FRID ou FRYD Simon

Par Jean Pierre Besse, Jean-Sébastien Chorin, Michel Thébault

Né le 2 février 1922 à Tuszyn (Pologne), guillotiné le 4 décembre 1943 à la prison Saint-Paul de Lyon (Rhône) ; de nationalité polonaise ; tailleur ; résistant FTP-MOI du bataillon Carmagnole à Lyon.

Simon Frid était le fils de Jenkel Frid et Ruchla Kac. Les Frid étaient Juifs polonais. Ils arrivèrent en France au milieu des années 30. La famille Frid – le père, la mère, Simon et ses deux sœurs – travailla à la confection de pantalons, passage Molière à Paris (IIIe arr.). Simon Frid était tailleur à domicile.
Son père, Jenkel Frid, décéda au début de la guerre. En 1940, Simon Frid servit dans l’armée polonaise en France. En 1941 ou 1942, il fut interné dans un camp de transit destiné à rassembler les Juifs étrangers arrêtés (Pithiviers ou Beaune-la-Rolande). Il réussit à s’évader. En 1941, les deux sœurs de Simon Frid, mariées à des Juifs français (Élie Amselem et Nathan Chapochnik), gagnèrent la province.
Le 12 mai 1942, Simon Frid arriva à Lyon (Rhône), 12 rue Duguesclin (VIe arr.). Il séjourna chez sa sœur mariée à Nathan Chapochnik où il semble qu’il exerça son métier de tailleur. Il demeura ensuite 34 rue Boileau (Lyon, VIe arr.). Suite à la rafle du 16 juillet 1942, sa mère, Ruchla Frid, fut déportée à Auschwitz le 29 juillet par le convoi no 12 au départ de Drancy.
Il adhéra à l’Union de la jeunesse juive à Lyon vers juillet 1942 puis, en octobre 1942, son beau-frère Nathan Chapochnik (dit Francis) le mit en contact avec un responsable FTP-MOI du bataillon Carmagnole. Il devint l’un des premiers membres du bataillon sous le pseudonyme de Simon et devint chef de groupe, puis responsable technique de ce bataillon. Il participa à plusieurs opérations militaires. Il prit contact avec des mineurs et des carriers de l’Isère et de la Loire pour obtenir des explosifs et entreposa dans son domicile des explosifs et autres matériels afin de fabriquer des engins explosifs.
Le 29 mai 1943, à 14 h 30, Simon Frid prit part à l’attaque d’un centre de distribution de tickets d’alimentation situé 187 avenue Félix-Faure (Lyon, IIIe arr.). Les quatre résistants FTP-MOI désarmèrent un gardien de la paix, dérobèrent 381 jeux complets de titres de rationnement et s’enfuirent. D’après le rapport de la police, Simon Frid sortit le dernier du local, monta sur sa bicyclette. Un employé saisit la roue arrière et roula avec lui à terre. Simon Frid « réussit à se dégager, sortit son revolver de sa poche, et fit feu par deux fois sur lui sans l’atteindre. Montés alors chacun sur une bicyclette, l’employé Audinoz et le garde Bru continuèrent la poursuite dans la rue Turbil et la rue Paul-Bert, en compagnie de l’inspecteur de police Barberot [...]. Rue Paul-Bert, le garde Bru descendit de bicyclette pour essayer de jeter sa machine entre les jambes » de Frid pour le faire tomber. Le résistant fit alors feu sur le garde et le blessa grièvement à la poitrine. Il « tira encore un coup de feu sur l’inspecteur Barberot et deux sur l’employé Audinoz, mais sans les atteindre, puis il mit en joue le gardien de la paix Charleux, mais son arme s’enraya et ce dernier, faisant feu à son tour, réussit à l’atteindre d’une balle à la jambe ». Simon Frid fut alors arrêté rue de l’Ordre (IIIe arr.). Il portait sur lui deux pistolets 7,65 mm et une fausse carte d’identité au nom de Simon Ballins. Il déclara s’appeler Simon Wiszlawski mais sa véritable identité fut découverte. Son domicile du 34 rue Boileau fut perquisitionné. Les policiers y trouvèrent du matériel permettant de fabriquer des explosifs.
Le 23 novembre 1943, la section spéciale de la cour d’appel de Lyon le condamna à mort pour « tentatives de meurtre sur des agents de la force publique dans l’exercice de leurs fonctions et tentatives de meurtre sur des particuliers ». Il fut guillotiné le 4 décembre 1943 à 7 heures du matin dans la cour de la prison Saint-Paul (Lyon).
Le jour de son exécution, il écrivit une lettre à ses sœurs, les enjoignant de ne pas l’oublier et de le venger. Le 12 décembre 1943, un commando de FTP exécuta Faure-Pinguely, le président de la section spéciale qui le fit guillotiner. Par la suite, un détachement FTP-MOI lyonnais prit le nom de Simon Frid.
Il reçut la Médaille de la Résistance à titre posthume en 1995. Son nom est inscrit sur les plaques commémoratives de la prison Saint-Paul et une rue du VIIe arrondissement de Lyon porte le nom de Simon-Fryd.
Ses deux sœurs, Lola et Rywka, et ses deux beaux-frères, Élie Amselem (disparu à Marseille) et Nathan Chapochnik, participèrent aussi à la Résistance au sein des FTP-MOI. Sa mère Ruchla Frid née Kac, demeurant 157, rue Saint-Martin dans le 3ème arrondissement de Paris fut arrêtée à la suite de la rafle du Vel d’Hiv. Internée au camp de Drancy, elle fut déportée vers Auschwitz par le convoi n°12 du 29 juillet 1942, et disparut à son arrivée. Elle figure sur le Mur des Noms du mémorial de la Shoah à Paris.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article169545, notice FRID ou FRYD Simon par Jean Pierre Besse, Jean-Sébastien Chorin, Michel Thébault, version mise en ligne le 6 janvier 2015, dernière modification le 7 mars 2022.

Par Jean Pierre Besse, Jean-Sébastien Chorin, Michel Thébault

SOURCES : SHD Vincennes GR 16 P 235409 (non consulté) — CHRD, Lyon, art. 1167. — Alexandre Pinto, Le bataillon Carmagnole, Histoire des FTP-MOI de la région lyonnaise, juin 1942-septembre 1944, 1997. — Amicale des Anciens Francs-tireurs et partisans de la Main-d’œuvre immigrée, Carmagnole Liberté, 1995. — Claude Collin, Jeune combat, les jeunes Juifs de la MOI dans la Résistance, Presses universitaires de Grenoble, 1998. — L’Humanité. — Renseignements fournis par Nathan Chapochnik — Mémorial genweb.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable