BLONDEAU Pierre, Léon, Louis

Par Jacques Girault

Né le 18 août 1926 à Pontarlier (Doubs), mort le 18 octobre 2020 à Pontarlier ; professeur ; militant communiste du Doubs, adjoint au maire de Pontarlier ; président du Ciné-Club Jacques Becker et des Rencontres Internationales du Cinéma de Pontarlier.

Pierre Blondeau étaitfFils unique d’un instituteur syndiqué (SN-CGT) et d’une employée des postes syndiquée (CGT), qui lui firent donner une instruction catholique au catéchisme. Après avoir obtenu le baccalauréat en 1943, il fut élève en hypokhâgne au lycée Victor Hugo de Besançon (Doubs), puis au lycée du Parc à Lyon (octobre 1945-juillet 1947), où l’enseignement de son professeur de philosophie, Jean Lacroix, l’impressionna. Maître d’internat au collège de Pontarlier, il y enseigna comme adjoint d’enseignement en lettres classiques. En 1950-1951, il fut lecteur à l’Institut français de Trêves en zone française d’occupation en Allemagne.

Pierre Blondeau se maria religieusement à l’église en juillet 1951 à Pontarlier avec Simone Jeanneret, institutrice, ancienne normalienne, fille d’un ouvrier spécialisé (mécanicien), Tell Jeanneret, arrêté pour faits de Résistance, déporté à Natzweiler et Dachau, libéré en mai 1945. Le couple eut trois enfants.

Professeur stagiaire en 1951 au collège Jules Grévy à Poligny (Jura), il fut titularisé certifié en 1952 au lycée Victor Hugo de Besançon, puis il enseigna de 1953 à 1956, au collège de Champagnole (Jura), et fut enfin nommé 1956 à Pontarlier où il resta jusqu’à sa retraite en 1986. Son épouse, institutrice à Frasne (Doubs), devint professeur de mathématiques au collège de Pontarlier jusqu’à sa retraite en 1980.

Devenu athée, adhérent au Parti communiste français depuis 1947, Blondeau était membre du bureau de la section communiste de Pontarlier et devint membre du comité de la fédération communiste de 1959 à 1973.

Pierre Blondeau manifestait un très vif intérêt pour la gestion municipale de Pontarlier. La municipalité élue en 1947 fut gagnée par la liste RPF. Pour les élections municipales de 1953, candidat dans le dernier tiers de la liste communiste, il fut élu, grâce aux signes préférentiels, avec quatre co-listiers. En 1959, réélu sur la liste d’Union de la Gauche, (SFIO. PCF. Radicaux socialistes), il devint troisième adjoint au maire. Le maire centriste, Ernest Besançon, avait été résistant sous l’Occupation. Les 12 élus de gauche et les 2 centristes l’avaient emporté sur les 13 élus de la liste de droite du docteur Jacques Henriet, extrémiste de droite. En dépit de la discrète opposition de la fédération communiste à cette alliance, Blondeau continua à verser son indemnité d’adjoint à la trésorerie fédérale. Aux élections municipales de 1965, il conduisait la liste d’union (SFIO, PCF, Radicaux de gauche, PSU) qui fut battue de quelques dizaines de voix par une liste de droite, dirigée par un « jeune patron de choc », Jacques Lagier, qui « fit du lobbying » en direction de plusieurs centaines de Français rapatriés d’Algérie, domiciliés depuis peu dans la commune. De 1965 à 1971, il fut conseiller municipal communiste dans l’opposition.

Pierre Blondeau, candidat au conseil général dans le canton de Pontarlier en 1961, fut le suppléant du candidat communiste Robert Charles aux élections législatives de 1962, qui, sur 52 961 inscrits, obtint 3 564 voix et se retira. Pour l’élection législative de 1967, il fut pressenti comme candidat. Mais finalement le bureau fédéral le récusa en raison de son " sectarisme outrancier" tout en précisant qu’il défendait : "plus ses opinions que la politique du Parti avec lequel il entretient des rapports très distants". L’instance ajoutait qu’il refusait de se syndiquer ce qui était inexact puisqu’il était militant du Syndicat national des enseignements de second degré. Gaston Plissonnier, au nom de la direction du PCF, demanda à la fédération de veiller à ce qu’ "il n’ait pas dans la campagne une attitude négative".

Il fut initié à la franc-maçonnerie dans les années 1980.

Pierre et Simone Blondeau participèrent dans les années 1950 à plusieurs stages de culture cinématographique à l’Institut national d’éducation populaire de Marly-le-Roi (Seine-et-Oise/ Yvelines). Ils créèrent en 1961 le Ciné-Club Jacques Becker, affilié à la Fédération Française des Ciné-Clubs au cinéma « L’Olympia » de Pontarlier qui inaugura en 1966 des Rencontres Internationales de Cinéma en présence de Joseph Losey qui présenta l’ensemble de son œuvre jusqu’à Modesty Blaise. Cet événement exceptionnel fut suivi par des rétrospectives annuelles de nombreuses personnalités du Septième art du cinéma dont des metteurs en scène (Théo Angelopoulos, Joseph Losey, Elia Kazan, Dino Risi, Volker Schlöndorff, Bertrand Tavernier, Robert Guediguian) ou des artistes (Bernard Blier, Marcello Mastroianni, Serge Reggiani). Dans ce cadre, il créa des Rencontres internationales. Chaque Rencontre, préparée, organisée, réalisée grâce au travail de La Belle Equipe du Ciné Club, faisait l’objet d’un catalogue, dont la conception et la rédaction était l’œuvre de Simone Blondeau.

Toutefois, au début des années 1980, sa vision commença à disparaître. Bien qu’aveugle, il continua, avec l’aide de son épouse qui mourut en 2015, à présenter les films projetés, ce qui accrut sa notoriété. En 2012, il devint Président d’honneur du ciné-club.

Deux courts métrages lui furent consacrés Par les yeux de Simone de Marc Grün (2004) et un docu-fiction de Jean Louis Porchet (2009), Les yeux de Simone, présenté au festival de Locarno le 8 août 2009. Un ouvrage fut publié par Claude Carrez, Simone et Pierre Blondeau, les résistants francs-comtois du cinéma, Alter Editions, 2009.

Lors de ses obsèques civiles, le président du cinéma Jacques Becker déclara « C’est tout un pan de l’histoire du cinéma qui rejoint les étoiles ». Son action, pendant plus d’un demi-siècle, fait partie du travail d’éducation populaire pour les habitants de la région de Pontarlier dans le domaine du cinéma. Son décès fut annoncé dans le carnet de l’Humanité, le 30 octobre 2020.


Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16944, notice BLONDEAU Pierre, Léon, Louis par Jacques Girault, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 7 novembre 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. comité national du PCF.— Divers sites Internet. — Renseignements fournis par l’intéressé et sa fille.

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