BLANC Étienne, Marius

Par Jacques Girault, Antoine Olivesi

Né le 7 mai 1907 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 5 mars 1993 à Toulon (Var) ; ouvrier du bâtiment ; militant communiste ; secrétaire de l’UD-CGT du Var.

De parents ouvriers (père journalier) du quartier de Mazargues, Étienne Blanc, après avoir obtenu-le certificat d’études primaires, à l’âge de quatorze ans, travailla dans le bâtiment. Il se maria en avril 1937 à Septèmes (Bouches-du-Rhône).
En mai 1934, membre à la CGTU, il adhéra au Parti communiste en mai 1934, fonda la cellule Sainte-Marguerite et fut secrétaire de la 10e section communiste. Un an plus tard, il fut candidat aux élections municipales dans le 5e secteur.
Étienne Blanc fut élu secrétaire du syndicat régional unique du bâtiment, des travaux publics et matériaux de construction, syndicat créé, lors de la réunification à la Bourse du Travail de Marseille, en janvier 1936. Le président de ce syndicat, venu également de la CGTU, était Paul Dominici.
L’année suivante, il fut le candidat du Parti communiste au conseil d’arrondissement dans le dixième canton de Marseille en octobre 1937. Il obtint 3 749 voix au premier tour et 5 839 au second tour sur 16 920 électeurs inscrits et 12 646 votants contre le nationaliste Tissot qui fut élu. Arrivé en tête au premier tour devant le candidat SFIO R. Jacquet, qui se désista en sa faveur, il ne fit pas le plein des voix socialistes et le déplora dans ses remerciements à ses électeurs.

Cette candidature provoqua des remous au sein du Parti communiste. Dans une réunion du comité régional du parti, le 20 octobre, des militants s’étonnèrent du choix de Blanc comme candidat, alors qu’il n’avait été « acquitté en cours d’assise pour double meurtre que sur l’intervention d’un médecin qui l’avait déclaré atteint d’aliénation mentale ». Les responsables du Parti, Marius Eychenne et François Billoux répondirent, le premier que le Parti communiste connaissait les faits, mais que « Blanc avait beaucoup d’influence dans les milieux syndicaux et notamment dans le Bâtiment », le second qu’il déplorait le choix de Blanc, mais que, « malgré une faute de jeunesse, il s’était révélé un bon communiste et un bon syndicaliste ». D’après la police spéciale, il fut l’un des membres les plus influents du comité électoral de Cristos, candidat au conseil d’arrondissement du 9e canton en juillet 1938 (rapport du 22 août 1941). Il partit à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône) fin 1938 et fut aussitôt désigné comme secrétaire de l’Union interlocale des syndicats ouvriers de Martigues et Port-de-Bouc. Ayant rapidement acquis de l’influence, il fut verbalisé lors de la grève du 30 novembre 1938 par le commissaire de police de Port-de-Bouc pour avoir organisé un cortège malgré l’interdiction des manifestations.
Pendant la guerre, Étienne Blanc fut l’objet d’un arrêté d’internement administratif, le 29 février 1940, qui l’envoya le 1er mars, au centre de séjour surveillé de Chabanet (Privas, Ardèche). Il fut de là transféré au camp de Saint-Angeau (Cantal), puis, via celui de Carpiagne (Marseille), à Chibron, commune de Signes (Var). À la dissolution de ce camp, il fut dirigé vers celui de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn). En dépit des nombreuses réclamations de son épouse pour sa libération, la police donna des avis défavorables à ces demandes (22 août 1941, 20 février 1942). Étienne Blanc fut auditionné à deux reprises par le responsable du camp, le 24 février 1942, puis le 18 juin 1943. Dans son dernier rapport, celui-ci notait à nouveau qu’il avait pris part aux incidents du 2 avril 1941 (la manifestation organisée contre le transfert de certains internés en Afrique du Nord) et que, s’il s’était montré discipliné depuis cette date, il faisait partie de la cellule du camp. Il ajoutait qu’il ne renoncera jamais à ses idées. Il confirmait donc son avis défavorable à sa libération. Etienne Blanc fit partie du contingent d’internés déplacés à la citadelle de Sisteron (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) fin 1943 et se trouvait dans le groupe libéré par les FTP (Francs-tireurs et partisans) le 8 juin 1944. Sous le pseudonyme de « Lemaçon », il se joignit au camp FTP de Bayons (voir ce nom).
Vers juillet 1944, Etienne Blanc devint secrétaire de l’UD-CGT du Var et, en 1947, membre du bureau de la Fédération communiste du Var. Il représentait la CGT au conseil d’administration du quotidien issu de la Résistance, La Liberté du Var. Dans le premier semestre de 1950, il fut écarté des postes de responsabilités politiques et syndicales. L’Avenir, hebdomadaire socialiste SFIO s’interrogeait, le 19 août 1950, sur cette disparition, purge ou disgrâce ? et indiquait que « Blanc serait à Marseille avec défense de reparaître à Toulon ». Il fut par la suite écarté du PCF.
Il devint démarcheur pour une compagnie d’assurances dans la région marseillaise.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16827, notice BLANC Étienne, Marius par Jacques Girault, Antoine Olivesi, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 15 juillet 2022.

Par Jacques Girault, Antoine Olivesi

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, III M/53 et 54 ; M 6/10809, rapport du 21 octobre 1937, M6/11246, lettre du préfet du 7 mars 1940 ; XIV M 24/55 (anciennes cotes) et 5 W 167 (dossier internement). — Arch. Dép. Var, 7 M 12 2. — Archives du comité national du PCF. — Le Petit Provençal, 11, 16, 18 et 19 octobre 1937. — Rouge-Midi, 28 septembre 1937. — St. Courtois, Thèse, op. cit., annexe n° 18.— Notes complémentaires Jean-Marie Guillon. — Site Match ID, Acte n°475 N, Source INSEE : fichier 1993, ligne n°119370. — Notes de Renaud Poulain-Argiolas.

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