DELAVAL Alfred, Christian, Augustin, René [Pseudonyme dans la Résistance : Freddy]

Par Julien Lucchini, Laurent Thiery

Né le 3 décembre 1914 à Tourcoing (Nord), fusillé le 28 mars 1944 au fort de Bondues (Nord) ; directeur de l’hôtel Bellevue de Lille (Nord) ; résistant, membre du réseau Zéro-France, puis de l’Organisation civile et militaire.

Coll. Musée de la Résistance de Bondues

Fils d’Alfred Delaval, employé, et d’Aurore Desbouvries, sans profession, Alfred Delaval s’était marié le 23 décembre 1940 à Tourcoing avec Gisèle, Marie, Adrienne Lachambre, et vivait sur la Grand’Place de Lille, où il dirigeait l’hôtel Bellevue. Membre du réseau Zéro-France et de l’Organisation civile et militaire (OCM), il aurait hébergé des résistants dans son établissement, selon André Velut. Si l’on en croit son dossier aux archives de la DAVCC, il s’introduisait dans les chambres occupées par les Allemands et dérobait les documents relatifs aux mouvements de troupes et aux installations militaires, en particulier les sites de tirs des armes secrètes de Hitler, les V1 et V2. Le 3 janvier 1944, il fut arrêté avec son épouse par la Sipo-SD de La Madeleine, après une perquisition, et emmené à la prison de Béthune (Pas-de-Calais). Son activité de renseignement en rapport avec les armes secrètes entraînait sa remise à l’Abwehr d’Arras, le service de contre-espionnage fraichement arrivé en France et surnommé « l’ange gardien des V1 » en 1945. Transféré à Arras, il connut les cellules de l’hôtel du Commerce et finit sa captivité à la prison de Loos-lès-Lille (Nord) où il avait été transféré le 6 mars 1944. On sait grâce au témoignage d’André Velut que, le 28 mars 1944, avec trois autres membres de l’OCM, ils comparurent devant le tribunal du 65e corps d’armée allemand alors réuni boulevard de la Liberté, à Lille. André Velut précise « qu’un certain Freddy [c’est le pseudonyme de Delaval], propriétaire de l’hôtel Bellevue à Lille », connut le même sort que ses camarades. Condamné à mort pour espionnage, il fut exécuté le jour même dans le plus grand secret au fort de Bondues, près de Lille.
Certaines sources semblent indiquer qu’il avait accueilli le verdict d’un signe de la main en déclarant : « C’est fini. » Après quoi il aurait calmement allumé sa pipe avant de s’atteler à la rédaction de sa dernière lettre.
Alfred Delaval repose à Tourcoing, depuis son exhumation et son enterrement du 13 septembre 1944. Son nom figure sur les monuments aux morts et plaques commémoratives de Bondues et Tourcoing ; il est inscrit sur le mémorial de la Résistance de Tourcoing.
Il fut homologué comme interné-résistant (AC 21 P 631344 et GR 16 P 168698), au titre des forces françaises combattantes, et reçut la médaille de la Résistance à titre posthume (décret du 22 avril 1966 ; JO du 4 juin).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article168500, notice DELAVAL Alfred, Christian, Augustin, René [Pseudonyme dans la Résistance : Freddy] par Julien Lucchini, Laurent Thiery, version mise en ligne le 12 janvier 2015, dernière modification le 18 mai 2020.

Par Julien Lucchini, Laurent Thiery

Coll. Musée de la Résistance de Bondues

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty) ; SHD, Caen et Vincennes (nc). — Fonds « André Velut » (La Coupole). — Musée de la Résistance de Bondues, Ils étaient 68, 2010. — Gilles Perrault, La longue Traque, Paris, J.-C. Lattès, 1975 ; Laurent Thiery, La Répression allemande dans le Nord de la France (1940-1944), Lille, Presses du Septentrion, 2013, p. 239-256. — Sites Internet : Mémoire des hommes ; Mémorial GenWeb. – État civil. — Notes Frédéric Stévenot.

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