Par Gilles Pichavant
Né le 1er mai 1903 à Brest (Finistère), fusillé le 10 décembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; mécanicien, chef d’équipe à l’Arsenal de Brest ; résistant, membre du groupe Élie rattaché au réseau Confrérie Notre-Dame (CND) Castille.
François Quéméner était marié avec Louise Monfort et en 1941 il habitait 11 place de Verdun, à Brest. Il avait une fille, prénommée Jacqueline, née le 26 mars 1929.
Mécanicien, chef d’équipe à l’Arsenal de Brest, domicilié 15 rue Hoche à Lambézellec, il fut recruté dans la Résistance, courant août 1940, par Louis-Jean Élie, un entrepreneur de transport, alors qu’ils faisaient partie tous les deux de la défense passive. C’est dans ce milieu que Louis-Jean Élie recruta initialement. Au mois d’octobre 1940, l’organisation initiée par celui-ci , appelée groupe Élie, était structurée, avec cadres politiques et militaires, agents de liaison, postes de commandement, boîtes aux lettres et service de renseignements. Immédiatement, elle participa à des opérations montées à l’aide de petits groupes pour subtiliser des armes aux soldats allemands dans les cafés. Ainsi, début décembre 1940, près de deux cent cinquante revolvers avaient été réunis et stockés dans le garage d’Alice Abarnou. Louis-Jean Élie contacta le capitaine René Drouin qui parvint à entrer en contact avec le colonel Rémy et le réseau CND Castille : en février 1941, le groupe Élie fut rattaché au réseau CND Castille.
Le 30 avril 1941, vers 21 heures, Albert Muller, François Quéméner et Joseph Prigent attaquèrent quatre Allemands installés au café des PTT, rue Louis-Blanc. Les Allemands parvinrent à s’enfuir, mais Albert Muller fut blessé de six balles dans le ventre. Il fut conduit par ses camarades chez un médecin, qui appela l’ambulance municipale. Il fut opéré le 1er mai, et, jugé transportable, il rentra chez lui le 10 mai 1941, sur sa demande. Le 13 mai dans l’après-midi, des Allemands frappèrent à sa porte et l’emmenèrent, malgré son état, jusqu’à leurs locaux de l’école Bonne-Nouvelle. François Quéméner fut arrêté le soir même, à 19 heures. Ce furent les premières d’une longue série d’arrestations qui dura jusqu’à la fin juin 1941. Après un passage à Bonne-Nouvelle, les résistants étaient conduits, les uns après les autres, à la prison du Bouguen, à Brest.
Le 5 juillet 1941, François Quéméner fut transféré à Fresnes (Seine, Val-de-Marne).
Il fut condamné à mort le 22 novembre 1941 par le tribunal allemand du Gross Paris, qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.).
François Quéméner a été fusillé au Mont-Valérien le 10 décembre 1941 avec dix de ses camarades : Louis-Jean Élie, Georges Bernard, Robert Busillet, René Gourvennec, Roger Groizeleau, Albert Muller, Roger Ogor, Joseph Prigent, Louis Stephan et Joseph Thoraval.
Un service religieux célébré à Saint-Martin à Brest le 8 janvier 1942 en mémoire de ces onze membres du groupe Élie réunit plusieurs centaines de personnes.
François Quéméner fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 10 décembre 1941 division 39, ligne 3, n°27.
Par une lettre du 17 décembre 1941, le maire de Brest demanda à Fernand de Brinon d’intervenir auprès des autorités allemandes pour que les corps des onze brestois fusillés le 10 décembre 1941 soient rendus aux familles. Sans succès. C’est à partir de juillet 1947 que les remises de corps s’effectuèrent. François Quéméner a été réinhumé le 25 novembre 1947 à Guingamp (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor).
La mention « Mort pour la France » fut attribuée à François Quéméner le 23 août 1945. Il fut fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume. Le 19 avril 1958, il reçut la Croix de guerre avec palme par un décret publié au Journal officiel le 26 avril suivant, ainsi que la Médaille de la Résistance.
En souvenir du groupe Élie, la ville de Brest a appelé « rue des 11-Martyrs » l’une de ses voies qui donnent sur son hôtel-de-ville, perpendiculairement à la rue Jean-Jaurès. Une plaque a été apposée.
Le nom de François Quéméner figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien. Son nom figure aussi sur une stèle érigée en 2003 à Brest dans le square Rhin-Danube en hommage aux seize résistants du groupe Élie Morts pour la France, avec la mention "La ville de Brest A la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour que nous puissions vivre libres - Groupe Élie : premier groupe de résistance brestoise.". On y trouve les noms des onze membres du groupe Élie fusillés le 10 décembre 1941 au Mont-Valérien, et aussi les noms de cinq membres du groupe Élie morts en déportation : Jean Caroff, Capitaine René Drouin, Yves Féroc, Jean Gouez et Hervé Roignant.
Par Gilles Pichavant
SOURCES : AVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). — Fichier des fusillés, FNDIRP du Finistère Nord à Brest. — Arch. mun. Brest. — Eugène Kerbaul, Chronique d’une section communiste de province, Brest, janvier 1935-janvier 1943, Presses de l’imprimerie commerciale de Rennes, 1992. — resistance-brest.net. — Site Internet Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.