BLUTTE Henri [BLUTTE Louis, Paul, Henri]

Titulaire du brevet élémentaire, Henri Blutte, fils d’un employé de la mairie de Vouziers et d’une couturière, fut instituteur intérimaire dans les Ardennes. Mobilisé en avril 1915, il fut réformé en juillet de la même année. Il exerça alors à Paris, d’octobre 1915 à septembre 1919, en particulier à l’école des garçons de l’avenue Gambetta. Henri Blutte fut nommé à Champigny-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne) puis aux Lilas (Seine, Seine-Saint-Denis) et revint à Paris (école de la rue Julien-Lacroix, XXe arr.) en octobre 1920.

Henri Blutte était en 1922 le secrétaire du Syndicat de l’enseignement du département de la Seine. Les rapports de police lui attribuaient en 1922, les fonctions de secrétaire du syndicat parisien des instituteurs publics et de trésorier du syndicat des membres de l’enseignement laïque de la Seine. Ils constataient : « Les renseignements recueillis sur son compte dans les différents postes qu’il a occupés lui sont favorables. À son domicile (114, avenue Gambetta, XXe arr.), il ne reçoit presque personne, ne sort que très rarement le soir et son courrier n’est guère composé que de brochures ou d’opuscules se rapportant à son métier. D’un caractère très calme, Blutte donne l’impression d’un garçon travailleur » (Arch. Nat. F7/13745, Paris, 17 juillet 1922). Henri Blutte avait la carte du Syndicat national des instituteurs (SNI) dirigé par Émile Glay et celle de la Fédération de l’Enseignement (CGTU). Il écrivit dans La Vie ouvrière. L’Union départementale CGTU de la Seine lui confia la direction de l’école du propagandiste créée le 25 avril 1923. Son attitude politique est mal connue : un rapport de la préfecture de police affirmait qu’il « professait des opinions communistes » avant 1925, mais il déclara n’avoir jamais été membre du Parti communiste. Dans l’École Émancipée du 20 mai 1922, il écrivit un article intitulé « Le réformisme et la révolution » : « Tout le système social repose sur le mensonge et la contrainte, assurant à une minorité, une dictature masquée mais toute puissante » [...] « C’est à cause du crime social universel que nous sommes révolutionnaires. »

En 1924 et 1925, les articles de Henri Blutte critiquaient la direction du SNI. Son voyage en URSS effectué en 1925 modifia-t-il ses idées ? Dans un premier temps, il accepta de faire des comptes rendus publics, ainsi à Valenciennes (Nord) en décembre 1925 où Kléber Legay lui porta la contradiction. Il s’éloigna ensuite de la Fédération unitaire pour devenir un dirigeant du SNI. Eugène Blaise, secrétaire du syndicat unitaire de la Seine s’étonna de ses « variations d’opinions ». Henri Blutte répondit dans Le Peuple du 28 octobre 1928 : « J’ai quitté ton syndicat le jour où j’ai vu que les communistes en étaient les seuls dirigeants réels. » Secrétaire adjoint de la section de la Seine du SNI, il fut désigné, en octobre 1929, pour remplacer Émile Glay au conseil départemental de l’enseignement, dans la 5e circonscription (XVIIe, XVIIIe, XIXe et XXe arr.). Sur 497 inscrits et 454 votants, il obtint 316 voix contre 21 à Eugène Blaise et 80 à Wallier (Amicaliste). Réélu l’année suivante, il appartint également au comité régional de la Fédération générale de l’Enseignement (un rapport le dit secrétaire de la section de la Seine) et à la commission administrative de l’Union des syndicats CGT de Seine et Seine-et-Oise (1929-1932). Le 19 avril 1930, il avait épousé à la mairie du XXe arrondissement Renée, Marcelle, Juliette Calvignac.

Candidat du SNI, Henri Blutte, sans adversaire, fut élu au Conseil départemental de l’enseignement primaire dans la 5e circonscription de la Seine en novembre 1945 avec 453 voix.