GUGELOT Henri, Louis, Victor

Par Julien Lucchini, Frédéric Stévenot

Né le 5 février 1875 à Watten (canton de Bourbourg, Nord), fusillé comme otage le 30 avril 1942 au fort du Vert-Galant, Wambrechies (Nord) ; retraité de la SNCF ; résistant gaulliste, comité Malo-Dunkerque.

Fils d’Henri Louis Gugelot, employé du chemin de fer âgé de vingt-trois ans, et de son épouse Mathilde Victoria Vasseur, âgée de vingt ans tous deux domiciliés à Watten, Hneri Gugelot naquit au domicile de ses parents, rue de Saint-Omer. Alors domicilié à Paris (Xe arr.), il se maria le 2 août 1897 à Calais (Pas-de-Calais) avec Françoise Marie Desaintsteban, née le 8 juillet 1872 à Saint-Pierre-lès-Calais (auj. comm. de Calais). Le couple eût une fille, Marie Thérèse Henriette, née le 29 mai 1898 à Calais. Celle-ci se maria André Gaston Selingue, employé aux transports maritimes, qui mourut le 23 décembre 1940, à cinquante-sept ans. Ils eurent deux filles et un fils : Patrice Selingue, ingénieur à l’usine des dunes de Leffrinckoucke (commune voisine de Dunkerque), épousa Marcelle Lombardi. Née le 23 mars 1914 à Herbeumont (Belgique). Condamnée à perpétuité et déportée le 12 novembre 1941 dans le même convoi que son père (I. 18), elle sera incarcérée à la prison Saint-Gilles de Bruxelles avant d’être transférée à Anrath (Ruhr), une prison d’application des peines de travaux forcés pour des femmes Nacht und Nebel, mais aussi prison de passage pour les femmes non Nacht und Nebel. Elle fut ensuite transférée à Jauer (auj. Jawor, au sud-ouest de Breslau), une prison de travaux forcés pour les femmes Nacht und Nebel jugées à Breslau et les femmes non Nacht und Nebel venant de la prison d’Anrath. L’évacuation de Jauer eut lieu en janvier et février 1945 vers le KL Ravensbrück ou vers la prison d’Aichach. Située dans la région de Munich, cette prison fut le point de destination d’un transport de femmes, comprenant beaucoup de Françaises, le 22 janvier 1945 en provenance de la prison de Jauer. C’est là que Marcelle Selingue fut libérée le 29 avril 1945.
Son mari, Patrice Selingue, né à Aulnay-sous-Bois (Seine) le 9 juin 1924, fut également arrêté et déporté dans le même convoi (I.18). Il eut le même parcours que Pierre Malraux, membre du groupe de résistants de Malo. Il fut également interné à la prison Saint-Gilles, à Bruxelles, avant d’être transféré à Bochum (Ruhr), une prison de prévention pour les Nacht und Nebel belges et français du Nord-Pas-de-Calais devant être jugés à Essen, et un lieu d’application de peine de prison simple avec un secteur particulier pour les jeunes détenus. Patrice Selingue fut ensuite déplacé à Hagen (Westphalie), qui fut notamment détenues les personnes arrêtées dans le cadre de l’affaire Porto. Comme sa femme, il fut transféré à Anrath (pourtant prison pour femmes), avant la prison et le camp de travailleurs civils de Wolfenbüttel (à 15 km au sud de Brunswick). Comme Pierre Malraux, il en fut libéré en avril 1945.


Le recensement militaire d’Henri Gugelot eut lieu au 1er bureau de recrutement de la Seine. Il était alors étudiant et vivait dans le XVIIIe arrondissement de Paris (ses parents étaient au 17, boulevard de la Chapelle, Xe arr.). Henri Gugelot contracta un engagement volontaire pour quatre ans le 8 février 1893 à Paris, au 72e régiment d’infanterie, qu’il rejoignit le 11. Nommé caporal-fourrier le 28 septembre 1894, il fut promu sergent-fourrier le 8 avril 1895, puis sergent le 9 novembre suivant. Il fut libéré le 9 novembre 1897, avec un certificat de bonne conduite.
Le 12 janvier 1897, il déclara résider au 14 du boulevard de la Chapelle. Le 10 août, il habitait au 10 rue Jacques Har[suite ill.]

Henri Gugelot fut rappelé à l’activité le 2 août 1914, et fut maintenu provisoirement à son emploi, dans le réseau des chemins de fer de la compagnie du Nord.

Retraité de la SNCF (il était chef de groupe au service de la traction, à Paris-La Chapelle), il s’installa à Malo-les-Bains (Nord), où il était encore correspondant des assurances sociales et organisateur de l’hôpital Villette. Pendant les bombardements de mai-juin 1940, il se proposa ses services à la commune et aida ses compatriotes.

Dès l’automne 1940, Henri Gugelot constitua un groupe de résistants, parmi lesquels Marcel Petit. En avril 1941, il semble que ce groupe intégra un réseau dépendant du War Office : le comité MD (Malo-Direction). Outre Henri Gugelot et Marcel Petit, il rassembla le commander Kenneth Cohen, Pierre Malraux, Charles Lemaire, Pierre Legrand, Patrice Selingue, Marcelle Lombardi, le couple Denys et leur fils Pierre.

Le 1er juillet 1941, Marcel Petit fut arrêté par la Sipo-SD, comme Henri Gugelot, Patrice Selingue et un camarade de ce dernier. Ils furent incarcérés à la prison de Loos. Déférés devant le tribunal militaire allemand FK 678 de Lille, ils furent condamnés à mort le 17 septembre 1941. Un second jugement, prononcé par le même tribunal le 14 octobre, les condamna aux travaux forcés à perpétuité. Les deux plus jeunes furent condamnés à dix ans de travaux forcés.
Célestine Petit et et Marie-Thérèse Selingue poursuivirent les activités de l’organisation.
Marcel Petit et Henri Gugelot furent déportés (I.18) le 12 novembre 1941. Ils furent enfermés à la prison Saint-Gilles de Bruxelles, qui dépendait du commandement militaire de Bruxelles. C’était le lieu principal de départ des personnes déportées de la zone rattachée (Nord-Pas-de-Calais), en particulier des condamnés par un tribunal militaire et de ceux qui étaient classés « Nacht und Nebel ». Ils furent ensuite conduits à la prison de Rheinbach, au sud-ouest de Bonn, où étaient exécutées les peines de travaux forcés. Là, ils doivent s’initier à la confection d’enveloppes, pour Henri Gugelot, et au métier de tailleur, pour Marcel Petit.
Après l’attentat commis à Lille contre un soldat allemand, les autorités allemandes ne parvinrent pas à en identifier les auteurs. Le 20 avril 1942, des otages furent pris parmi les résistants prisonniers. Henri Gugelot et Marcel Petit furent de ceux-là. Le 30 avril, ils furent exécutés à 19 h. 40 par un peloton allemand, au fort du Vert-Galant (situé sur les communes de Verlinghem et Wambrechies), en même temps que deux prisonniers de droit commun, Kalmé Prochownik et Ragoun Ben Mezan, ainsi que le militant communiste Henry Ternyn.

Après la libération, les corps d’Henri Gugelot et de Marcel Petit furent découverts dans un charnier, à Marquette-lez-Lille. Leurs funérailles eurent lieu le samedi 15 septembre 1945 après-midi. Ils furent inhumés au cimetière de Malo ancien, Marcel Petit allée 39, case 7, Henri Gugelot allée25, case 27.

Henri Gugelot fut homologué RIF et DIR (GR 16 P 276074). La mention « mort pour la France » lui fut attribuée par avis ministériel du 22 août 1946. Il reçut à titre posthume la croix de guerre et la Légion d’honneur (dossier non retrouvé dans la base Léonore).
Son nom figure sur la plaque commémorative de la rue des Fusillés, à Dunkerque et sur le monument commémoratif du fort du Vert-Galant. Il a été donné à une résidence, avenue des Bains (séance du conseil municipal, 22 décembre 1978).

Un Émile Gugelot, originaire du Pas-de-Calais (né à Desvres le 22 mars 1896), homologué FFI (GR 16 P 276073) et lui aussi employé SNCF, fut déporté à Neuengamme et y mourut. Avaient-ils un lien de parenté ?

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article168330, notice GUGELOT Henri, Louis, Victor par Julien Lucchini, Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 15 décembre 2014, dernière modification le 5 juillet 2018.

Par Julien Lucchini, Frédéric Stévenot

SOURCES : Arch. mun. Paris, D4R1 826 (reg. matr., 1er bureau de la Seine, matr. 529). SHD, dossiers adm. résistants. DAVCC, Caen, B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). — Sites Internet : FDM (Marcelle Lombardi ; [Henri Gugelot-http://www.bddm.org/liv/details.php?id=I.18.#GUGELOT]). Mémorial GenWeb. Généalogie et Histoire du Dunkerquois. — État civil Watten, 5 Mi 26 R 55 (acte n° 16, vue n° 1044). État civil de Calais, 3 E 193A/215 (acte n° 303, vue n° 160).

ICONOGRAPHIE. Memorial GenWeb

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