BLED Jules, Claude, dit Julien et Justin

Par Henri Dubief, Philippe Gratton, Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 29 juillet 1879 à Beaumont-la-Ferrière (Nièvre), mort le 5 mars 1961 à Longjumeau (Seine-et-Oise) ; ouvrier jardinier, puis secrétaire administratif d’une Fédération de coopératives, puis directeur d’une caisse d’Assurances sociales ; militant syndicaliste révolutionnaire, puis réformiste ; secrétaire du syndicat des jardiniers de Paris de 1904 à 1914 et de la Fédération nationale horticole ; secrétaire de l’Union des syndicats de la Seine ; franc-maçon ; maire ; conseiller départemental en 1944 ; maire de Levallois-Perret de novembre 1939 à août 1944.

Jules Bled (1912)
Jules Bled (1912)
cc Encyclopédie socialiste, syndicaliste et coopérative

Bled fut l’un des principaux initiateurs de l’organisation des ouvriers jardiniers et horticulteurs. Il représenta le syndicat des jardiniers de Paris au congrès constitutif de la Fédération nationale horticole, tenu à la Bourse du Travail de Paris les 23 et 24 décembre 1904. En mai 1905, il fonda un journal destiné à s’adresser à cette catégorie de travailleurs : L’Ouvrier horticole, dont il fut le directeur, et qui parut régulièrement chaque mois jusqu’au 1er octobre 1906 (il fut remplacé en juin 1907 par Le Travailleur de la Terre, journal unique des trois Fédérations terriennes : bûcheronne, horticole et agricole du Midi). Bled participa à tous les congrès de sa Fédération, et la représenta, de 1905 à 1914 au comité interfédéral formé pour étudier la possibilité d’unification des trois Fédérations terriennes. Dans ce domaine, il fut favorable à une fusion pure et simple des Fédérations terriennes existantes, tout en conservant la classification des travailleurs de la terre en trois catégories, donc en trois sections nationales (agricole, horticole et bûcheronne). Il souhaita également que chacune de ces sections soit dirigée par un comité particulier sous la dépendance d’un comité central composé de trois délégués par section. Cette Fédération terrienne unique ne put être réalisée qu’après la guerre (en 1920), alors que Bled ne militait plus dans le mouvement. En mars 1906 et en avril 1908, Bled dirigea deux grèves de jardiniers très importantes dans la région parisienne (6 000 grévistes dans la première, 2 000 dans la seconde). Il assista comme délégué au XVe congrès national corporatif - 9e de la CGT - et conférence des Bourses du Travail tenu à Amiens du 8 au 16 octobre 1906. Il y représentait la Fédération ouvrière horticole de France et des colonies et l’union de la sellerie-bourrellerie et parties similaires. Il assista également et au même titre au XVIe congrès, Marseille, octobre 1908, au XVIIe, Toulouse, octobre 1910, au XVIIIe, Le Havre, septembre 1912. À Amiens, en 1906, il avait signé l’ordre du jour syndicaliste révolutionnaire présenté par V. Griffuelhes.

Doué d’un « organe claironnant et bien timbré », Bled se présentait « le masque volontaire, la moustache en bataille, le menton en avant » et, à l’occasion, « par des phrases sèches et courtes comme son nom, fonçait sur l’adversaire » (cf. l’Information..., op. cit.). Aussi joua-t-il un rôle important dans le mouvement.

Secrétaire de l’Union des syndicats de la Seine en 1907, Bled fut également secrétaire du comité de construction de la Maison des Syndicats. Au moment de l’arrestation du bureau confédéral, le 1er août 1908, il alla chercher Pataud alors en vacances en Vendée dans une voiture réquisitionnée et conduite par Guinchard du syndicat des cochers-chauffeurs. Remplacé par Savoie au secrétariat de l’UD Seine en 1908, il lui succéda en janvier 1913. Il fut l’un des signataires du texte appelé « l’Encyclique » qui rappela, le 20 août 1912, dans la Bataille syndicaliste, la doctrine de la Charte d’Amiens contre les prétentions du socialisme réformiste ou hervéiste. Comme secrétaire de l’UD, il joua un rôle essentiel au congrès départemental du 24 août 1913 pour l’application des décisions du congrès confédéral du Havre (1912) sur l’organisation des Unions départementales et la fusion des syndicats faisant double emploi. À ce congrès les séances furent présidées par Dumoulin et Savoie. Pour son action révolutionnaire Bled était inscrit au Carnet B. Ce fut pourtant lui qui, le 31 juillet 1914, au soir, devait faire adopter par le comité confédéral national de la CGT une motion affirmant la nécessité de « remiser les décisions antimilitaristes des congrès confédéraux ». Dès lors, Bled fit partie de la majorité d’Union sacrée et en fut même le dirigeant principal après Jouhaux. Comme celui-ci, il fit partie du comité de secours national avec Maurice Barrès, Charles Maurras et Lépine, ancien préfet de police. Membre de la commission exécutive nommée en septembre 1914 au moment du départ de Jouhaux pour Bordeaux, il participa avec la nouvelle majorité à la suppression de la Bataille syndicaliste et à son remplacement par la Bataille. Le 1er mai 1915, il parla dans les réunions qui prônèrent l’union sacrée, avec Jouhaux, Marck, Lefèvre de la Fédération du Bijou et Ben Tilett. Il fut délégué à la conférence syndicale interalliée de Leeds en juillet 1916. Les minoritaires furent d’autant plus durs pour lui qu’ils le considéraient comme l’un des deux chefs de l’Union sacrée ; il répondit à leurs attaques dans une lettre circulaire du 11 août 1916 qu’il signa avec Lefèvre en tant que secrétaires de l’UD Seine. En juillet 1918, il défendit vigoureusement, et avec éloquence, l’action de la majorité au congrès de Paris puis, en novembre, il se retira pour raisons de santé.

Élu conseiller municipal socialiste de Levallois-Perret (Seine) le 10 mai 1925 dans la municipalité Louis Rouquier*, il fut réélu en mai 1929 puis en mai 1935 comme candidat de l’Union socialiste et républicaine. Il était alors et depuis 1930 directeur de la caisse d’Assurances sociales pour la Seine et la Seine-et-Oise.

J. Bled était premier maire adjoint au moment du décès de L. Rouquier le 23 novembre 1939. C’est lui qui a prononcé l’éloge funèbre au nom du conseil municipal. Il devint maire de Levallois dans les jours suivants.

Il apparaît qu’il resta maire, nommé par le gouvernement de Vichy en date du 9 mai 1941. Ph. Nivet cite un rapport du cabinet civil du maréchal Pétain proposant son remplacement : « Le nouveau maire, M. Bled, néo-socialiste et sans doute franc-maçon, ou ancien franc-maçon, gouverne avec l’équipe maçonnisante [...] M. Bled n’a pas réussi, il est très critiqué » (sans date). Il fut cependant nommé conseiller départemental en 1944.

À partir du 23 août 1944, les documents administratifs sont signés par le Président du comité local de Libération, L’Heureux Léon qui fut ensuite président de la délégation spéciale faisant fonction de maire, avant d’être remplacé par Ernest Pernet, maire élu, le 18 mai 1945.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16900, notice BLED Jules, Claude, dit Julien et Justin par Henri Dubief, Philippe Gratton, Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 27 septembre 2021.

Par Henri Dubief, Philippe Gratton, Jean Maitron, Claude Pennetier

Jules Bled (1912)
Jules Bled (1912)
cc Encyclopédie socialiste, syndicaliste et coopérative

SOURCES : Arch. Dép. Seine, DM3. — L’Ouvrier horticole. — Le Travailleur de la Terre. — Comptes rendus des 1er et 2e congrès de la fédération horticole. — Compte rendu du comité interfédéral terrien de 1905. — Compte rendu du congrès unique de Saint-Fargeau de 1908. — Le Mouvement socialiste, février et juin 1907, 15 février 1908. — B. Georges, D. Tintant, M.-A. Renauld, Léon Jouhaux, op. cit. — Bulletin de l’Union des syndicats de la Seine depuis 1907. — La Vie ouvrière, 1909-1914. — L’Information ouvrière et sociale, 24 novembre 1918. — La Révolution Prolétarienne, 25 mars 1939. — Le Travailleur parisien, juillet-septembre 1930. — Mairie de Beaumont-la-Ferrière (Nièvre) 22 mai 1980. — Lettre de M. Jean Lebeslour, archiviste municipal de Levallois-Perret, 28 mai 1980. — Philippe Nivet, Les Assemblées parisiennes de 1935 à 1953, IHTP, 1995. — Jean-Louis Robert, Les ouvriers, la Patrie et la Révolution. Paris 1914-1919, Annales littéraires de l’Université de Besançon, 1995.

ICONOGRAPHIE : Encyclopédie socialiste. Le Mouvement syndical, op. cit., p. 275.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable