RENAUD Gaston, Léon

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Né le 29 avril 1911 à Melay (Haute-Marne), fusillé après condamnation à mort le 4 juillet 1944 à L’Épine (Marne) ; agent SNCF ; résistant ; FFC au titre de Résistance-Fer ; FTPF.

Gaston Renaud
Gaston Renaud
SOURCE :Le Journal de la Haute-Marne

Gastont Renaud était le fils d’Ernest Marie Renaud, vigneron au moment de sa naissance, et de Marie Augustine Théveny, sans profession.

Entré aux Chemins de fer SNCF en 1928, il avait épousé Louise Andrée Huguet en septembre 1939 quelques jours avant sa mobilisation et son incorporation au 35e régiment de chars à Tours (Indre-et-Loire). Démobilisé en juillet 1940, il reprit ses fonctions de cantonnier à la SNCF. Trois enfants naquirent en 1940, 1941 et 1942. La famille habitait la maison de garde-barrière désaffectée du passage à niveau n° 3 de Rosières-sur-Mance (Haute-Saône).

En juillet 1943, par l’intermédiaire d’André Henriot, ébéniste à Neuvelle-lès-Voisey (Haute-Marne) et responsable du groupe local du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France , Gaston Renaud s’engagea avec ses frères Albert Renaud, Lucien Renaud, et avec Raymond Liégey dans un petit groupe de Francs-tireurs et partisans français (FTPF), désigné dans les documents d’archives sous les noms de « Rostov ». Ce groupe comptait aussi quatre Russes, prisonniers de guerre évadés des mines de Lorraine selon le témoignage de plusieurs résistants haut-marnais, déserteurs de l’armée allemande selon le rapport établi par les Renseignements généraux de Chaumont après enquête menée en mai 1953. Ces Russes avaient été pris en charge par des résistants du secteur de Voisey, et Raymond Liégey en avait hébergé un, connu sous le nom de « lieutenant Michel », pendant quelque temps à Melay.

Le 17 janvier 1944, Gaston Renaud fut arrêté à son domicile par des gendarmes de la brigade de Vitrey-sur-Mance (Haute-Saône). Il était recherché pour des faits commis avec ses frères et Raymond Liégey, qui eux aussi furent arrêtés. Inculpé d’abattage clandestin d’un bovin sur propriété d’autrui à Chauvirey-le-Châtel (Haute-Saône), d’attaques à main armée à Neuvelle-lès-Voisey et à Fresnes-sur-Apance (Haute-Marne) et de divers vols, il fut incarcéré à Vesoul (Haute-Saône). L’affaire ayant été transmise par le parquet de Vesoul au parquet de Chaumont, Gaston Renaud fut transféré dans la prison de cette ville, où étaient incarcérés ses frères et Raymond Liégey.

Peu de temps après, le groupe de résistants du secteur de Voisey fut infiltré par Gaston Renaudin, dit Totor, qui se présentait comme un résistant de Haute-Saône cherchant refuge auprès de camarades de Haute-Marne, et par Gabriel Szymkowiak, dit Bacchus,qui se faisait passer pour un responsable des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) de Chaumont. Sous prétexte d’organiser l’armement du groupe, Gaston Renaudin et Gabriel Szymkowiak établirent la liste de ses membres et de ceux qui, dans le secteur, avaient des armes, puis transmirent les informations à la police allemande. Début avril 1944, cette dernière procéda à seize arrestations, qui aboutirent à cinq emprisonnements en France (dont un décès en prison) et à sept déportations (dont trois décès en déportation). Elle se fit aussi livrer Raymond Liégey et les frères Renaud.

Le 11 mai 1944, le chef du service des prisonniers à la SNCF écrivit à Fernand de Brinon, délégué du gouvernement de Vichy en zone occupée, pour lui signaler le cas de Gaston Renaud, « père de trois enfants en bas âge (trois, deux et un an) » et lui demander d’intervenir « en vue d’éviter qu’il soit condamné à mort ». Le 24 mai, Fernand de Brinon demanda son avis sur cette affaire au préfet de la Haute-Saône, qui lui répondit le 2 juin en ces termes : « Bien que la situation de famille de M. Renaud soit intéressante, il ne semble pas, en raison des mauvais renseignements recueillis sur lui, qu’une intervention en sa faveur soit, dans les circonstances actuelles, opportune. »

Le 4 juillet 1944, le tribunal de la Feldkommandantur 769 de Chaumont condamna à mort les trois frères Renaud et Raymond Liégey. La sentence fut commuée en déportation pour Lucien Renaud, père de famille nombreuse (déporté à Neuengamme, mort en déportation).

Gaston Renaud et Albert Renaud, ainsi que Raymond Liégey, ont été fusillés le jour même sur le terrain de La Folie à L’Épine, près de Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne).

Le tribunal civil de première instance de Châlons-sur-Marne a rendu le 17 novembre 1944 un jugement déclaratif de décès transcrit à l’état civil de cette ville le 29 novembre 1944 sous le numéro 728, qui déclare que Gaston Renaud « est décédé à Châlons-sur-Marne le 4 juillet 1944 à dix-sept heures ».

Inhumés après l’exécution dans le cimetière de l’Est de Châlons-sur-Marne, les corps des deux frères Renaud ont été exhumés et ré-inhumés dans la nécropole nationale de Châlons qui jouxte le cimetière de l’Est .

Gaston Renaud a été reconnu « Mort pour la France » en 1949 et a été homologué FFC, comme agent P2 de Résistance-Fer avec le grade de sous-lieutenant.

Gaston Renaudin a été abattu par des résistants bourguignons le 23 juillet 1944. Gabriel Szymkowiak a été condamné à mort par la Cour de Justice de la Côte-d’Or et a été exécuté dans la cour de la prison de Dijon le 9 septembre 1946.

Dans la Marne, le nom de Gaston Renaud est inscrit sur la plaque commémorative de la Butte des fusillés à L’Épine, érigée sur les lieux de l’exécution.
En Haute-Saône, il figure comme fusillé sur le monument de la Résistance à Vesoul. Le 11 novembre 2013, une plaque commémorative à son nom a été inaugurée au monument aux morts de Rosières-sur-Mance.
Dans le Doubs, on nom est gravé sur le Monument de la Libération de Besançon, ou sont inscrits les noms de 6 240 victimes civiles et militaires de la seconde guerre mondiale dans le Doubs, la Haute-Saône et le Territoire de Belfort.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article168178, notice RENAUD Gaston, Léon par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, version mise en ligne le 4 décembre 2014, dernière modification le 20 avril 2022.

Par Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Gaston Renaud
Gaston Renaud
SOURCE :Le Journal de la Haute-Marne
Butte des fusillés à L'Épine
Butte des fusillés à L’Épine
Sur la plaque commémorative</br>de la Butte des fusillés à L'Épine
Sur la plaque commémorative
de la Butte des fusillés à L’Épine
Dans la nécropole nationale</br> de Châlons-en-Champagne
Dans la nécropole nationale
de Châlons-en-Champagne
SOURCE : 
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson

SOURCES : AVCC, Caen. – Arch. Dép. Marne, M 7463, exécutions par les Allemands 1941-1944. – Le Journal de la Haute-Marne, 13 novembre 2013. – Pierre Gillet, Châlons sous la botte. Souvenirs de la Résistance à Châlons-sur-Marne et dans l’arrondissement (1940-1945), Cahiers châlonnais, n° 3, Châlons-sur-Marne, 1983, réédité en 1998. – La Résistance en Haute-Marne, cd-rom, AERI-Département de la Fondation de la Résistance et CRDP de Champagne-Ardenne, Reims, 2004. – Jean-Pierre et Jocelyne Husson, La Résistance dans la Marne, dvd-rom, AERI-Département de la Fondation de la Résistance et CRDP de Champagne-Ardenne, Reims, 2013. – État civil, Melay (acte de naissance) ; Châlons-en-Champagne (transcription du jugement déclaratif de décès).

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