ZILLER Charles

Par Léon Strauss

Né le 10 février 1900 à Bouxwiller ou à Soufflenheim (Basse-Alsace annexée), guillotiné le 15 janvier 1944 à Stuttgart (Allemagne) ; ancien sous-officier de l’armée française ; résistant gaulliste.

Durant la Première Guerre mondiale, le jeune Ziller occupa divers emplois en Alsace à Bouxwiller et à Strasbourg, puis à Oberkirch (Bade). De retour à Bouxwiller en novembre 1918, il chercha vainement du travail et finit par s’engager dans l’armée française le 10 avril 1919 avant même que le retour de l’Alsace à la France ne fut légalisé par le traité de Versailles. Il fit une carrière militaire qui le mena en 1940 au grade d’adjudant-chef. Fait prisonnier lors des derniers combats de la ligne Maginot dans le nord du Bas-Rhin, il fut libéré comme « Allemand ethnique » le 13 juillet 1940 et retrouva sa famille à Soufflenheim (Bas-Rhin).
Il trouva tout de suite un emploi dans un centre de ravitaillement pour l’accueil des évacués rapatriés créé par la NS-Volkswohlfahrt (Secours populaire national-socialiste). Il fut ensuite contremaître à l’aérodrome de Haguenau (Bas-Rhin). À partir de février 1942, il géra le groupe local de Soufflenheim du Reichluftschutzbund (Fédération de Défense passive du Reich). Militant de l’Opferring (Cercle du sacrifice, organisation créée pour encadrer politiquement les Alsaciens en attendant qu’ils puissent être admis dans le parti nazi) et du Reichskriegerbund (Fédération des anciens combattants), il semblait parfaitement rallié au Deutschtum (la Germanité).
En fait, avec son collègue à la Défense passive Robert Eckert, il se lança dans une vaste campagne de rédaction et de diffusion de lettres et de tracts en allemand et/ou en français au nom de la « Cinquième colonne française ». Son « Appel à tous les Alsaciens qui ont servi dans l’armée française », diffusé en quelques exemplaires au printemps 1942, fut bien plus largement distribué au printemps 1943 par voie postale non seulement à la population alsacienne mais aussi aux mairies, aux cadres du parti nazi (y compris le Gauleiter), aux Kommandantur de la Wehrmacht, aux dirigeants d’entreprises, au consul général d’Italie. Il les adressa même à des autorités diverses dans le Reich. À partir de mai 1943, il centra sa production écrite signée « Chacal, éditeur, Harry, écrivain, et Renard gris, rédacteur responsable » et attribuée à un « Centre d’étude et de formation spirituelle d’Alsace-Lorraine, 2e section du Bas-Rhin » sur la dénonciation des calomnies et des insultes de l’éditorialiste des Strassburger Neueste Nachrichten, Franz Moraller qui prêchait quotidiennement « l’éradication de la trahison en Alsace ». Il dénonçait les projets de transferts de population en masse vers l’Ukraine, puisque « maintenant, 95 % des Alsaciens sont acquis à la France ».
Dans un dernier tract diffusé en août 1943 sur une ronéo de la Défense passive et tiré selon lui à 5 000 exemplaires, il appelait les Alsaciens à renforcer leur discipline « à l’approche du grand moment » en gardant « les fonctions dans le Parti et ses organisations acceptées par nécessité » pour transmettre les mots d’ordre de la Résistance et pour surveiller les traîtres qui espionnaient leurs compatriotes, les dénonçaient à la police nazie, contribuaient à faire échouer l’évasion des prisonniers de guerre français et s’appropriaient les biens des « ennemis du Reich ».
Il adressait aussi des lettres individuelles de menace aux ralliés au nazisme. Le 18 avril 1943, il avait adressé au consulat suisse à Mulhouse, en priant de le transmettre au consulat britannique de Bâle, une protestation contre l’incorporation dans la Wehrmacht d’Alsaciens qui avaient servi dans l’armée française contrairement à la promesse énoncée par Ernst, le maire nazi de Strasbourg, avant leur libération de captivité en juillet 1940. Il lui demandait de soutenir sa propagande par des émissions radiophoniques ou d’autres voies.
Charles Ziller et Robert Eckert furent arrêtés le 28 août 1943 à Soufflenheim et placés en prévention à la prison de Kehl (Bade). Inculpés pour intelligence avec l’ennemi et haute trahison, ils furent tous deux condamnés à la peine de mort par le Sondergericht de Strasbourg le 26 novembre 1943.
Le 5 janvier 1944, le Gauleiter Robert Wagner, chef de l’administration civile en Alsace, commua la peine d’Eckert en dix ans de réclusion, mais confirma la condamnation de Ziller qui fut transféré le 8 janvier du camp de sûreté de Schirmeck (Bas-Rhin) à la prison de Stuttgart (Wurtemberg, Allemagne) où il fut guillotiné le 15 janvier. Son nom figure sur le monument aux morts de Soufflenheim.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article168267, notice ZILLER Charles par Léon Strauss, version mise en ligne le 8 décembre 2014, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Léon Strauss

SOURCES : Arch. Dép. Bas-Rhin, 544 D 235 (384), 167 AL, paquet 30, 153 J 12-WWW. – FMD, Livre-mémorial, II,31 (Liste des départs du camp de Schirmeck). – Mémorial GenWeb.

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