RICHARD Jean

Par Thomas Pouty

Né le 14 octobre 1920 à La Vieille-Lyre (Eure), fusillé le 30 juin 1944 à Condé-sur-Sarthe (Orne) ; comptable ; résistant au sein de l’Organisation civile et militaire (OCM) et de l’Armée secrète (AS).

Pendant l’Occupation, Jean Richard, jeune marié, père d’un enfant, vivait à Mortagne-au-Perche (Orne). Il s’engagea précocement en Résistance et rejoignit l’OCM, où il accomplit de nombreuses missions de liaisons, de renseignements, la réalisation de faux papiers et la prise en charge de réfractaires au Service du travail obligatoire (STO).
En prévision du débarquement, un maquis placé notamment sous sa responsabilité et rattaché à l’AS, fut organisé à Courcerault (Orne), dans une bouverie isolée et inhabitée. Le maquis était pour l’essentiel composé de jeunes réfractaires au STO et de jeunes résistants venant de la capitale. Dans l’attente des opérations liées au futur débarquement des forces alliées en France, le groupe s’était constitué un petit stock d’armes et de munitions, ainsi qu’un dépôt de matériel de sabotage. Il n’eut malheureusement pas l’occasion de passer à l’action.
En effet, à la fin du mois de mai 1944, Jean Richard, demanda à un jeune homme travaillant pour l’entreprise de son père, Eugène Duru, de bien vouloir l’aider à transporter des containers d’armement jusqu’au maquis. Jean Richard ignorait qu’Eugène Duru était un ami proche de Bernard Jardin, le chef des auxiliaires français de la Gestapo de l’Orne.
Le 4 juin 1944, Bernard Jardin et Eugène Duru se rendirent à Mortagne-au-Perche et rencontrèrent, dans un restaurant, Jean Richard accompagné de plusieurs de ses camarades maquisards. Au cours de la soirée, Bernard Jardin s’éclipsa et téléphona à Alençon, au siège de la Sipo-SD, réclamant l’envoi d’une troupe et de plusieurs agents.
À minuit, l’opération débuta par l’arrestation de plusieurs résistants à leurs domiciles, dont Jean Richard, puis la troupe se dirigea vers le maquis. Surpris, les résistants n’eurent pas le temps de se défendre. Douze personnes furent capturées, internées à la prison de Mortagne-au-Perche puis à celle d’Alençon, et rapidement déférées devant le tribunal militaire de la Feldkommandantur 916, à Alençon. Elles furent condamnées à mort le 30 juin 1944 et passées par les armes le jour même à Condé-sur-Sarthe, à la carrière de la Galochère. Jean Richard était l’une d’elles.
Ses onze camarades étaient : Bernard Closet, Jean Deschamps*, Gilbert Ducluzeau*, Pierre Keraen, Roger Lepoutre, Robert Leygnat, Bernard Monnier, Paul Moreau*, Pierre Mulot, Georges Noë et Rémy Sevestre.
Les douze dépouilles ont été rapportées le 30 août 1944 à Mortagne-au-Perche et reposent aujourd’hui dans un caveau unique placé sous le monument élevé par leurs camarades de la Résistance. Les noms des suppliciés figurent sur le monument érigé à la clairière de la Galochère, inauguré le 5 août 1945.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article169839, notice RICHARD Jean par Thomas Pouty, version mise en ligne le 14 janvier 2015, dernière modification le 20 janvier 2022.

Par Thomas Pouty

SOURCES : DAVCC, Caen, Liste S 1744, dossier statut. – Arch. Dép. Calvados, 996W41, réquisition contre Eugène Duru, Cour de justice de l’Orne. – Thomas Pouty, La répression franco-allemande dans le département de l’Orne, 1940-1944, Université de Caen, 2001. – La Résistance dans l’Orne, CDrom, AERI.

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