BLOUSHTEIN Isaac, dit STÉVE, dit AUBEL Maurice

Par Rodolphe Prager

Né en 1914 à Paris ; militant socialiste de Paris puis trotskiste.

0rphelin de père très jeune, aîné d’une famille nombreuse, Isaac Bloushtein dut travailler dès l’âge de treize ans pour assurer la subsistance de sa famille. Aux environs de 1932, il adhéra aux Jeunesse socialistes dans le XIe arrondissement de Paris et se rapprocha alors des thèses défendues par Lucien Laurat. La lecture de la revue trotskyste La Lutte de classes et les analyses de L. Trotsky sur la situation en Allemagne l’amenèrent à épouser les positions de l’Opposition de gauche et à rejoindre la Ligue communiste en juin 1933. Il fut l’un des fondateurs des Jeunesse léninistes et écrivit dans leur journal Octobre Rouge, dont le premier numéro parut en novembre 1933 et auquel succéda en 1934 Le Combat des jeunes.

Avec la majorité de la Ligue, il adhéra au Parti socialiste (SFIO) en septembre 1934 et milita de nouveau à la JS dans le XIe arrondissement. Il fut délégué au congrès des JS de la Seine au Pré-Saint-Gervais le 21 juillet 1935. Après l’exclusion des dirigeants de la Seine survenue à la conférence nationale des JS à Lille les 28-30 juillet, Bloushtein rejoignit la Jeunesse socialiste révolutionnaire dirigée par Fred Zeller puis, effectua son service militaire. En 1937, il reprit son activité à la JSR, y fut élu au comité central et désigné en novembre 1937 comme secrétaire national. Il était également membre du Parti ouvrier internationaliste dirigé par P. Naville et J. Rous. Mais, il consacra son activité principale au milieu jeune, parlant dans de nombreux meetings au nom de son organisation. Il fut son porte-parole au congrès national des Jeunesses socialistes ouvrières et paysannes de Boulogne en juin 1938.

Bloushtein travaillait en 1938, comme comptable-pointeau, chez Lioré-Ollivier à Clichy où il fut sanctionné après la grève du 30 novembre. Il avait été licencié précédemment de la Lorraine à la suite de la grève des métallurgistes parisiens, en avril 1938. A l’intérieur de la JSR, il s’opposa vigoureusement à l’adhésion au PSOP de Marceau Pivert* souhaitée par les instances de la IVe Internationale et L. Trotsky. Il fut poursuivi une première fois et condamné par défaut le 21 février 1939 à six mois de prison pour « provocation de militaires à la désobéissance », en raison d’une affiche de la JSR titrée : « Cette guerre n’est pas notre guerre. »

Impliqué dans une affaire plus grave d’activité antimilitariste, il fut arrêté le 12 avril 1939. L’instruction de cette affaire s’éternisa en raison de l’obstination du juge militaire à vouloir la transformer en une affaire d’espionnage. Ainsi, le procès n’eut lieu que le 9 mars 1940, en période de guerre. Le tribunal militaire permanent de la IVe région siégeant à Châlons-sur-Marne le condamna à cinq ans de prison et dix d’interdiction de séjour pour « menées communistes » et appliqua la même peine à ses camarades co-inculpés Louis Rigaudias et Lucien Schmitt, membres du bureau politique et du comité central du POI et à un jeune militant de la JSR, Érich Polke. Tous trois parvinrent à s’évader pendant l’évacuation des prisons parisiennes en juin 1940 à la faveur de l’avance rapide des troupes allemandes.

De retour à Paris en juillet 1940, Bloushtein participa à la réorganisation des activités de l’organisation trotskyste qui publia dès août La Vérité clandestine. Il collabora, en outre, avec Rigaudias et d’autres militants à la rédaction d’un autre périodique clandestin, La Nation libre, dont le premier numéro parut le 17 décembre 1940. Il chercha ensuite refuge en Bretagne, se cachant chez des militants comme Alain Le Dem et travaillant ensuite sous un nom d’emprunt comme docker dans le port de Brest. Il milita avec ses camarades trotskystes du Finistère pendant deux ans et rejoignit l’organisation à Paris dans l’été 1943 pour échapper de justesse aux arrestations des trotskystes en octobre. Il cessa de militer à la fin de la guerre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16959, notice BLOUSHTEIN Isaac, dit STÉVE, dit AUBEL Maurice par Rodolphe Prager, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 6 septembre 2015.

Par Rodolphe Prager

SOURCES : Arch. J. Maitron. — La Vérité, 1933 et 1934. — La Lutte ouvrière, 1937 à 1939. — Révolution, mars 1939. — Juin 36, 21 avril 1939. — S. Ketz, De la naissance du GBL à la crise de la LCI (1934-1936), mémoire de maîtrise, Paris I, 1974. — Renseignements recueillis par J.-M. Brabant.

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