Par Robert Mencherini
Né le 1er août 1899 à Marignane (Bouches-du-Rhône), exécuté sommairement le 13 juin 1944 au Fenouillet, commune de la Roque-d’Anthéron (Bouches-du-Rhône) ; artisan électricien ; militant socialiste ; résistant des Mouvements unis de Résistance – Mouvement de libération nationale (MUR-MLN) et de l’Armée secrète (AS).
Fils de Germain, Fernand Chave, cultivateur, et de son épouse, Léa, Anne, née Bérard, Aldéric Chave était marié avec Madeleine, Antoinette, Félicie, née Calandry et père de deux enfants. Il possédait un magasin d’installations électriques et TSF, 7, rue Gambetta, à Martigues (Bouches-du-Rhône). Personnalité reconnue, il présidait, en 1942, le Football-Club de Martigues. Militant socialiste, il était en contact avec Max Juvénal, chef des MUR-MLN, qui lui avait confié la responsabilité du secteur de Martigues-Marignane-Istres (Bouches-du-Rhône).
Sur la base des renseignements fournis par Seignon de Possel, Érick, Noël, les services de la SIPO- SD (la « Gestapo ») effectuèrent, le 7 juin 1944, une descente à son domicile. Il y arrêtèrent également l’officier de marine Georges Richard, saisirent de nombreux tracts et documents, et obtinrent des renseignements sur les principaux lieux de rassemblement du secteur. Aldéric Chave fut inscrit, sous le numéro 2, comme « chef du secteur Marignane, Port-de-Bouc, Istres », dans le « rapport Catilina », dans lequel la SIPO-SD dressait le bilan de la répression des maquis de juin 1944.
Incarcéré à Marseille, Albéric Chave fut fusillé par les Allemands, le 13 juin 1944, avec vingt-sept autres résistants, dans la clairière du Fenouillet, près de la Roque-d’Anthéron. Leurs corps furent enterrés dans une fosse commune creusée par les habitants du village.
Le 17 octobre 1944, la presse régionale annonça que l’on venait de découvrir le destin tragique et le lieu d’exécution des huit résistants des Martigues, dont les familles étaient à la recherche depuis la Libération. Mais ce n’est que le 19 octobre que leurs dépouilles furent exhumées et identifiées. Aldéric Chave fut inhumé au cimetière Saint-Joseph de Martigues, comme ses compagnons originaires de cette ville, au cours d’obsèques solennelles, en présence d’une foule nombreuse, le 21 octobre 1944.
Aldéric Chave a obtenu la mention « Mort pour la France » et fut décoré, à titre posthume, par décret du 11 mars 1947, de la Médaille de la Résistance. Son nom figure sur la stèle érigée dans la clairière du Fenouillet et sur le monument aux morts de Marignane. À Martigues, une rue et un gymnase portent son nom, ainsi qu’une rue et une école primaire à Marignane. Il également été donné à une avenue à Istres (Bouches-du-Rhône).
Par Robert Mencherini
SOURCES : AVCC Caen, 21P 435730. — Arch. nationales, le Kommandeur de la SIPO et du SD de Marseille, « Rapport final […] Affaire Catilina », Marseille, 6 juillet 1944, signé Dunker, SS Scharführer. — Arch. Dép. des Bouches-du-Rhône, 58 W 20, procès-verbal d’interrogatoire de Dunker-Delage, 8 juillet 1945. — Jacky Rabatel, Une ville du Midi sous l’Occupation, Martigues, 1939-1945, Martigues, Centre de développement artistique et culturel, 1996. — Madeleine Baudoin, « Témoins de la Résistance en R2, intérêt du témoignage en histoire contemporaine », thèse de doctorat d’État, Université de Provence, 1977. — Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944). Midi rouge, ombres et lumières, tome 3, Syllepse, 2011. — État-civil. — Cimetière Saint-Joseph (Martigues). — Notes de Renaud Poulain-Argiolas.