bret. Il avait alors la responsabilité départementale du NAP et était membre de l’état-major de l’AS. Dans ce cadre, il contacta le Dr André pour aider le maquis de Banon et il participa aux discussions de l’état-major de l’AS avec celui de l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA). Il fut coopté pour être membre du CDL des Basses-Alpes.
Entré en clandestinité, il se cacha à la ferme La Thomassine, mit en place un service médical maquis et présida la réunion du comité d’action immédiate du secteur de Sisteron en juin 1944. Le commandant Chaumont, chef départemental de l’ORA et des Forces françaises de l’intérieur (FFI), le rencontra à Laragne (Haute-Alpes) le 30 juin. Jean Piquemal lui dit que le CDL faisait un rapport sur l’activité de l’ORA et avait décidé de le démettre du commandement départemental FFI. Jean Piquemal venait d’assurer une liaison avec Max Juvénal, président du directoire régional du Mouvement de libération nationale (MLN).
Arrivé à Oraison le 15 juillet, il fut arrêté là le lendemain, avec les autres membres du CDL par l’armée allemande et les éléments français de la 8e compagnie Brandebourg. Remis à la Sipo-SD de Marseille (Bouches-du-Rhône), emprisonné aux Baumettes, il a été fusillé avec ses camarades et d’autres résistants, après un jugement sommaire sur place, le 18 juillet, au fond d’un vallon isolé, dans les bois de Signes.
Les corps furent exhumés le 17 septembre 1944. Un monument funéraire a été inauguré le 18 juillet 1946 dans le lieu, connu désormais comme le « Vallon des fusillés », devenu nécropole nationale en 1996.
D’autre part, un monument, inauguré à Oraison à la Libération, rappelle les arrestations du 16 juillet. Son nom a été donné à une place de Draguignan et une plaque à sa mémoire a été apposée au collège de Draguignan.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article168172, notice PIQUEMAL Jean, Léon [pseudonyme dans la Résistance : Jacqueime] par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 4 décembre 2014, dernière modification le 14 février 2022.

Par Jean-Marie Guillon

SOURCES : Arch. Dép. Var, 1W40. – SHD 13P53. – Journal de marche du commandant Chaumont, chef départemental de l’ORA. – CDIHP, Le Mémorial de la Résistance et des combats de la Seconde Guerre mondiale dans les Basses-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence), Digne, 1992. – Jean Garcin, De l’armistice à la Libération dans les Alpes-de-Haute-Provence 17 juin 1940-20 août 1944, Digne, 1983 et rééd. 1990. – Jean-Marie Guillon, La Résistance dans le Var, Université de Provence (Aix-Marseille I), 1989 et Draguignan 1939-1945. La préfecture du Var dans la guerre. – Jean Vial, Un de l’AS bas-alpine. Souvenirs d’un résistant, 1re édition Marseille, imprimerie Villard, 1947. – Bulletin de la Société d’études scientifiques et archéologiques de Draguignan et du Var, t. 37, années 1995-1996, p. 110-130. – Pierre-Jean Gayrard, Se souvenir de Jean Piquemal, Bulletin de la Société d’études scientifiques et archéologiques de Draguignan et du Var, t. 51, année 2014, p. 213-215.— Renseignements Maurice Mistre.

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