WEISZ Tibor

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 22 avril 1925 à Budapest (Hongrie), fusillé le 27 mars 1944 au fort de la Duchère (Lyon, Rhône) ; résistant au sein des FTP-MOI dans le bataillon Liberté à Grenoble (Isère) puis dans le bataillon Carmagnole à Lyon.

Fils d’Oscar et Aurélie Landau, Tibor Weisz était juif hongrois. Il vivait avec sa famille à Toulouse (Haute-Garonne). Au printemps 1943, ses parents l’envoyèrent à Grenoble (Isère) pour le mettre en sécurité (la région était à l’époque placée sous l’autorité de l’administration militaire italienne). Son père fut arrêté à Toulouse et déporté. Tibor Weisz milita quelque temps au Mouvement pour l’indépendance hongroise. Il était étudiant.
Sous le pseudonyme d’Yves et le matricule 94082, il devint ensuite résistant de Francs-tireurs et partisans-Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) dans le bataillon Liberté à Grenoble. Il fit partie d’un groupe de huit hommes dont Nathan Saks (dit Raymond) était le responsable militaire et Étienne Goldberger (dit Jacques), le responsable politique.
En décembre 1943, il participa vraisemblablement au sabotage de l’usine Charvet (Grenoble) qui travaillait pour les autorités allemandes. Le 24 décembre 1943, il participa à trois opérations : la récupération de la totalité des tickets d’alimentation destinés à la commune de Saint-Martin-d’Hères (Isère), la destruction d’une scierie, aux environ de Grenoble qui fabriquait des baraquements pour la Wehrmacht, et la récupération de l’armement de cinq Groupes mobiles de réserve (GMR). Le 5 janvier 1944, il prit part à une tentative de sabotage de la ligne ferroviaire Grenoble-Chambery près de Domène (Isère). Alors que les résistants s’apprêtaient à déboulonner les rails, des GMR les attaquèrent. Tibor Weisz, armé de la seule mitraillette, protégea le repli du groupe en ouvrant le feu. Il fut blessé par balle à la main. Pour des raisons de sécurité, ses chefs l’envoyèrent à Lyon (Rhône). Il fut soigné et intégra le bataillon FTP-MOI Carmagnole. À Lyon, Tibor Weisz demeurait 19 rue Constant (IIIe arr.).
Le 9 mars 1944, lors d’une opération de récupération d’armes (à cette occasion dix-huit gardiens de la paix et un GMR furent désarmés ou subirent des tentatives de désarmement par les résistants), le FTP-MOI Nathan Saks fut blessé et arrêté. Le lendemain, les policiers surveillèrent sa « planque » (située au 48 bis cours Eugénie à Lyon) et appréhendèrent Gajewski* (dit Simon Tokar) et Fischel Pfeffer. Gajewski* ne put résister à la torture. Il indiqua l’heure et l’adresse du rendez-vous quotidien des hommes de son groupe : à 10 heures du matin, avenue Berthelot, devant l’entrée du cimetière Guillotière (Lyon). La police surveilla le lieu et arrêta Tibor Weisz sous la fausse identité de Paul Delmas. Ils trouvèrent sur lui une balle de mitraillette qu’il dit avoir récupérée dans la rue. Les policiers perquisitionnèrent sa chambre. Ils découvrirent notamment un livre intitulé « Histoire du Parti communiste bolchévique de l’URSS », une fausse carte d’identité au nom de Jean Ribaud et une carte d’alimentation portant le même nom.
Lors des interrogatoires, Gajewski* affirma que Tibor Weisz avait pris part « à plusieurs attentats par explosifs contre les usines de Lyon et de la région ainsi qu’à plusieurs agressions dans la nuit du 9 au 10 mars 1944 commises contre les gardiens de la paix ». Tibor Weisz, Gajewski*, Étienne Goldberger et Fischel Pfeffer furent transférés le 14 mars à la prison Saint-Paul (Lyon). Le 27 mars, ils comparurent devant la cour martiale du secrétariat général au Maintien de l’ordre, siégeant à la prison Saint-Paul. Ils furent condamnés à mort et conduits immédiatement après dans les fossés du fort de la Duchère (Lyon, IXe arr.) où des Français (vraisemblablement des GMR) les fusillèrent.
Le corps de Tibor Weisz est inhumé à la nécropole nationale de la Doua (Villeurbanne, Rhône), rang A 8, tombe 40.

Lyon, fort de la Duchère (19 février - 4 août 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article168571, notice WEISZ Tibor par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 17 décembre 2014, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 3678W19. – CHRD, Lyon, Art. 1167. – Claude Collin, Carmagnole et Liberté, les étrangers dans la Résistance en Rhône-Alpes, 2000. – Annette Wieviorka, Ils étaient Juifs, résistants, communistes, 1986. – Virginie Sansico, La justice du pire, les cours martiales sous Vichy, 2002. – Amicale des anciens Francs-tireurs et partisans de la Main-d’œuvre immigrée, Carmagnole Liberté, 1995. – Carmagnole Liberté, Francs-tireurs et partisans de la main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI), 1985. – Mémorial GenWeb.

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