SEGER Joseph

Par Léon Strauss

Né le 22 mars 1896 à Petit-Landau (Haute-Alsace annexée, Haut-Rhin), fusillé le 15 juillet 1943 à Strasbourg (Bas-Rhin) ; sous-officier de carrière, puis restaurateur ; résistant.

Fils de Joseph Seger, garde-chasse, et de Florentine Heitz, Joseph Seger fut mobilisé dans l’armée allemande de 1914 à 1918. Dès 1919, il s’engagea dans l’armée française, atteignant le grade d’adjudant-chef après la campagne du Rif avec la Légion étrangère, qui lui valut la Médaille militaire. Il termina sa carrière militaire à Strasbourg en 1932. Il acquit alors le restaurant « La Tête noire (Mohrenkopf) », 9 quai des Pêcheurs. Il fut mobilisé au 158e régiment d’infanterie, en 1939-1940. Fait prisonnier en juin 1940, libéré comme Alsacien, il rouvrit son restaurant, tout en participant à l’organisation clandestine de passeurs vers la France non annexée fondée par René Brecheisen. En 1942, sa brasserie devint le siège des rencontres discrètes du Front de la jeunesse alsacienne d’Alphonse Adam. Il recevait dans son restaurant deux ou trois évadés par semaine et les faisait conduire à la nouvelle frontière soit par Soultzeren et Le Tanet (Vosges), soit par Mulhouse (Haut-Rhin) vers la Suisse. Arrêté le 20 janvier 1943, interné au camp de Schirmeck-Vorbrück (Bas-Rhin), il fut condamné à mort pour haute trahison par le Volksgerichtshof le 7 juillet 1943. Il a été fusillé le 15 juillet 1943 au stand Vauban à Strasbourg, en même temps qu’Alphonse Adam, Pierre Tschaen, Charles Schneider, Robert Meyer et Robert Kieffer. Leurs corps furent incinérés et leurs cendres jetées dans le canal de la Marne au Rhin.
Le 10 juillet 1945, Henri Frenay, ministre des Prisonniers, Déportés et Réfugiés, lui remit à Strasbourg la Médaille de la Résistance à titre posthume. Sa citation soulignait son implication dans le passage de la frontière par les prisonniers de guerre évadés, ainsi que sa « très bonne tenue pendant l’instruction et le jugement ». Un service commémoratif fut célébré en janvier 1946 à l’église catholique Sainte-Madeleine de Strasbourg. En février 1946, le conseil municipal de Petit-Landau donna son nom à la rue principale du village. En janvier 1948, il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume. En décembre 1949, le grade de lieutenant au titre de la Résistance intérieure et la Croix de guerre lui furent attribués. Une cérémonie commémorative a lieu tous les 15 juillet à proximité du lieu de l’exécution.
Sa seconde épouse, Clémence Gsell, fut arrêtée le 3 février 1943 et internée au camp de Schirmeck-Vorbrück.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article168450, notice SEGER Joseph par Léon Strauss, version mise en ligne le 15 décembre 2014, dernière modification le 11 mars 2020.

Par Léon Strauss

SOURCES : Charles Béné, L’Alsace dans les griffes nazies, Raon-l’Étape, 1971, t. 1, p. 141-144 (notamment sa dernière lettre adressée à sa femme, elle-même internée au camp de Schirmeck), t. 3, p. 285. – Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne, no 47, Strasbourg, 2006, p. 4943-4944 (iconographie). – Strassburger Neueste Nachrichten, 16 juillet 1943. – L’Alsace libérée, 25 février, 10, 13-15, 17 juillet 1945, 18 janvier 1946.

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