DURAND Paul

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 17 novembre 1917 à Voiron (Isère), fusillé le 3 mai 1944 au fort de la Duchère (Lyon, Rhône) ; surveillant.

Fils de Gabrielle Durand, Paul Durand était surveillant à l’École nationale professionnelle (ENP) à Voiron (Isère).
Le 22 mars 1944, Ernest Jourdan, le chef de la Milice de Voiron, participa à l’assassinat d’un résistant important de la région grenobloise. Le 14 avril, la BBC annonça la condamnation à mort du milicien. Le 20 avril 1944, quatre élèves de l’ENP, parmi lesquels Jean Colonna et Édouard Girard, exécutèrent Ernest Jourdan, son épouse, sa mère, sa fille de trois ans, sa tante et deux gardes du corps. Le 24 avril, à Grenoble (Isère), des gendarmes arrêtèrent Jean Colonna qui reconnut avoir participé aux meurtres. Le 26 avril, des miliciens interpellèrent Édouard Girard et Paul Jarriand dans les locaux de l’ENP. Paul Durand fut à son tour appréhendé et conduit dans les locaux de la Milice, place Victor-Hugo à Grenoble. Il subit des tortures et fut « inculpé d’avoir favorisé le crime et peut-être d’avoir fourni des armes ».
Le 3 mai 1944, Paul Durand, Paul Jarriand, Jean Colonna et Édouard Girard furent incarcérés à la prison Saint-Paul (Lyon, Rhône). Le jour même, ils comparurent devant la cour martiale du secrétariat général au Maintien de l’ordre, siégeant à la prison Saint-Paul. Paul Durand, Jean Colonna et Édouard Girard furent condamnés à mort pour assassinat, transférés au fort de la Duchère (Lyon, IXe arr.) et fusillés dans le dos par un peloton de GMR (Groupe mobile de réserve) et des soldats du 1er Régiment de France (Jarriand ne fut pas condamné à mort et ne l’apprit qu’une fois placé devant le peloton d’exécution). L’officier de gendarmerie chargé de leur transfert entre la prison et le fort de la Duchère raconta leurs derniers instants : « Cette exécution a donné lieu à des scènes déchirantes. Le surveillant de l’École professionnelle de Voiron, qui n’avait pas participé à l’exécution de la famille Jourdan, et qui était à Grenoble le jour où elle a eu lieu, a été condamné à mort, et exécuté. Ses trois élèves l’ont supplié de se confesser. Il refusait, prétendant que s’il y avait un Dieu, une pareille injustice ne serait pas possible. Finalement il s’est laissé toucher par les supplications de ses élèves, a éclaté en sanglots, a embrassé les jeunes gens, et s’est confessé. Je sais qu’à l’exécution une délégation de l’École de Voiron, emmenée spécialement, en car, à cet effet, était présente. »
En 1944, l’affaire de Voiron heurta les esprits. La propagande vichyste se déchaîna et la Résistance se désolidarisa des trois condamnés. Le 2 mars 1945, la chambre de révisions de la cour d’appel de Lyon cassa l’arrêt de la cour martiale et réhabilita les trois fusillés.
Son nom figure sur le mémorial de la Résistance au fort de la Duchère et sur le monument aux victimes de la barbarie nazie et de la Milice érigé en 1984 à Voiron.

Lyon, fort de la Duchère (19 février - 4 août 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article169422, notice DURAND Paul par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 2 janvier 2015, dernière modification le 29 mars 2020.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 3678W20, 3808W675. — Virginie Sansico, La justice du pire, les cours martiales sous Vichy, 2002. — http://www.tracesdhistoire.fr. — Geneanet

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