GIRARD Serge

Par Claude Delasselle

Né le 29 juillet 1922 à Paris à la maternité du Port Royal, fusillé par les Allemands le 15 mars 1944 après condamnation à mort, au champ de tir d’Égriselles, commune de Venoy (Yonne) ; cultivateur ; résistant (maquis Bernard puis maquis de Mont).

Serge Girard
Serge Girard
Collection ARORY

Serge Girard était cultivateur à Saint-Léger-Vauban (Yonne). Il faisait partie du maquis « Bernard » créé en 1943 par Louis Aubin et installé près de Saint-Brisson (Nièvre). Ce maquis ayant dû se scinder en plusieurs groupes au début janvier 1944, un petit groupe de six ou sept hommes, dirigé par Serge Girard, s’était installé dans une grange au lieu-dit « En Mont » près de Quarré-les-Tombes, en janvier 1944, puis dans des cabanes en bois dans la forêt au Duc : c’était le maquis de Mont.
Le 2 février 1944, Serge Girard se rendit chez Bierry, meunier au Moulin-Colas, près de Saint-Léger-Vauban. Voyant arriver des soldats allemands accompagnés d’un milicien, il tenta de cacher son pistolet sous un sac de farine mais son geste fut repéré et il fut arrêté. Les Allemands, guidés sans doute par le milicien, se rendirent alors aux cabanes de la forêt au Duc et arrêtèrent trois de ses camarades, Maurice Blin, Julien Dion et André Kalck. Deux autres maquisards, Roger Loriot et Lucien Charlot, échappèrent à l’arrestation mais Roger Loriot fut abattu par les Allemands quelques jours plus tard à proximité de Saint-Agnan ; seul Lucien Charlot réussit à échapper et rejoignit peu après les membres du maquis FTP Vauban installé à la chapelle Saint-Pierre près de Saint-Agnan. Serge Girard et ses trois camarades furent internés à la prison d’Auxerre le 2 février 1944. Condamné à mort le 4 mars 1944 par le tribunal FK 745 d’Auxerre, Serge Girard a été fusillé en même temps que Blin, Dion et Kalck au champ de tir d’Égriselles le 15 mars 1944.
Son nom est gravé sur la stèle des fusillés d’Égriselles et sur le monument des déportés et internés fusillés de l’Yonne à Auxerre.
Il fut homologué sergent FFI le 29 juillet 1947.

Dernière lettre.
Chers Parents nourriciers,
Voici le moment où je vais m’en aller au ciel. Je vous écris cette petite lettre dernière. Je vous mets la lettre de mes Parents dans votre lettre
Chére. Maman tu la l’enverras à Paris car je ne me souviens plus de l’adresse, prenez tous courage ; je suis confessé ai communier avant de mourir. Tu (pourras] [la pliure rend la lecture difficile) lire cette lettre de mes Parents avant de (l’envoyer).
Bons baisers de l’enfant que tu as élever il pensera à vous toujours pour ce que vous lui avez fait.
Votre Enfant adoptif.
Bons baisers à tout le monde.
Girard Serge
 
Cher Petit nous ne l’oublierons jamais et voyez cette lettre écrite le 15 mars et expédiée le 22 avril.
 
(Voici le copie de la lettre de notre petit Serge)
 
Ma chère Petite Maman
Mon cher Papa et chers
Oncles et tantes
Le moment est venu de quitter cette terre. Je vais m’en aller au ciel parce en le faut. Je suis condamné à mort par les armées d’occupantes. J’ai pour trois mille 910 31 11 (illisible), une tabatière (illisible) 1 pipe, 2 portes feuilles, 1 porte (illisible), 1 couverture, toute mes affaires sont chez Dédé à Sain-Léger. Il reste 2 mille francs à Dédé, ils seront pour lui. Les deux mille francs alors vous irez chez tous. Je veux que mon corps soit mis à Quarré-Les-Tombes ; au cimetière (illisible) ma mort (illisible). Je ne dois pas (illisible) plus longtemps (illisible)
Plusieurs pages illisibles.
Votre fils mort pour la France.
Girard Serge
Tous mes vêtements qu sont à (illisible)
Les 2 m1ille francs qui (illisible)
Bons baisers (illisible)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article168342, notice GIRARD Serge par Claude Delasselle, version mise en ligne le 9 décembre 2014, dernière modification le 26 janvier 2022.

Par Claude Delasselle

Serge Girard
Serge Girard
Collection ARORY

SOURCES : Arch. Dép. Yonne, 33 J 18 (registre d’écrou de la prison d’Auxerre). – DAVCC, Caen. – CDrom La Résistance dans l’Yonne, ARORY-AERI, 2004 (fiche « Le maquis de Mont »). – Robert Bailly, Si la Résistance m’était contée, ANACR Yonne, 1990, p. 294.

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