PIRONNEAU Roger, Pierre

Par Daniel Grason

Né le 9 novembre 1920 à Paris (VIIIe arr.), fusillé le 29 juillet 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; étudiant en histoire ; agent de liaison et résistant du réseau de renseignements Saint-Jacques (BCRA).

Fils d’un pédiatre réputé, Edmond Pironneau (38 ans) Chevalier de la Légion d’honneur et Croix de guerre, et de son épouse Marie Chaumel (34 ans), la famille vivait dans le VIIIe arrondissement de Paris, 15 rue de Vézelay. Roger Pironneau fit des études d’histoire à l’Institut catholique de Paris.
Au début de l’année 1941, il entra en contact avec des membres du réseau Saint-Jacques, créé en août 1940 par le Bureau central de renseignements et d’action (BCRA) de la France libre à Londres.
Le réseau était dirigé par le capitaine Maurice Duclos ; en faisaient notamment partie : Jean Vérines, commandant de la Garde républicaine, le docteur Roche, et l’abbé Roger Derry, vicaire à l’église Saint-François-Xavier (VIIIe arr.). Il devint l’agent de liaison du responsable Charles Deguy.
Les renseignements recueillis étaient transmis à Londres depuis Saumur (Maine-et-Loire). La trahison du radio-technicien Mulleman provoqua plusieurs chutes. Le 8 août 1941, Roger Pironneau fut arrêté. Jugé le 23 mars 1942 par le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), il fut condamné à mort pour « espionnage ».
Classé « Nuit et brouillard » (condamné à disparaître), il fut envoyé en Allemagne le 19 avril 1942 à la prison de Düsseldorf puis à celle de Köln ou, selon la source, dans une prison de Berlin.
Un tribunal militaire le condamna une seconde fois à mort pour le même motif.
Ramené à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne) le 19 juillet 1942, transféré à la Santé (Paris, XIVe arr.), il fut passé par les armes le 29 juillet 1942 à 12 h 25 au Mont-Valérien en compagnie de Charles Deguy.
L’abbé Frantz Stock, aumônier militaire allemand de la garnison du Mont-Valérien, soutint Roger Pironneau dans son épreuve. Celui-ci écrivit une lettre à ses parents le jour de son exécution.
Inhumé au carré des fusillés du cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne), son corps a été restitué à la famille le 29 octobre 1947 avec les honneurs militaires.
Il fut ré-inhumé à Vergonne près de Pouancé (Maine-et-Loire) ; une rue de la ville porte son nom. Son nom est également gravé dans l’église Saint-Augustin, Paris (VIIIe arr.), sur la plaque commémorative de l’Institut catholique 21 rue d’Assas, Paris (VIe arr.) et sur le monument aux morts de Vergonne, aujourd’hui Ombrée d’Anjou.
Chevalier de la Légion d’honneur, Croix de guerre avec palme et médaillé de la Résistance à titre posthume, Roger Pironneau fut homologué sous-lieutenant. Le ministère des Anciens Combattants lui attribua la mention « Mort pour la France » le 19 juin 1946. Le réseau Saint-Jacques fut reconnu comme « unité combattante » du 4 août 1940 au 30 septembre 1944.
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Dernière lettre

Parents adorés,
 
Je vais être fusillé tout à l’heure à midi. Il est 9 h 1/4. C’est un mélange de joie et d’émotion. Pardon pout tout : [de] la douleur que je vous ai causée, de celle que je vous cause, [de] celle que je vous causerai. Pardon à tous pour tout le mal que j’ai fait, pour tout le bien que je n’ai pas fait.
 
Mon testament sera court : je vous adjure de revenir à la foi.
 
Surtout, aucune haine contre ceux qui me fusillent. « Aimez-vous les uns les autres, a dit Jésus, et la religion à laquelle je suis revenu, celle à laquelle vous devez revenir, car mes frères et soeurs chéris, vous vous en étiez écartés, est une religion d’amour.
Je vous embrasse tous de toutes les fibres de mon coeur. Je ne cite pas de noms, car il y en a de trop gravés dans mon coeur.
 
Votre fils, petit-fils et frère qui vous adore.
 
Roger
 
10h 1/4, je suis calme, serein.
 
J’ai serré la main de mes gardiens, grand plaisir. Je vais tout de suite voir l’abbé, immense joie. Dieu est bon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article168411, notice PIRONNEAU Roger, Pierre par Daniel Grason, version mise en ligne le 11 décembre 2014, dernière modification le 26 avril 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : DAVCC, Caen, Fusillé Boîte 5 / Boîte 6, Liste S 1744 (Notes Thomas Pouty). – Mémorial GenWeb. – La vie à en mourir. Lettres de fusillés 1941-1944, Éd. Tallandier, 2003, p. 181-182. – François Marcot (sous la dir.), Dictionnaire historique de la Résistance, Robert Laffont, 2006. – FMD, Livre-Mémorial, op. cit. – Photographie communiquée par Jean-Pierre Ravery. – Site Internet Mémoire des Hommes.— État civil, Paris 8e, 1920 acte 2901, vue 11E 163.— Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry founi par Edgar de Bortoli, 2021.

Photographie : AN Site Saint-Denis Pierrefitte, cote 411 AP/2.

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