CESMAT Samuel, Élisée [pseudonyme dans la Résistance : Samy]

Par Jean-Marie Guillon

Né le 16 mai 1904 à Saint-Laurent-des-Cros (Hautes-Alpes), abattu le 22 juillet 1944 à Gordes (Vaucluse) ; gendarme à la retraite ; Armée secrète (AS)-Forces françaises de l’intérieur (FFI).

Fils d’Élisée-Henri Cesmat, cultivateur, et de Rachel Chauvin, sans profession, marié à Forest-Saint-Julien (Hautes-Alpes) le 4 octobre 1928 avec Rose Achard, Samuel Cesmat était adjudant de gendarmerie à la retraite. Grâce aux recherches de Jean-Paul Jouval, président du Souvenir français du canton d’Apt, son parcours dans la gendarmerie est bien connu. Envoyé au peloton mobile n°73 d’Héricourt (Haute-Saône) en avril 28, il fut titularisé comme gendarme et affecté, le 5 novembre 1928, à Saint-Laurent-du-Cros. Promu maréchal des logis le 10 février 1936, décoré de la Médaille militaire le 22 juin 1939, il fut muté à Dieulefit (Drôme) le 1er juin 1941. Nommé adjudant le 10 octobre 1942, il fut mis à la retraite par mesure disciplinaire le 20 février 1944 et s’installa à Gordes, hameau des Cortasses où il avait de la famille. Il était père de trois enfants (âgés de 15, 14 et 7 ans).
Sa mise à la retraite d’office est due à l’aide qu’il apportait à la Résistance et à ceux qui protégeaient les juifs à Dieulefit. Son rôle est évoqué par Jeanne Barnier, secrétaire de mairie de la bourgade, dans les témoignages reproduits par Sandrine Suchon dans l’ouvrage qu’elle a consacré à Dieulefit pendant la guerre : « J’ai eu pendant la guerre beaucoup de contacts avec le gendarmerie. Il y avait un brigadier que je connaissais bien parce que j’étais la cheftaine de sa fille dans mon mouvement de jeunesse. Ce brigadier de gendarmerie était protestant. Il a d’ailleurs été tué à la fin de la guerre par les Allemands. Et c’est un homme qui m’a beaucoup, beaucoup aidée. Quand il y avait quelque chose qui paraissait douteux, il me prévenait en disant : ‘’Attention, j’ai appris que la milice montait’’. Et je pense qu’il le faisait aussi avec une solide conviction protestante ». Un peu plus loin, Jeanne Barnier raconte qu’elle avait caché le cachet de la maire à la suite de l’arrestation d’un résistant pour qui elle avait fait de faux papiers. Étant allée déclarer le vol de ce cachet à la gendarmerie, Cesmat qui recueillait sa déposition lui aurait dit : « Mademoiselle Barnier, vous mentez très mal, vous venez de me faire une fausse déclaration, je vais vous expliquer comment bien mentir » (p. 120 et 150).
Une fois à Gordes, intégré à la Résistance locale (AS-FFI), il fut nommé adjoint militaire au chef de groupe le 23 mai 1944. Avec cette responsabilité, il prépara les plans à mettre en œuvre au moment de l’insurrection (sabotages à effectuer, lieux à occuper) et assura l’instruction militaire des hommes du groupe. Il fut arrêté le 22 juillet 1944 par les élément français de la 8e compagnie Brandebourg (groupe Heinrich), venus de Cavaillon (Vaucluse) qui recherchaient son cousin, Maurice Bourgue, chef local de l’AS. Selon leurs pratiques habituelles, ces hommes s’étaient d’abord fait passer pour des maquisards. Son épouse et ses enfants purent fuir. Roué de coups, Samuel Cesmat fut abattu vers 16 heures d’une rafale de mitraillette dans la colline (bois d’Audibert) où il avait égaré ses agresseurs sous prétexte de les conduire au lieu de stationnement du maquis. La ferme Bourgue, hameau des Cortasses, fut pillée et incendiée. La Croix de guerre avec palme à titre posthume lui a été décernée après la Libération.
Une stèle a été érigée à sa mémoire au hameau des Cortasses et une autre rappelle son souvenir au carré militaire du cimetière de Gordes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article169039, notice CESMAT Samuel, Élisée [pseudonyme dans la Résistance : Samy] par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 26 décembre 2014, dernière modification le 15 janvier 2022.

Par Jean-Marie Guillon

SOURCES : Arch. dép. Gard, 3 U 7 252 (cour de justice de Nîmes, dossier Paolino). ⎯ Archives Pétré, Livre noir pour la XVe Région, Service des recherches de crimes de guerre ennemis, 4 juillet 1945 ; Association des amis du Musée de la Résistance et de la Déportation, La mémoire gravée. Monuments, stèles et plaques commémoratifs de la Seconde Guerre mondiale dans le département de Vaucluse, Fontaine-de-Vaucluse, Musée d’Histoire, 2002 ; Louis Coste (dir.), La Résistance du pays d’Apt, de la Durance au Ventoux. Historique, Apt, 1974, rééd. 1982.— Jean-Paul Jouval, Mémorial des victimes des communes du canton d’Apt. Seconde Guerre mondiale, Indochine, Algérie, Apt, Le Souvenir français, 2017, p. 66-67.— Gérard Lebouchet, Gordes, le temps des artistes, Forcalquier, C’est-à-dire éditions, 2015.— Sandrine Suchon, Résistance et liberté. Dieulefit 1940-1944, Die, éditions A Die, 1994. ⎯ état civil.Genweb (consulté le 31-01-19)

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