DEVIC René, Alexandre

Par Alain Dalançon

Né le 18 août 1894 à Montpellier (Hérault), mort en déportation en janvier 1944 au camp de Dora ; professeur de lettres ; militant syndicaliste de la FGE-CGT, militant des sociétés d’éducation populaire, de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) ; résistant.

Fils d’Alexandre Devic, menuisier-ébéniste, et de Marie-Madeleine Clément, sans profession, René Devic fréquenta l’école Renouvier à Montpellier, y obtint le certificat d’études primaires, puis prépara à l’école Gambetta le concours d’entrée à l’école primaire supérieure Michelet où il acquit le brevet supérieur. Son père lui avait appris l’amour du travail bien fait et l’avait emmené à toutes les conférences de la « Famille républicaine » dont il était membre fondateur.

Muni de son brevet supérieur à l’âge de 17 ans, il travailla d’abord comme électricien. À 18 ans, en octobre 1912, il fut nommé instituteur suppléant à l’école de Saint-Chinian (Hérault), où il fut chargé du cours préparatoire avec cinquante-cinq enfants. Un an plus tard, il obtint son certificat d’aptitude et enseigna de 1915 à 1917 dans la classe unique d’Assas (Hérault).

D’abord ajourné au service militaire en 1914, il fut mobilisé à partir de mars 1917 au 18e Régiment du Train d’automobiles, participa aux combats en Picardie et en Artois avec le grade de brigadier ; son groupement fut cité deux fois et reçut une lettre de félicitations du Général commandant en chef des Armées.

À son retour à la vie civile en septembre 1919, il fut nommé instituteur à Aniane (Hérault). Il épousa le 7 avril 1920 à Montpellier une institutrice, Madeleine Roquefort. Ils eurent en 1922 une fille qui décéda quatre ans plus tard. Puis en 1928 naquit un garçon, Georges, à Sète où le couple avait été nommé en 1923.

Tout en continuant à faire la classe, René Devic poursuivit ses études. Presque seul, il apprit le latin, plusieurs langues vivantes, obtint son baccalauréat (série "Philosophie") qui lui permit de suivre, le jeudi, les cours d’histoire et de géographie à la Faculté des Lettres de Montpellier. Il obtint sa licence ès lettres en 1929 (mention Histoire) qu’il compléta en 1932 par un certificat de littérature française. Il commença alors en octobre 1929 une carrière d’enseignant de Lettres-Histoire-Géographie. Nommé instituteur délégué à l’EPS Arago de Sète, il fut muté un mois plus tard, à celle de Paulhan. Titularisé comme professeur en 1932, il y enseigna jusqu’en 1936, puis fut nommé à l’EPS Michelet de Montpellier, où il avait été élève.

Syndiqué dès 1920 au Syndicat national des instituteurs, il milita ensuite au Syndicat national des EPS qu’il représenta à la section départementale de la Fédération générale de l’enseignement-CGT. Il était aussi militant des Jeunesses laïques et républicaines, à Sète, à Paulhan et à Montpellier. René Devic fut l’un des créateurs des premiers camps de vacances pour jeunes en souffrance : colonie des « Lutins à la mer » de Sète en 1924 et colonie des « Lutins cévenols » de Saint-Bauzille-de-Putois en 1936. Secrétaire général de la Fédération des JLR de l’Hérault, il sacrifiait une partie de ses vacances aux colonies de vacances, s’occupant des activités pédagogiques, formant moniteurs et surveillants.

Il donnait aussi des cours au collège du travail organisé par la Bourse du travail de Montpellier, et ses conférences à l’Enseignement populaire étaient très suivies. Il devint vice-président de la Ligue de l’enseignement, reconstituée à Montpellier en 1936, et président de la section de Montpellier de la Ligue des droits de l’Homme à laquelle il avait adhéré en 1920, puis président de la Fédération de l’Hérault.

En 1941, René Devic fut nommé professeur à l’École normale d’instituteurs de Montpellier, qui avait pris le nom d’Institut de formation professionnelle d’instituteurs. Dès la fin de 1940, il entra en résistance. Avec son épouse il récoltait des renseignements transmis à une organisation clandestine de Lyon ; il fabriquait des cartes d’identité ; il communiquait à l’Armée secrète plans, relevés, croquis, mettant à contribution ses talents de géographe. Au début de 1943, il devint responsable départemental du Noyautage des administrations publiques. La petite villa, au 15 de la rue des Carmélites où, avant-guerre, il avait reçu des victimes du fascisme (Allemands, Autrichiens, Espagnols, Italiens) vit alors le défilé des résistants.

Le 20 juillet 1943, René Devic fut arrêté par la Gestapo. Incarcéré d’abord à la prison de la 32ème à Montpellier pendant un mois, il fut interrogé et torturé à deux reprises à la Villa des Rosiers. Le 20 août 1943, il partit pour le camp de Compiègne, puis le 17 septembre pour le camp de concentration de Buchenwald. Après trois mois de mauvais traitements, le 13 octobre, il fit partie d’un convoi de 1 000 hommes qui rejoignit en camion le camp de Dora, à 95 km.

Blessé au travail fin novembre, René Devic s’efforçait cependant de réconforter ses camarades. En décembre, il fut transféré au dépôt des malades graves. Tout porte à croire qu’il mourut début janvier 1944. Le Midi Libre du 15 mai 1945 publia son avis de décès, retenant la date du 15 janvier 1944, date confirmée en marge de son acte de naissance.

Une place porte son nom à Montpellier ; un prix de l’instruction public René Devic est décerné chaque année.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article168256, notice DEVIC René, Alexandre par Alain Dalançon, version mise en ligne le 7 décembre 2014, dernière modification le 23 septembre 2021.

Par Alain Dalançon

SOURCES : Arch. Nat. : F17/27283. — Maurice Aupècle, René Devic, 1894-1944 : Un enseignant républicain et patriote (AMP-études), 1999. — Arch. IRHSES (bulletin du SNCM).— Arch. Dép. Hérault, état civil en ligne. — Notes de Jacques Girault.

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