THOMAS Ferdinand

Par François Prigent

Né le septembre 1909 à Languidic (Morbihan), mort le 8 septembre 1993 à Hennebont (Morbihan) ; médecin ; résistant ; chef du 7e bataillon FFI ; maire et conseiller général SFIO de Hennebont (1945-1951) ; candidat de la SFIO au Conseil de la République en 1946, 1948, 1949 ; maire de Hennebont (1952-1959) puis conseiller municipal (1959-1977) et vice-président du conseiller général sous diverses étiquettes conservatrices (1952-1976).

Né en septembre 1909 à Languidic, ce médecin républicain convaincu, était fils d’un gardien surveillant du bagne à Saint-Laurent du Maroni en Guyane. Il s’installa à Hennebont en 1935. Résistant dès septembre 1942 et capitaine de l’ORA à la Libération, le chef du 7e bataillon des FFI rejoignit la SFIO en 1945. Son parcours s’inscrivit dans la continuité d’un autre « médecin du peuple », Mathurin Lessien, élu conseiller général de Hennebont en 1898, qui fut responsable de la FSB pour le Morbihan entre 1900 et 1904, structure socialiste régionale qui associait les milieux républicains laïques et les filières militants socialistes ouvrières. L’élection de Ferdinand Thomas aux fonctions de maire et conseiller général de Hennebont en 1945, à la suite du maître des Forges, le républicain Camille Herwegh, symbolisèrent aussi les importants transferts électoraux s’opérant au profit de la SFIO dans l’électorat bleu. Mais d’emblée, Ferdinand Thomas connut de fortes dissensions avec l’aile gauche du parti socialiste, qui se heurtait à la concurrence d’une implantation communiste en pleine croissance. Sous utilisé à son goût lors des diverses élections (notamment en juin 1946), il fut candidat de la SFIO au Conseil de la République en 1946, 1948 et 1949. Par la suite, il se rapprocha de l’avocat Julien Le Pan, maire de Lorient (1946-1951), socialiste modéré qui dériva vers le RPF jusqu’en 1951, avant de quitter la SFIO. Ferdinand Thomas changea lui aussi de camp au terme des cantonales d’octobre 1951 (élu sous l’étiquette SFIO) pour intégrer la majorité de droite en décembre 1951. Selon Jean Le Coutaller, il entretenait des relations très distantes avec le milieu socialiste depuis 1949, ayant toutefois tenter de monter un réseau d’élus socialistes en 1947. Président de l’ANACR, élu sous diverses étiquettes conservatrices jusqu’en 1976, le vice-président de l’assemblée départementale de Paul Ihuel puis de Raymond Marcellin consacra la dissolution des réseaux socialistes à Hennebont dans les années 50 et 60, en dehors des filières syndicales de FO (Lucien Herpe, Luis Arevalo) ou des instituteurs anticommunistes (Marcel Le Strat). En 1957, le notable conservateur tenta de mettre en place un comité de défense des Forges, autour de lui. En 1958, il fut élu de justesse face à Jean Giovannelli, président de la FOL et maire d’Inzinzac-Lochrist (1945-1977) dans un contexte social tendu avec la crise des Forges. Ferdinand Thomas fut battu en 1959 par la liste menée par Eugène Crépeau (PC). Lors des municipales de 1965, la SFIO de Hennebont connut une nouvelle dissidence (plusieurs élus rejoignant la liste Thomas) et acheva de se disloquer face à un PC puissant, qui regagna même le siège cantonal avec Eugène Crépeau (instituteur) en 1976. Il fallut attendre la fin des années 70 pour voir le PS se restructurer autour d’Albert Berthy (géomètre, conseiller général entre 1982 et 2001), dans le sillage de l’élection à la députation de Jean Giovannelli (1981-1993). Artisan de la reconstruction de la ville et fondateur de l’hôpital local, Ferdinand Thomas fut conseiller régional entre 1973 et 1976. Résistant majeur dans le département, il mourut le 8 septembre 1993.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article168453, notice THOMAS Ferdinand par François Prigent , version mise en ligne le 14 décembre 2014, dernière modification le 7 décembre 2021.

Par François Prigent

SOURCES : Arch. Dép. Morbihan, 85 J, ADM 2 W 15 741, ADM 2 W 14 359, ADM 2 W 12809, ADM 2 W 14372. — Archives de l’OURS, dossiers Morbihan. — Archives Fédérales du PS 56. — Archives de l’Ecomusée des Forges ; Le Rappel du Morbihan (1947-1977). — Articles sur la vie politique locale (1968-1977). — Entretiens avec Albert Berthy, Jean Giovannelli et Eugène Crépeau. — François Prigent, « Les réseaux seconds en politique. Prosopographie des conseillers généraux socialistes du Morbihan au XXe siècle (1898-2004) », in Recherche Socialiste, n° 42, mars 2008. — Sources familiales.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable