Par Léon Strauss
Né le 5 décembre 1905 à Saint-Louis (Haute-Alsace alors annexée), guillotiné le 27 septembre 1943 à Halle (Saxe-Anhalt, Allemagne) ; résistant du groupe des bateliers du Rhin (Résistance Est).
Monteur en chauffage à Huningue (Haut-Rhin), sans engagement politique avant la guerre, Joseph-Louis Metzger fut mobilisé en 1939-1940 au 79e, puis au 76e Régiment régional. Interné en Suisse en juin 1940, il réussit le 3 novembre 1940 à s’échapper du camp et à revenir dans sa famille à Saint-Louis, où il trouva du travail dans la société Kraepflé. Comme la majorité des Alsaciens, il fut obligé d’adhérer à deux organisations contrôlées par les nazis, le DAF (Front du Travail) et la Technische Nothilfe (organisation de secours technique d’urgence). En 1942, sollicités par une Mme Schneider de Bâle, des bateliers du Rhin entrèrent en rapport avec lui. Travaillant alors à proximité de la ligne ferroviaire Bâle-Mulhouse, Metzger put leur remettre un rapport rédigé sur les feuilles d’un bloc de papier à cigarettes sur le trafic ferroviaire à la gare frontière de Saint-Louis destiné à un agent britannique de Bâle. Ce dernier lui demanda alors de s’intéresser à la production d’usines de métallurgie légère du sud du Haut-Rhin à Saint-Louis, Mulhouse, Willer-sur-Thur, Altkirch. Metzger transmit aussi la nouvelle que le secteur du Hartmannswilllerkopf dans les Vosges était désormais interdit aux civils car on y installait des fortifications.
Dénoncé, il fut arrêté à Saint-Louis le 27 octobre 1942 par la Gestapo. D’abord incarcéré à la prison de Mulhouse, il fut transféré à la prison d’Offenbourg (Allemagne), puis le 1er mars 1943 à celle de Berlin-Alt Moabit après douze jours de voyage en train. Son frère Oscar avait choisi pour le défendre deux avocats mulhousiens, André Moser et Marcel Nunninger, mais ceux-ci furent récusés par l’accusation. L’avocat Schild de Berlin fut commis d’office, puis son successeur Walter Pietsch. Le Volksgerichtshof (cour de justice du Peuple) d’abord saisi avait transmis le dossier de l’affaire des bateliers au Reichskriegsgericht (tribunal de guerre du Reich) à Berlin. Le procès pour espionnage contre le Reich se déroula devant le 4e Sénat du RKG à Berlin les 26 et 27 mai 1943 : Metzger fut condamné à la peine de mort assortie du paiement de 450 reichs marks, devant servir à récompenser les auteurs de la dénonciation. Le 1er juin, son frère fut autorisé à le rencontrer durant une demi-heure. Le jugement fut confirmé par l’amiral Bastian, président du RKG, le 24 juin, puis le recours en grâce auprès du Führer fut rejeté. Le 27 septembre au matin, le prisonnier fut transféré à la prison Roter Ochse (Bœuf rouge) de Halle, où il fut guillotiné vers 17 heures par le bourreau Ernst Reidel, en même temps que les autres membres du groupe, Émile Wendling, Charles Lieby et Lucien Jacob.
Sa dépouille fut incinérée et enterré dans le secteur du cimetière Sainte-Gertrude réservé aux étrangers, qui fut entièrement détruit par les bombardements ultérieurs. Une stèle au nom de « Metzker » y a été posée après la fin de la guerre. Joseph-Louis Metzger était marié depuis 1930 avec Anne Charpillet. Le couple avait eu deux enfants. Le 15 février 1950, le secrétariat d’État aux Forces armées a délivré à la famille un « certificat d’appartenance à la Résistance intérieure » avec le grade fictif d’adjudant. En 1959, il fut décoré à titre posthume de la Croix de guerre avec palme, de la Médaille de la Résistance et de la Médaille militaire.
Par Léon Strauss
SOURCES : Auguste Gerhards, Morts pour avoir dit Non. 14 Alsaciens et Lorrains face à la justice militaire nazie, Strasbourg, 2007, p. 21, 34, 40-41, 46-47, 49, 51-63. – Auguste Gerhards, Tribunal de Guerre du IIIe Reich, Paris, 2014, p. 378-381.