BLITZ Gérard

Par Bertrand Réau

Né le 18 février 1912 à Anvers (Belgique), mort le 3 mars 1990 ; nageur de haut niveau ; résistant durant la Seconde Guerre mondiale ; fondateur de l’association Club Méditerranée.

Son père, juif, sportif de haut niveau, était diamantaire ; sa mère, née à Anvers, catholique convertie au judaïsme, possédait un institut de beauté. De nombreux écrits confondent les deux Gérard Blitz. Le premier (1901-1979), champion de natation, médaillé aux Jeux Olympiques de 1920 (médaille de bronze du 100 mètres dos et médaille d’argent en water-polo) et 1924 (médaille d’argent en water-polo), recordman du monde du 400 mètres dos en 1921, il est l’oncle du second, fondateur du Club Méditerranée en 1950. Ce dernier fut également un nageur de haut niveau. Son père, Maurice Blitz, croyait dans la libération de l’homme par le socialisme. Il considérait le sport comme un moyen éducatif. Il répétait chaque jour à son fils le précepte, « un esprit sain dans un corps sain » et défendait une conception sportive inspirée de l’olympisme de Pierre de Coubertin, mettant en avant les valeurs de l’amateurisme et la loyauté dans le combat. Il transmit à son fils cette passion pour le sport. Diamantaire, il gagnait assez facilement sa vie. Dès qu’il eut assez d’argent, il se consacra entièrement à la natation. Du côté maternel, les frères et sœurs furent soit avocat soit médecin. À l’école, Gérard fut un élève moyen. À seize ans, il apprit auprès de son père le métier de cliveur de diamants. Il passa la moitié de ses journées à la piscine, encouragé par son père. Il apparut plutôt comme le fils de l’entraîneur que comme un champion à part entière. En dépit d’un fort potentiel physique, il pratiqua la natation plutôt en dilettante. Gérard acquit, néanmoins, une réputation en water-polo. Il fut, à plusieurs reprises, champion de natation de Belgique. À vingt ans, il se maria une première fois. Il eut quatre enfants. Seule sa fille, Hélène Perry-Blitz, travailla au Club Méditerranée. En 1936, Gérard refusa d’aller aux Jeux Olympiques de Berlin, et convoqua la presse en cachette, ce qui provoqua un scandale dans la famille. Il fut remplacé par son oncle du même nom, qui fit partie des médaillés juifs à Berlin. Durant la Seconde Guerre mondiale, Gérard fut d’abord intégré dans un régiment à cheval d’élite en raison de son statut de champion de natation dans la perspective des matchs inter-régiments. Arrêté à Anvers, il fut libéré grâce aux connaissances que lui procurait son statut de champion. Après la défaite belge, il décida d’aller en Suisse avec sa famille. Il organisa un réseau de renseignements et de passage de la France vers la Suisse.
Après la guerre, il fut chargé par le gouvernement belge d’organiser le repos des prisonniers de guerre avant leur retour au pays. À la Libération, Gérard Blitz retourna à Paris où il ouvrit un magasin de vêtements. En 1948, il épousa sa seconde femme, Claudine. C’est grâce à elle qu’il découvrit à la fois le bouddhisme et Tahiti. Ces deux éléments constituèrent des sources idéologiques importantes de l’hédonisme du Club Med. En 1949, il se rendit à Calvi au Club Olympique tenu par Dimitri Philippoff et Mario Lewis (l’époux de sa sœur, Didy Blitz), ses amis nageurs. Il fut très vite inspiré par la formule de vacances proposée. L’année suivante, Gérard Blitz et Paul Morihien (autre ami nageur, secrétaire personnel de Jean Cocteau) lancèrent chacun de leur côté des clubs de vacances : les Villages Magiques et le Club Méditerranée. Ces deux associations fusionnèrent en 1956 : le Club Méditerranée absorba les Villages Magiques. En développant une conception hédoniste des vacances, Gérard Blitz, à travers le Club Méditerranée, fut un précurseur des formes de vacances dominantes à partir des années 1960. Vouer ses vacances à la quête des plaisirs était relativement nouveau en 1950. Cette conception des vacances se développa, néanmoins, très rapidement. Le Club Méditerranée se transforma à partir de 1957 en Société Anonyme à capital variable. En 1961, Edmond de Rothschild combla un déficit d’un milliard de centimes de l’époque et acquit 34 % du capital de la nouvelle société, une Société anonyme bientôt cotée en Bourse. Au cours des années 1960, Gérard s’intéressa de plus en plus au yoga et aux philosophies orientales. Il se retira progressivement du Club Med. et devient moine bouddhiste le 27 février 1974

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16921, notice BLITZ Gérard par Bertrand Réau, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 20 octobre 2008.

Par Bertrand Réau

Sources : Gérard Blitz, La vacance : entretiens avec Bruno Solt, Paris, Devry, 1990. — Y. Raynouard, C. Peyre, Histoire et légendes du Club Méditerranée, Paris, Seuil, 1971, 267 p. — Entretien avec Hélène Perry-Blitz, le 9 mai 2001 à Cannes (Durée : environ 5 heures). — Le Nouvel économiste, n° 153, octobre 1978, p. 44-49.

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