FLANDRE Georges [pseudonymes dans la Résistance : D’Artois, Montcalm, Petit Jean]

Par Robert Mencherini

Né le 24 décembre 1899 à Paris (Ve arr., Seine), fusillé le 13 juin 1944 au Fenouillet, commune de la Roque-d’Anthéron (Bouches-du-Rhône) ; officier de l’Armée du Salut ; FFI, résistant du mouvement Combat, des Mouvements unis de Résistance - Mouvement de libération nationale (MUR MLN) et de l’Armée secrète (AS).

Georges Flandre
Georges Flandre
Madeleine Baudoin, Histoire des groupes francs …, op. cit., Pl. II, p. 16-17.

Fils d’Évangéline Flandre, fleuriste, et de père « non dénommé », Georges Flandre fut élevé dans un milieu très religieux. Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, incorporé le 15 avril 1918 au 104e régiment d’artillerie lourde, il participa à l’occupation de la Rhénanie. Mais sa foi chancela et, la paix revenue, admirateur de Jean Jaurès, il se tourna vers les milieux révolutionnaires. Employé de grand magasin, il eut une expérience militante ouvrière qui ne le satisfit pas.
Selon son témoignage, répondant à l’appel du Christ, il rejoignit, au milieu des années 1920, l’Armée du Salut. Il la servit, comme officier, dans divers postes en France, accompagné d’Henriette, née Bonnet, épousée le 8 octobre 1926, également officier de l’Armée du Salut. Georges Flandre fut appelé, en janvier 1941, à Montpellier (Hérault). Il multiplia les visites des prisons, organisa l’aide aux prisonniers politiques et aux juifs et créa le service social du mouvement Combat dont il devint le responsable départemental sous le pseudonyme de D’Artois. Il aida également les réfractaires au Service travail obligatoire (STO).
À la suite d’une dénonciation, il fut contraint de quitter Montpellier pour Marseille (Bouches-du-Rhône), le 3 avril 1943. Il s’employa à remettre sur pied les MUR qui avaient subi de lourdes pertes dans la région phocéenne. Membre, pour Combat, des directoires des MUR-MLN des Bouches-du-Rhône et de Marseille, il développa, en particulier, les services du Noyautage des administrations publiques (NAP). De nouveau dénoncé, il fut arrêté par les Allemands, le 27 avril 1944, brutalement interrogé, incarcéré dans la prison des Baumettes et torturé, marqué au fer rouge d’une Croix de Lorraine. Le 13 juin 1944, extrait de sa prison marseillaise, il fut fusillé par les Allemands, avec vingt-sept autres résistants, dans la clairière du Fenouillet, près de la Roque-d’Anthéron. Les corps, ensevelis par les habitants, furent retrouvés plusieurs mois plus tard.
Le 17 octobre 1944, la presse régionale annonça que l’on venait de découvrir le destin tragique et le lieu d’exécution des huit résistants des Martigues, dont les familles étaient à la recherche depuis la Libération. Le 19 octobre, leurs dépouilles furent exhumées et identifiées. Mais il fallut plus de temps pour que celles des autres résistants fusillés avec eux le soient. Le corps de Georges Flandre, transporté à Marseille, ne fut identifié que le 8 novembre 1944. Le jeudi 10 novembre à 10 heures du matin, eurent lieu, au cimetière Saint-Pierre de Marseille, en présence des autorités, des organisations de résistance et d’une foule nombreuse, les obsèques solennelles de dix victimes du Fenouillet, Georges Flandre, Georges Richard, André Gérard
et sept victimes non encore identifiées. Le corps de Georges Flandre fut transféré à Montpellier où un hommage public fut rendu au résistant, le 13 novembre 1944, par toutes les autorités civiles, religieuses et militaires. Une chapelle ardente fut dressée sous le porche de la préfecture. Les obsèques officielles furent célébrées le lendemain et Georges Flandre fut inhumé au cimetière protestant de Montpellier.
Georges Flandre a obtenu les mentions « Mort pour la France », « Interné résistant » et fut homologué commandant, à titre posthume. Son nom est gravé sur le mémorial érigé dans la clairière du Fenouillet et sur le monument aux morts de Montpellier. Dans cette ville, une avenue porte le nom de Major Flandre et une plaque commémorative apposée 7 rue Baudin rend hommage au « major Georges Flandre (de l’Armée du Salut), commandant l’AS Montcalm », qui « ici [...], créa et anima le service social de la Résistance ». Le nom de Georges Flandre a également été donné à une résidence de l’Armée du Salut, dans le XXIIIe arrondissement de Marseille.
Georges Flandre fut décoré, à titre posthume, de la Légion d’honneur, de la Croix de guerre 1939-1945 et de la Médaille de la Résistance. Agnès Bidault, ancienne responsable régionale du comité des Œuvres sociales de la Résistance, témoigna, après la Libération, du désintéressement, de la générosité et de la foi en la patrie de Georges Flandre et ajouta « Tous ceux qui l’ont connu gardent un souvenir magnifique de ce héros modeste, au courage calme et toujours souriant, et qui, dès le début de la Résistance, avait fait le sacrifice de sa vie ».

Voir La Chaîne des Côtes et ses environs, Lambesc, Charleval, La
Roque-d’Anthéron, Le Fenouillet (Bouches-du-Rhône), 11 -
13 juin 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article169744, notice FLANDRE Georges [pseudonymes dans la Résistance : D'Artois, Montcalm, Petit Jean] par Robert Mencherini, version mise en ligne le 12 janvier 2015, dernière modification le 27 octobre 2020.

Par Robert Mencherini

Georges Flandre
Georges Flandre
Madeleine Baudoin, Histoire des groupes francs …, op. cit., Pl. II, p. 16-17.

SOURCES : AVCC Caen, 21P 254250, 21P 606461. — Journal officiel. Lois et décrets, n° 250, 24 octobre 1945. — La Marseillaise, 17 octobre 1944. — Le Provençal, 10 novembre 1944. — Henriette Flandre, Georges Flandre. Un chrétien ! Un résistant ! ses trois dernières années, par Mme Georges Flandre, Cahors, Impr. de A. Coueslant, 1945 — Madeleine Baudoin, Histoire des groupes francs (MUR) des Bouches-du-Rhône, de septembre 1943 à la Libération, Paris, Presses universitaires de France, 1962. — Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944). Midi rouge, ombres et lumières, tome 3, Syllepse, 2011. — Mémorial GenWeb. — Livret matricule. — État civil. — Registre matricule, cote D3R1 260.

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