BLOCH Pierre, Jean, dit de son vrai nom Jean PIERRE-BLOCH

Par Justinien Raymond

Né le 14 avril 1905 à Paris (Xe arr.) ; journaliste ; président de la SNEP (Société nationale des éditions de presse), militant et élu socialiste ; résistant ; président de la LICA.

Jean Pierre-Bloch est issu d’une famille originaire d’Alger du côté maternel : faut-il voir là l’origine de l’intérêt qu’il porta toujours aux problèmes coloniaux et singulièrement à ceux d’Algérie ? Son père, Georges Pierre-Bloch, était industriel. Il fit ses études secondaires aux lycées Charlemagne et Henri IV et s’engagea, jeune, dans le journalisme militant car, très jeune, il fut socialiste, délégué à la propagande de l’Entente des Jeunesses socialistes de la Seine et même secrétaire national des Jeunesses socialistes. En 1930, il entra au Populaire, organe de la SFIO, et se spécialisa dans les questions coloniales. Il était aussi le correspondant de journaux de la France d’outre-mer. Jean Pierre-Bloch ne cessera jamais de porter intérêt, on le verra aux problèmes de presse. Franc-maçon, il avait été initié le 10 février 1929 à la Loge Liberté du Grand-Orient.

Le 13 décembre 1931, dans le IXe arr. de Paris, Jean-Pierre-Bloch représenta le Parti socialiste dans une bataille sans espoir pour un siège de député. Il s’agissait de remplacer le député de droite Paul Escudier. Sur 9 112 inscrits et 6 056 votants, Pierre-Bloch recueillit 538 voix contre 2 873 au candidat de droite, 825 à Archer, 504 à un républicain national. Mais il porta son action militante dans le département de l’Aisne. En 1932, il fut candidat aux élections législatives générales dans la 1re circ. de Laon. Sur 19 178 inscrits il vint en troisième position avec 3 429 voix, derrière le député sortant de droite Rillard de Verneuil (8 366) et Bach, radical-socialiste (4 860), devant le communiste Decaux (471). Il se désista pour Bach sans pouvoir assurer son succès. Dans la même circonscription, lors d’une élection partielle de 1934, Pierre-Bloch ne manqua le siège que de 172 voix. Mais, peu après, il fut élu conseiller général par le canton de Marle et, en 1935, il devint adjoint au maire de Laon. Aussi, aborda-t-il les élections législatives de 1936, solidement implanté et il en sortit victorieux. Sur 19 908 inscrits, il rassembla 7 025 suffrages contre 5 265 à Lenain, son vainqueur de 1934, 2 820 à Clavier, radical, 1 211 à Bouxin, Parti agraire, 547 à Decaux, communiste. Bénéficiant de la discipline du Front Populaire, Pierre-Bloch fut élu au scrutin de ballottage par 9 279 voix contre 7 476 à Lenain, radical indépendant. Il entra notamment aux commissions de l’Armée et de l’Algérie et des Colonies.
Au temps du Front populaire et devant la menace de guerre, Pierre-Bloch défendit dans Marianne le projet Blum - Viollette de statut algérien. Il mena une vive campagne contre les accords de Munich et si sa voix de député, comme celles de quelques-uns de ses collègues socialistes semblèrent les absoudre c’est que la majorité du groupe en décida autrement et que son secrétaire Vincent Auriol, censeur vigilant, corrigea quelques votes hostiles dont celui de Pierre-Bloch, n’en oubliant qu’un, celui de Jean Bouhey*. La guerre venue en 1939, Pierre-Bloch, mobilisé comme brigadier d’artillerie, fut promu sous-lieutenant après un stage à l’École d’artillerie de Poitiers. Fait prisonnier le 22 juin 1940 dans la région de Nancy, il était absent de Vichy le 10 juillet où, à n’en pas douter, son vote aurait été hostile. Il s’évada le 17 novembre, gagna la zone non-occupée, se jeta dans la Résistance et entra au comité directeur du Parti socialiste clandestin. Arrêté par la police de Vichy, à Marseille, le 20 octobre 1941, enfermé au camp de Mauzac, il s’évada en juillet 1942 et, par l’Espagne, gagna Londres. Le tribunal d’État de Lyon, le condamna à mort par contumace. Il entra dans les Forces Françaises libres et, bientôt, à l’E.M. du Général de Gaulle comme Chef des services politiques du BCRA. Il fut nommé délégué à l’Intérieur le 17 novembre 1943.
En 1943, Pierre Bloch fut désigné membre de l’Assemblée consultative provisoire à Alger ; il y fut reconduit puis Paris jusqu’en 1945. Le 17 novembre 1943, il avait été nommé délégué général adjoint au commissariat à l’Intérieur, auprès d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie.
En 1944 et 1945 il fut commissaire au gouvernement provisoire de la République. C’est alors qu’il mit au point les mesures de suspension à prendre contre les journaux coupables de collaboration avec l’ennemi. Le leader national algérien Ferhat Abbas lui dut sa libération.
La Libération venue, en 1945, Pierre-Bloch fut élu dans l’Aisne à la première assemblée constituante avec 57 170 voix, il fut réélu aux élections cantonales et le sera toujours par la suite ; il devint élu conseiller municipal de Marle et entra, comme juré, à la Haute-Cour de Justice. Pierre-Bloch ne se présenta pas à la deuxième assemblée constituante en 1946, ni aux deux premières assemblées nationales de la IVe République en 1946 et en 1951. C’est que, depuis 1946, il avait pris, pour les occuper jusqu’en 1953, les fonctions de PDG de la SNEP, Société nationale des entreprises de presse. Mais, dès 1953, devenu Président du Comité d’action de la Résistance, il reprit sa profession de journaliste. Le 2 janvier 1956, il tenta de reconquérir un siège de député dans l’Aisne : il recueillit 47 870 voix et ne fut pas élu. Il ne le fut pas davantage en 1958 avec 15 944 suffrages.
Jean Pierre-Bloch resta conseiller général de Marle jusqu’en 1967. Au premier tour des cantonales du 1er octobre 1967, c’est Henri Loncq, directeur d’entreprise et maire de Pierrepont, qui lui succèda.
Au sein de l’assemblée départementale, Jean Pierre-Bloch avait été vice-président du conseil général de mai 1949 à mai 1952, puis de juin 1961 à octobre 1967.
Il est aussi réélu conseiller municipal de Laon en 1945 puis de Marle à partir de 1951
Un autre aspect de la vie militante de Jean Pierre-Bloch a été la lutte contre toutes les formes de racisme. En 1927, il avait adhéré à la Ligue internationale contre l’antisémitisme et le racisme et, depuis 1948, il en fut l’actif président. Enfin Pierre-Bloch a jalonné sa vie d’écrits et d’ouvrages qui sont des témoignages. Son fils, Jean-Pierre Pierre-Bloch, né le 29 janvier 1939, fit une carrière de journaliste et d’homme politique dans les rangs du Parti radical-socialiste puis de l’UDF.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16929, notice BLOCH Pierre, Jean, dit de son vrai nom Jean PIERRE-BLOCH par Justinien Raymond, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 2 janvier 2009.

Par Justinien Raymond

ŒUVRE : Charles de Gaulle, premier ouvrier de France, Paris 1944. — Mes Jours heureux, Paris, 1946. — Liberté et servitude de la presse en France, Paris, 1952. — Les Causes politiques de l’antisémitisme en France, Paris, 1953. — Sept ans de la SNEP, Paris, 1954. — Le vent souffle sur l’histoire, Paris, 1956. — Carnet d’un voyageur au Brésil, Paris 1957. — Krouchtchev en France, Paris, 1961.

SOURCES : Arch. nat. F/1cII/270, F/1cII/305, F/1cII/306. — Arch. Dép. Aisne, 10756, 10757, 11 468, Délibérations du Conseil général de l’Aisne (1945-1981), La Liberté de l’Aisne (n° 48 du 8/9/1945) Arch. Zyromski. — J. Jolly, Dictionnaire des Parlementaires. t. II. — La Vie socialiste, 19 décembre 1931 ; 14 mai 1932. — Les Cahiers d’information du militant, n° 16, mai 1936. — Le Monde, 2 octobre 1968 (lettre de Pierre-Bloch), 3 juin 1976. — Le Matin, 19 décembre 1977. — C.R. du Congrès national extraordinaire du PS, Paris, novembre 1944 (p. 16). — Cahiers et Revue de l’OURS, n° 204, 1992. — Notes d’André Caudron, de Gilles Morin et de Frédéric Stévenot.

ICONOGRAPHIE : La Dépêche de l’Aisne, 24 octobre 1945.

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