FREIRE Manuel, Alois

Par Daniel Grason

Né le 5 septembre 1900 à Aguida (Portugal), exécuté sommairement le 27 juin 1944 à Vaugeton, commune de Celle-Lévescault (Vienne) ; soudeur à l’arc ; communiste ; trésorier de la Fédération des émigrés portugais ; résistant FTPF.

Fils de Joseph et de Maria, née Fereira, Manuel Freire épousa Anna Fernandez, il entra en France le 25 mars 1922, il se conforma à la réglementation sur le séjour des étrangers en France. Manuel Freire exerça le métier de soudeur à l’arc P2 chez Lancia, rue du Port à Bonneuil (Seine, Val-de-Marne), puis aux usines Chausson à Meudon (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine).

Séparé de son épouse, il vivait avec Maria Gonzalès de nationalité espagnole, le couple eut un enfant, prénommé Manuel né le 11 août 1927 à Issy-les-Moulineaux (Seine, Hauts-de-Seine), la famille vivait au 35 Boulevard Rodin. Il adhéra à la Fédération des Émigrés Portugais en France, devint le trésorier de l’association dont le siège était au 3 Sentier des Poiriers dans le XXe arr. de Paris (Seine). L’association proche du Parti communiste fut dissoute en application du décret du 26 septembre 1939. L’État-Major de la Marine et de la Guerre le signala comme communiste le 28 mars 1940.

Pendant la guerre Manuel Freire milita avec son amie Maria Gonzalès au sein d’un groupe du Parti communiste espagnol. La police fila Francisca Vélas, une militante qui se rendit à deux reprises chez le couple Freire-Gonzalès le 21 et 28 avril 1942. Des inspecteurs des Renseignements généraux interpellèrent le couple le 27 juin 1942, lors de la perquisition domiciliaire les policiers saisissaient l’ouvrage L’Histoire du Parti communiste (bolchevik), de J. Staline, un livre intitulé La Tentation contenait de la page 4 à 24 « Le Manuel du jeune communiste », des extraits de tracts, un article d’André Marty en espagnol. Le drapeau rouge de la Fédération des Émigrés portugais en France, section d’Issy-les-Moulineaux était confisqué.

Interrogé, il nia toute implication dans la constitution d’un groupe du Parti communiste espagnol. Il resta au dépôt puis fut incarcéré à la Santé, il comparut le 11 décembre 1943 devant la Section spéciale de la cour d’Appel de Paris qui le relaxa. Considéré comme « douteux au point de vue politique et suspect pour l’ordre intérieur » il fut interné le 13 décembre 1943 au Centre de séjour surveillé des Tourelles à Paris, XXe arr.

Manuel Freire fut transféré le 6 mai 1944 au camp de Rouillé dans la Vienne. Ce camp ouvert en septembre 1941, sous la dénomination de « centre de séjour surveillé » regroupait avant sa libération 379 internés, pour l’essentiel des « politiques », communistes, républicains espagnols et des « indésirables » étrangers, arméniens, russes, italiens… Quelques jours après le 6 juin 1944 et le débarquement des troupes alliées sur les plages de Normandie, des maquisards FTPF libérèrent les internés du camp de Rouillé dans la nuit du 10 au 11 juin 1944. Après la libération du camp, un groupe d’internés d’origine étrangère pour la plupart (dont une vingtaine de républicains espagnols) décida de rejoindre les rangs de la Résistance. Parmi eux Manuel Freire rejoignit à proximité le maquis de Saint-Sauvant (Vienne). Le matin du 27 juin, une colonne motorisée de plus de mille cinq cents hommes de la SS, de la Wehrmacht et de la Milice encercla la forêt.

Le hameau de la Branlerie, quartier général du maquis fut incendié. Cinq maquisards furent tués les armes à la main ainsi que le chef du maquis Marcel Papineau (dont le corps fut retrouvé le lendemain à quelque distance). En fin d’après-midi, 25 hommes frappés à coups de crosses, dont Manuel Freire, furent exécutés sur le bord d’une route au lieu-dit Vaugeton commune de Celle-Lévescault. Parmi-eux se trouvaient des espagnols qui s’étaient évadés de Rouillé : Luis Gomez-Castagno, Juan Hernandez-Rodriguez, Antonio Serra-Clariani, Honorio Perez-Gonzalès, Ricardo Roja-Gil, Raphaël Massa-Andreu, ainsi que Manuel Freire et Jacques Fontanot âgé d’à peine dix-huit ans.

A l’issue des opérations militaires, l’officier allemand commandant les troupes convoqua le maire de Celle-Lévescault pour lui ordonner d’enterrer les morts. Le maire fit alors appel aux maires des communes voisines de Lusignan et Saint Sauvant pour se répartir les 31 corps. Manuel Freire fut inhumé à Lusignan avec huit autres camarades sans qu’un acte de décès soit dressé. Ce n’est que le 30 juin 1945 que les corps furent exhumés et identifiés et que leurs actes de décès furent inscrits à l’état civil de Lusignan. Manuel Freire fut ensuite inhumé dans la nécropole de Sainte-Anne-d’Auray (Morbihan) sous le prénom de « Marcel ».

Il a obtenu la mention « Mort pour la France » et le titre d’Interné-Résistant lui a été attribué à titre posthume. Son nom est inscrit sur la stèle commémorative de Vaugeton.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article168642, notice FREIRE Manuel, Alois par Daniel Grason, version mise en ligne le 19 décembre 2014, dernière modification le 20 octobre 2022.

Par Daniel Grason

Dans la nécropole nationale</br> de Sainte-Anne-d'Auray
Dans la nécropole nationale
de Sainte-Anne-d’Auray
SOURCE :
Photo Jean-Pierre et Jocelyne Husson

SOURCES : SHD, Vincennes, RG 16 P 234467. — Arch. PPo., 1W 126. – Site Internet Vienne Résistance Internement Déportation (V.R.I.D.). — Site Internet GenWeb. — Notes et photographies de Jean-Pierre et Jocelyne Husson.— État civil, Lusignan registre des décès 1945 acte n° 23. — Notes de Michel Thébault.

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