BOCCARD Jean-Pierre, Fernand

Par Jean Charles

Né le 10 avril 1942 à Lille (Nord) ; professeur ; militants syndicaliste du SNES, militant communiste dans le Doubs.

Fils d’un fonctionnaire des impôts nommé à Lille qui devint directeur départemental des impôts en poste à Niort (Deux-Sèvres) au début des années 1960, Jean-Pierre Boccard reçut les premiers sacrements catholiques et cessa de pratiquer à l’adolescence. Il fit toutes ses études - de la 11° à la Terminale - au lycée Victor Hugo de Besançon (Doubs) puis, dans l’année 1959-1960, en hypokhâgne à Lyon. Séduit par l’analyse marxiste en classe de philo, il en approfondit la connaissance par la lecture de la thèse sur Marx du père jésuite Calvez.

Jean-Pierre Boccard adhéra au Parti communiste français à Lyon (automne 1959) et fut affecté à la section des Brotteaux. Élève-professeur à l’Institut de préparation à l’enseignement secondaire de la faculté des Lettres de Besançon, il dirigea, de 1960 à 1964, l’Union des étudiants communistes de cette ville et siégeait au bureau local de l’Union nationale des étudiants de France. Il avait adhéré au Syndicat national de l’enseignement secondaire. Après son succès au CAPES théorique d’histoire-géographie, il effectua son stage au centre pédagogique régional (1964-1965). Il avait été le responsable de la section du SNES pendant cette période. Nommé au lycée de Salins-le-Bains (Jura) à l’automne 1965, il assura le secrétariat de la section syndicale (S1) de son établissement. Militant surtout syndical, membre de la commission administrative de la section académique (S3) du SNES en 1967, il conduisit la liste Unité-Action qui l’emporta aux élections de mai 1969 pour la CA et devint secrétaire académique. Il fut, de 1969 à 1971, membre de la CA nationale (S4) du SNES.

Nommé au Lycée Victor Hugo de Besançon, Boccard put, de 1969 à 1980, en tant que secrétaire ou secrétaire adjoint ou encore trésorier, donner une nouvelle impulsion à la section académique (le nombre de syndiqués doubla durant cette période) et assurer tous les jours la présence du syndicat. Il assuma en particulier la tâche absorbante de défendre ses collègues, titulaires comme auxiliaires. Pour ces derniers, il sut imposer au rectorat des conditions de nomination et de notation équitables. Dans cette dernière responsabilité, combien délicate, il fit montre d’une extrême rigueur. Au terme de ces onze années, qui le mobilisèrent totalement, il demanda à être déchargé de toute responsabilité, pour, en particulier, se consacrer davantage à l’action culturelle.

Passionné de cinéma, Jean-Pierre Boccard anima alors, au sein de l’Association franc-comtoise de culture, un ciné-club puis une salle de cinéma classée art et essai. En outre, dans son lycée, il initia à l’analyse filmique plusieurs classes par an. Dans le cadre des projets d’activités éducatives, il organisa pour ces classes, pendant sept ans, deux stages annuels consacrés à des cinéastes importants, avec la participation de critiques connus. Cette activité déboucha sur la création d’une option cinéma en 1987.

Il devint membre du comité de la fédération communiste du Doubs en 1963. Membre du comité de la section communiste de Besançon en 1964, puis secrétaire de la cellule communiste de l’Université à partir de 1966, membre de la commission fédérale des intellectuels, il en resta membre jusqu’en 1972, année où il demanda à ne plus figurer dans le comité fédéral, donnant le prétexte de ses responsabilités syndicales.

En fait, Boccard se déprit lentement du PCF. La première déchirure sembla dater de l’invasion de la Tchécoslovaquie par les armées du Pacte de Varsovie à l’été 1968. Un voyage à Prague au printemps 1969 et le torpillage, en 1972, des Lettres Françaises lui firent toucher du doigt les contours du "socialisme existant". Mais il contesta peu à peu l’attitude du parti français. A la fin des années 1970, pesèrent sur lui : la rupture de l’union de la gauche et ses répercussions sur un syndicalisme enseignant prié par le PCF de mettre ce thème en veilleuse ; s’y ajoutèrent les valses-hésitations du PCF face à l’URSS, sa part de responsabilité dans l’échec aux élections législatives de 1978, la suppression des publications les plus ouvertes comme France Nouvelle et La Nouvelle Critique. Ces épisodes, qui entraînèrent une hémorragie chez les intellectuels, jalonnèrent un progressif désenchantement. En janvier 1980, il ne reprit pas sa carte, s’éloignant sur la pointe des pieds.

Retraité depuis 2002, Jean-Pierre Boccard partageait son temps entre le jardinage, la lecture de romans policiers et ses précieux films.

Marié en septembre 1961 à Besançon avec une étudiante, divorcé en 1965, il se remaria en juillet 1971 à Routelle (Doubs).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16981, notice BOCCARD Jean-Pierre, Fernand par Jean Charles, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 28 février 2019.

Par Jean Charles

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Arch. IRHSES (CA, congrès, S3 de Besançon, L’Université syndicaliste. — Renseignements fournis par l’intéressé.

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